ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

nez, près d'une porte pratiquée à l'extrémité de l'enclos du Monaftere il me fit arrêter dans un endroit fort couvert, & me dit d'attendre. Une demie heure après, j'apperçus Mademoiselle de Rocheville; je voulus courir à elle, mais elle me fit figne de ne pas avancer.

A peine m'eut-elle joint, que je lui dis; Vous allez m'apprendre que je fuis plus malheureux que jamais, & j'aurai à vous le reprocher. Ah! ma chere amie! pourquoi n'avoir pas inftruit mon pere ou moi, du départ de Madame de Rofoi? Je poffèdois Alix.... Je vous l'ai déja dit, me repliqua Mademoiselle de Rocheville, que je ne me préterois jamais à cette violence, fans l'aveu de Mademoiselle de Rofoi. Au moment que fa mere eut pris la réfolution d'aller à Paris,

Alix effraïée de l'entreprise que vous feriez pour l'enlever fur notre route, me fit jurer de garder le fecret; j'ai été fidelle à ma parole. He voilà de quoi je me plains, m'ecriai-je! Ah! que cette fcrupuleufe fidélité nous coûtera cher ! Je le crains, me repartit Mademoiselle de Rocheville; mais je craignois encore plus les malheurs que pouvoit entraîner votre entreprise; un gros cortège à combattre & à vaincre ; un éclat, que Mademoiselle de Rofoi appréhendoit à l'égal de la mort je l'avoue, j'ai tremblé, comme elle, en envisageant le fang que coûteroit cette violence, & peut-être un fang précieux. Que de raifons qui peuvent me juftifier! Mais, Comte, ne perdons pas, en regrets inutiles, des inftans qui nous font chers : écoutez-moi.

Au moment que Madame de Rofoi apprit votre départ, elle s'écria avec tranfport: Ah! ma chere Rocheville, le Comte de Rethel vient de quitter cette Province, où j'étois fans efpérance de le voir! La moindre démarche m'auroit trahi; fon féjour à la Cour va me donner la liberté de le voir tous les jours, Partons; mais, continua-t'elle, j'ai une preuve d'amitié à vous demander, & je penfe que votre attachement pour moi, eft tel, que je puis compter fur votre fi délité, fur votre difcrétion, & fur votre zéle. Vous fçavez que l'Abbeffe de Chelles eft ma parente; vous y avez une four: c'eft dans ce lieu que je vais mener Alix ; mais, pour ma tranqui lité, il faut que vous y reftiez avec elle. Je veux de plus, que ma parente, votre fœur & vous,

la follicitiez fans ceffe à fe confacrer dans ce Monaftere. Un mariage ne me délivreroit point de cette Rivale redoutable; un Voile qui la cache pour jamais à tout le monde feul m'en dé, peut barraffer: voilà mon unique but. Avec un peu d'adreffe, nous la forcerons à ce que je veux. Nous profiterons du féjour de Roger à la Cour, pour perfuader à Alix qu'il eft infidéle. Alors fon dépit encore irrité par vos difcours, lui fera faire ce que je défire. Que je ferois heureuse! Je n'aurois plus à craindre ni à trembler que Roger découvrit jamais la tromperie que je lui fais. Que dis-je! Roger, fans efpérance, chercheroit à fe diftraire de fa paffion, & fous l'apparence de le plaindre & de le confoler, je lui infpirerois pour la mere, la même tendresse que lui avoit infpiré la fille. Ma

dame de Rofoi, continua Mademoiselle de Rocheville, flattée de ces idées, donna fes ordres elle les fit exécuter avec tant de promptitude, & prit de fi fures précautions pour fon voïage, craignant votre pere, que nous partimes deux jours après qu'elle eut appris que vous n'étiez plus à Rethel. Mademoiselle de Rofoi n'a point entré dans Paris; fa mere nous a d'abord amenées ici, où elle nous a laiffées, après y avoir refté deux jours pour mieux inftruire l'Abbesse.

Vous venez de m'apprendre mes malheurs, dis-je à Mile de Rocheville; mais n'avez-vous rien à me dire pour les adoucir? Que fait. Alix? Que penfe-t'elle? Que ditelle? Ne fait-elle point d'injuftice à ma tendreffe? Me plaint-elle enfin? Pouvez-vous le demander, me répondit-elle? Pouvez

« ÀÌÀü°è¼Ó »