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Rofoi. Mais je n'ofe vous dire ce que je crains le plus. Je me fouviens toûjours, & malgré moi, que Madame de Rofoi, enme fufcitant des-Barres pour ri-> val, a regardé ma mort, s'il m'arrachoit la vie, comme un malheur préférable à celui de me voir heureux que n'ai-je point à craindre ? Elle m'aime ! fa fille eft fa rivale! elle eft en fon pouvoir! Ah! mon cher Raoul, je ne puis, fans frémir d'effroi, envifager ce que j'ai à redouter. Madame de Rofoi, toûjours maîtreffe de paroître ce qu'elle veut,peut cacher,fous l'apparence d'un retour fur elle-mêla plus noire des perfidies. Je crois vos foupçons mal fondez, répondit Raoul. Madame de Rofoi dans fes Terres, pouvoit tout ofer; cependant elle n'y a rien entrepris de funefte pour

me,

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Alix. Le paffé, en ce cas, de- ́ vient garant de l'avenir. Défiezvous toûjours des artifices de Madame de Rofoi; mais n'en craignez rien au-delà.

Sans changer de converfation,. le Comte de Rethel & le Sire de Couci revinrent au Camp. En y arrivant, Clouville rendit à Roger une Lettre de Mademoifelle de Rocheville, pleine d'un détail fi fatisfaifant, & fi propre à le raffûrer, que ni lui, ni Raoul ne purent refufer quelque confiance à la conduite foutenuë de Madame de Rofoi. Cette Lettre, celles que Roger recevoit tous les jours, le plaifir qu'il reffentoit à s'entretenir d'Alix à tous les inftans avec fon cher Raoul, & quelquefois avec le Comte des Barres ; tout cela le mit dans une fituation affez tranquile, pour ne plus fuir les plaifirs que

le Duc de Bourgogne faifoit fucceder fans relâche les uns aux autres. Raoul en étoit l'ame, le brillant de fon imagination, fa facilité à faire des vers, la galanterie fine qu'il y jettoit, le faifoient tous les jours paroître nouveau, & toûjours plus aima-ble.

Le Camp dura deux mois ; il finit par des Carroufels & autres Jeux militaires femblables à

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ceux par où il avoit commencé. Le Duc donna des marques de bienveillance & de fatisfaction à tous les Seigneurs qui n'avoient rien négligé pour faire honneur à leur Souverain. Le Maréchal & le Comte des Barres reprirent le chemin de Paris, & le Ŝire de Couci avec le Comte de Rethel fuivirent le Duc de Bourgogne à. Dijon.

L'on a vû que Roger avoit

d'abord inspiré au Duc de Bour gogne, & à tous les Grands de fa Cour, une eftime & une amitié qui devoient bien le flater: il voioit librement le Prince, qui l'honoroit presque tous les jours de quelque moment de converfation, fouvent particuliere; ce qui mettoit Roger en état de l'é tudier, pour le mieux connoître. Il vivoit dans une grande familiarité avec les Miniftres & les Seigneurs qui avoient le plus de part à la confiance du Duc : la fageffe & la prudence de Roger faifoient oublier qu'il étoit jeune. Il approfondiffoit, fans paroître y fonger, le caractere des uns & des autres. Sur-tout il s'étoit fait des entrées libres chez les Dames qui captivoient le cœur de tous les gens en place. L'indifcrétion, ou la vanité deces Belles, lui avoit appris des

fecrets qu'elles devoient ignorer, & lui avoit épargné l'étu de de chercher les foibles, & même les vices de leurs adora

teurs.

Les nouvelles qui vinrent de la Cour de France à celle de Bourgogne, obligerent le Sire de Couci à prendre congé du Duc.. Le Comte de Rethel, felon l'ordre qu'il en avoit reçû du Roi, chargea Raoul de remettre à ce Prince, la relation exacte & circonftanciée de ce qu'il avoit vû, & de ce qu'il avoit pénétré. Le départ de Raoul fut fuivi de celui de Roger, qui prit le che min de Rethel.

L'amour que Philippe-Augufte avoit montré pour la Religion, dès fon avénement à la Couronfa fageffe, fes entreprises hardies, fuivies des fuccès les plus heureux, avoient fait oublier aux

ne;

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