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ne prend foin de la conduite, c'est une aveugle qui ne fçait où elle va. (1)

* * * * * * * *

(2) Telles font ces penfées : Les Torrens entortillés de flammes. Vomir contre le Ciel. Faire de Borée fon joueur de flutes, & toutes les autres façons de parler dont cette piéce eft pleine. Car elles ne font pas grandes & tragiques, mais enflées & extrava

eft redevable à Tollius, je crois qu'il faut lire a, & non pas nouio, qui ne me paroît pas faire un fens raifonnable. Le Manufcrit du Roi, où se trouve ce même Supplément, n'a que caito, de la premiere main nou eft d'une main plus récente. Cela me fait foupçonner que dans l'ancien Manufcrit le mot étoit à demi effacé & que quelques-uns ont crû mal-à-propos qu'il devoit y avoir κομίσαιτο. BOIVIN.

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bien davantage par la perte de ceux qui les précédoient. J'ai donc crû que le plus court étoit de les paffer, n'y ayant dans ces quatre vers qu'un des trois mots que l'Auteur raille dans la fuite. En voilà pourtant le fens confuféinent. C'eft quelque Capanée qui parle dans une Tragédie: Et qu'ils arrêtent ia flamme qui fort à longs flots de la fournaife. * Car fi je trouve le Mai tre de la maison feul, alors d'un feul torrent de flammes entortillé j embraferai la mai fon, & la réduirai toute en cendres. Mais cette noble Mufique ne s'eft pas encore fait

( 1 ) * * * * * * ] L'Auteur avoit parlé du ftile enflé, & citoit à propos de cela les fotifes d'un Poëte tragique dont voici quelques reftes. Bo1-onir. J'ai fuivi ici l'interpré

LEAU.

tation de Langbaine, Comme certe Tragédie eft perdue, on peut donner à ce paffage tel fens qu'on voudra: mais je doute qu'on attrape le vrai fens. Voyez les Notes de M. Dacier. BOILEAU.

* Car fije trouve le maître. ] M. Defpreaux me femble avoir lû dans le Grec, si yap

(2) Telles font ces penfees, &c. Il y a ici une lacune confidérable. L'Auteur après avoir montré qu'on peut donner des régles du Sublime, commençoit à traiter des vices qui lui font oppofés, & entr'autres du ftile enflé, qui n'eft autre chofe que le Sublime trop pouflé. Il en fair isiyor öfouces póver, au lieu foit voir l'extravagance par de visor. Mais j'aimerois le paffage d'un je ne fçai quel mieux dire; Car fi je trouve Poëte Tragique, dont il refte feulement le maître de la maiencore ici quatre vers; mais fon. TOLLIUS. comme ces vers étoient déja fort galimatias d'eux-mêmes, au rapport de Longin, ils le font devenus encore

Ibid. Telles font ces pensées &c.] Dans la lacune fuivante Longin rapportoit un paffage d'un Poëte tragique

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gantes. (1) Toutes ces phrases ainfi embarrasfées de vaines imaginations, troublent & gâtent plus un difcours qu'elles ne fervent à l'élever. De forte qu'à les regarder de près & au grand jour, ce qui paroiffoit d'abord fi terrible, devient tout à coup fot & ridicule. Que fi c'est un défaut insupportable dans la Tragédie, qui eft naturellement pompeufe & magnifique, que de s'enfler mal à-propos ; à plus forte raifon doit-il être condamné dans le difcours ordinaire. De là vient qu'on s'eft raillé de Gorgias, pour avoir appellé Xerxès, le Jupiter des Perfes, &

dont il ne reste que cinq vers. M. Defpreaux les a rejettés dans fes Remarques & il les a expliqués comme tous les autres Interprétes. Mais je crois que le dernier vers auroit dû être traduit ainfi : Ne viens-je pas de vous donner maintenant une agréable Mufique? Ce n'est pas quelque Capanée, mais Borée, qui parle, & qui s'applaudit pour les grands vers qu'il a réci

tés. DACIER.

