ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

être feroit-il entré pêle-mêle avec eux dans la Place, lorsqu'il fut frappé mortellement d'un coup qui le renverfa. Ce funefte accident caufa un ébranlement confidérable aux Troupes qu'il commandoit je courus à fon fecours. Quel fpectacle pour moi ! Ah! mon cher Raoul! Que ma tendreffe pour un Oncle fi refpectable, & à qui je dois le peu que je vaux, me rend fenfible le fouvenir de ce malheur ! Roger, me dit ce Héros, je meurs ; mais j'ai vécu tout le tems que je vous étois néceffaire: votre vertu affermie, & votre courage foutenu de quelque expérience, n'ont plus befoin de moi. Approchez, que je vous embraffe: Adieu mon cher Roger, me dit-il tendrement, en me ferrant dans fes bras; confervez toujours mon fouvenir, & allez vanger ma

mort: allez faire voir au Roi, & à fes Ennemis, que l'Oncle revit dans le Neveu. Oui! m'écriaije en verfant un torrent de larmes, je vais vanger votre mort, en homme defefperé d'une perte auffi irréparable. Henri n'entendit point ces dernieres paroles, que la plus fenfible douleur m'arrachoit : il n'étoit plus. Sa mort avoit abattu le courage des Soldats, dont il étoit adoré; & relevé celui des Ennemis: ils avoient déja l'avantage, quand je me mis à la tête des Troupes. La perte que je venois de faire me jetta dans des tranfports de fureur, que la Fortune feconda ; & les Soldats pleins de l'ardeur de vanger la mort d'un Chef, qu'ils regardoient comme leur pere, contraignirent le Seigneur de Boves, qui combattoit à la tête des fiens, à rentrer en défordre

dans le Château, après avoir vû périr la moitié de fes gens.

Le Comte de Flandres, voïant le Château de Boves prêt à fe rendre, implora la clémence du Roi. Sa Majefté contente du repentir d'un Prince vain & humilié, lui accorda la paix, & reprit le chemin de Paris. Peu de tems après fon retour, il eut la douleur de perdre le Maréchal du Mez,grand homme, digne de toute la confiance du Roi, qui le regardoit comme un pere. Le bon cœur de Philippe, & une fage dé fiance de lui-même, lui firent fentir vivement cette perte; mais il trouva bien-tôt en lui feul, par fa prudence & fa fageffe, par fa politique & fon application aux affaires, les reffources propres à réparer la perte d'un grand Miniftre. Pour confoler Alberic de la dont la gloire

mort d'un pere,

rejailliffoit fur le fils, Philippe lui témoigna une amitié fi diftinguée, qu'elle le fit bien-tôt regarder comme un Favori; & malgré fa jeuneffe, il hérita de la confiance d'un Maître, qui ne l'accorde qu'à ce qu'il croit, & à ce qui eft infiniment eftima ble.

la

Le Comte des Barres, que France regarde, avec raifon comme un Héros naiffant, qui lui promet un jour un grand homme, fe lia d'une tendre amitié avec Alberic, & devint après lui l'homme de la Cour, qui paroiffoit le plus agréable au Roi. Vous fçavez que par leur caractere, & par leurs grandes qualitez, ils fe confervent, & juftifient l'eftime dont Philippe les honore. C'est à cette eftime qu'Alberic doit depuis la mort de fon Oncle, la nouvelle dignité de Maréchal de

[ocr errors]

France; & des Barres, celle de Grand Sénéchal.

La jufte ambition du Roi, pour réprimer l'orgueil & la tirannie des Souverains qui relevent de fa Couronne, s'eft déja fait fentir au Duc de Bourgogne ; & ce Camp magnifique, n'eft qu'un effet de la prévoiance de ce Duc, qui veut faire connoître à Philippe quelles font les forces parce qu'il craint les fiennes.

Roger finit fon récit en cet endroit. Raoul lui voïant garder le filence, lui dit : A préfent que vous avez fatisfait ma curiofité, par un détail d'autant plus intereffant pour moi, que vous en êtiez l'objet, & que je voulois fçavoir, de votre bouche même, les circonftances de la mort de Henri; apprenez-moi ce qui vous regarde.

Un jour que je me promenois

« ÀÌÀü°è¼Ó »