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pour reculer. A peine m'eutesvous quittée hier, que j'allai chercher ma fille. Je ne lui ai point fait de crime de l'aveu qu'elle vous a fait; votre tendreffe & la fienne font fon excufe, & me font connoître que je ne dois plus m'oppofer à votre commun bonheur. Je me rends; mais de fortes raisons me font exiger de vous un facrifice. J'avoue que j'avois des deffeins peu confor mes aux vôtres, & dont je vois, peut-être avec douleur, la réuffite impoffible. J'y renonce; le refpect que je dois avoir pour moimême, l'exige: mais, je vous l'ai déja dit, il me faut du tems pour rompre les engagemens que j'ai pris. J'ai besoin de votre abfence pour y travailler avec fuccès : votre préfence déconcerteroit mes mefures. Eloignez-vous } votre interêt, celui d'Alix, le

mien, votre bonheur enfin, le demandent. Je vois, Comte ajouta-t'elle, combien vous mur murez intérieurement de ce que j'exige de vous vous vous défiez peut-être de ma fincérité; raffurez-vous; vous avez intéreffé ma gloire; vous m'avez fait rougir; j'en fuis encore dans la confufion: c'en eft trop pour une femme telle que moi, d'avoir rougi une fois en fa vie. Ne craignez rien partez, fans inquiétude, pour Camp de Bourgogne: mais j'exige de vous de ne pas revenir que je ne vous l'aie permis; peut-être avant fix mois vous rappelleraije, & je ne vous rappellerai que pour affurer à jamais votre bonheur. Ma fille reftera auprès de moi, je vais la présenter à leurs Majeftez vous pouvez, fans en être allarmé, la fçavoir à la Cour; fa tendreffe, & la réfiftance que

le

je lui permets de m'oppofer, fi j'avois des deffeins contraires à vos interêts, doivent vous raffurer.

Si je ne pouvois fonger fans trembler, que le Camp de Bourgogne me retiendroit peut-être deux mois abfent de la Cour, jugez, mon cher Raoul, combien je fus effraïé du long terme que Madame de Rofoi mettoit à mon éloignement. Je lui dis : Quoi ! Madame, vous m'ordonnez de m'abfenter pour un tems fi confidérable? Ah! par pitie..... Je crois que ma mere dit Mademoifelle de. Rofoi en m'interrompant, ne défapprouvera pas que je rompe le filence : elle me permettra de vous conjurer de n'écouter que le refpect & la fou miffion que vous devez avoir pour fes volontez. Ah! Comte, pouvons-nous trop païer le par

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remontré

don de ma faute? Si vous fçaviez avec quelle douceur ma mere m'a que j'avois oublié mon devoir, en vous avoüant ma tendreffe avec quelle bonté elle m'a reçûë dans fes bras, vous feriez convaincu que le feul défir de nous voir heureux & fa prudence, lui font vous prefcrire une abfence fi longue. Oui, continua-t'elle en fe jettant aux genoux de Madame de Rofoi, & en lui baifant les mains ; oui, j'ai retrouvé ma mere! ce qui devoit l'irriter contre moi, me l'a renduë toute entiere; elle m'a pardonné ma conftance à vous aimer. Que dis-je ? je vous aime aujourd'hui de fon confentement; elle me permet de vous jurer, à ses pieds, de n'être jamais qu'à vous. & je vous le jure. Oui, cher Comte, jamais je n'accepterai que vous pour époux. Méritez

cette promeffe, dont ma mere. me permet de la prendre & pour témoin, & pour garant. Méritez fes bontez, obéissez, partez; que votre foumiffion l'affure de votre confiance, comme la mienne fera le prix de fa tendre amitié pour moi. Oui, ma chere mere, s'écria-t'elle, en l'embraffant avec faillie ; je vous jure de la mériter toute ma vie. Ma-dame de Rofoi, les yeux mouillez de pleurs, ferra fa fille dans fes bras, & lui dit : Vous méritez trop d'être heureuse, pour que je ne facrifie à vopas tout tre bonheur. Je fuis au comble de mes vœux, s'écria Mademoifelle de Rofoi! ma mere reçoit mes embraffemens avec tendreffe: elle m'aime toujours. Ah! cher Comte, me dit-elle avec une douceur charmante, obéissez, éloignez-vous, & attendez les

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