Ibid. Telles font ces penfees.] Il n'est pas besoin qu'on prononce le dernier de ces vers par forme d'interrogation. Je m'imagine que ma traduction Latine eft affez claire & qu'elle fuffit pour foutenir ce que j'avance. TOLLIJS.

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(1) Toutes ces phrafes ainfi embarraffees de vaines imaginations, troublent & gatent plus un difcours.] M. Defpreaux a fuivi ici quelques exemplaires, où il y a, Tai yàp

pás, du verbe Soxów, qui fignifie, gâter, barbouiller obfcurcir; mais cela ne me paroît pas aflez fort pour la penfée de Longin, qui avoit écrit fans doute,

comme je l'ai vû ailleurs. De
cette maniere le mot gâter
me femble trop général, &
il ne détermine point aflez
le vice que ces phrases ainfi
embarraffées caufent, ou ap
portent au difcours, au lieu
que Longin, en fe fervant de
ce mot, en marque précifé-
ment le défaut : car il dit
que ces phrafes, & ces imagi-
nations vaines, bien loin d'éle-
ver & d'agrandir un difcours.
le troublent, & le rendent dur.
Et c'eft ce que j'aurois voulu
faire entendre, puifque l'on
ne fçauroit être trop fcrupu-
leux, ni trop exact, lorsqu'il
s'agit de donner une idée net-
te & diftincte des vices, ou
des vertus du difcours. D A-

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les Vautours, (1) des Sépulcres animés. On n'a pas été plus indulgent pour Callifthéne, qui en certains endroits de fes écrits (2) ne s'élève pas proprement, mais fe guinde fi haut qu'on le perd de vûe. De tous ceux-là pourtant (3) je n'en vois point de fi enflé que Clitarque. Cet Auteur n'a que du vent & de Fécorce. Il reffemble à un homme, qui, pour me fervir des termes de Sophocle, (4) ouvre une gran de bouche, pour foufler dans une petite flûte. Il faut

qui l'entendent. Cette confuhion dans cette maniere de parler, eft très-bien remarquée par Plutarque, quand il dit; (de liberorum educazione. ) Η μὲν ὑπέρογκος λέξις miles ion. C'est pourquoi, dit-il, il faut prendre garde, & των θεατρικὴν καὶ παρατράγωνον Sevdabsida. Je fouhaite que l'on jette les yeux fur ma traduction Latine, & on verra fans doute ce qui manque ici.

TOLLIUS.

(1) Des fepulcres animés. ] Hermogéne va plus loin, & rouve celui qui a dit cette pensée, dignè des fépulcres dont il parle. Cependant je doute qu'elle déplût aux Poë ces de notre fiécle, & elle ne feroit pas en effet fi condamnable dans les vers. BOILEAU.

(2) Ne s'élève pas proprement;] Le mot utripa fignifie ici ce que S. Auguftin dit en quelque lieu de l'orgueil: Tumor eft non magnitudo. J'aimerois donc mieux m'expliquer de cette maniere C'eft de la même maniere quelquefois qu'on a traité Callifthéne, qui, quand il affecte de s'énoncer en termes fublimes & relevés, s'égare alors dans les wuées. TOLLJUS.

(3) Je n'en vois point de fi enflé que Clitarque. 1 Ce jugement de Longin eft fort jufte; & pour le confirmer il ne faut que rapporter un paffage de ce Clitarque, qui dic d'une guefpe, xalareuitar ilu pervar, eisiauras de siç ràs noiτας δρύς. Elle pait fur les montagnes, & vole dans les creux des chênes. Car en parlant ainfi de ce petit animal comme s'il parloit du Lion de Némée ou du Sanglier d'Erymanthe il donne une image qui eft en même tems & défagréable & froide & il tombe manifeftement dans le vice que Longin lui a reproché. DACIER.

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Ibid. Je n'en voi point, &c. 1 Voilà encore une fois le même exemple cité par M. Dacier, & qu'on trouve dans mes remarques. Mais il a fort bien fait de n'avoir pas nommé fon auteur. TOLLIUS.

(4) Ouvre une grande bouche pour foufler dans une petite flute.] J'ai traduit ainfi p Bens rep, afin de rendre la chofe intelligible. Pour expliquer ce que veut dire pop¤èsà, il faut fçavoir que la Aûte chez les Anciens étoit fort différente de la flûte d'aujour

faire le même jugement d'Amphicrate, d'Hégéfias, & de Matris. Ceux-ci quelquefois s'imaginant qu'ils font épris d'un enthoufiafme & d'une fureur divine, au lieu de tonner, comme ils penfent, ne font que niaifer & que badiner comme des enfans.

Et certainement, en matiere d'éloquence, il n'y a rien de plus difficile à éviter que l'Enflure. Car comme en toutes chofes naturellement nous cherchons le Grand, & que nous craignons fur tout d'être accufés de féchereffe ou de peu de force, il atrive, je ne fçai comment, que la plûpart tombent dans ce vice, fondés fur cette maxime commune :

(1) Dans un noble projet on tombe noblement. Cependant il eft certain que l'Enflure n'eft pas moins vicieufe dans le difcours que dans les corps.

tu

fortoit avec beaucoup plus d'impétuofité & d'agrément. L'Auteur donc pour exprimer un Poëte enflé, qui foufle & fe déméne fans faire de bruit, le compare à un homme qui jouë de la flûte fans cette laniere. Mais comme cela n'a point de rapport à la flûte d'aujourd'hui, puifqu'à peine on ferre les lévres quand on en jouë, j'ai crû qu'il valoit mieux mettre une pensée équipourvu qu'elle ne s'éloignât point trop de la chofe; afin que le Lecteur qui ne fe foucie pas tant des antiquailles puiffe paffer fans être oblige, pour m'entendre, d'avoir recours aux Remarques. BOILEAU.

d'hui. Car on en tiroit un fon bien plus éclatant, & pareil au fon de la trompette, bague amula, dit Horace. Il falloit donc pour en jouer employer une bien plus grande force d'haleine & par conféquent s'enfler extrêmement les joues, qui étoit une chofe défagréable à la vue. Ce fut en effet ce qui en dégoûta Minerve & Alcibiade. Pour obvier à cette difformité, ils limaginérent une efpé-valente ce de laniere ou courroye, qui s'appliquoit fur la bouche &fe lioit derriere la tête , ayant au milieu un petit trou, par où l'on embouchoit la flûte. Plutarque prétend que Marfias en fut l'inventeur. Ils appelloient cette laniere operav; & elle faifoit deux différens effets: car outre qu'en ferrant les jouës elle les | empêchoit de s'enfler elle donnoit bien plus de force à Phaleine, qui étant repouffée

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(1) Dans un noble projet on tombe noblement. ] il y a dans l'ancien Manufcrit γάλω ἀπολισθαίνειν όρως ευγενές ἁμάρτημα. Les Copiftes ont voulu faire un vers; mais ce vers n'a pi céfure, ni quan

(1) Elle n'a que de faux dehors & une apparence trompeuse mais au dedans elle eft creuse & vuide, & fait quelquefois un effet tout contraire au Grand. Car comme on dit fort bien :

Il n'y a rien de plus fec qu'un bydoropique.

Au refte, le défaut du ftile enflé, c'est de vouloir aller au delà du Grand. Il en est tout au contraire du Puéril. Car il n'y a rien de fi bas, de fi petit, ni de fi oppofé à la noblesse du difcours.

Qu'est-ce donc que puérilité ? Ce n'est visiblement autre chofe qu'une penfée d'écolier, qui, pour, être trop recherchée, devient froide. C'eft le vice où tombent ceux qui veulent toujours dire quelque chofe d'extraordinaire & de brillant; mais fur tout ceux qui cherchent avec tant de foin le plaisant &

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avandeis, comme M. le Févre a corrigé, qui fe dit proprement de ceux qui ne peu vent croître ; & dans ce dernier fens le paflage est trèsdifficile à traduire en notre langue. Longin dit: Copen dant il eft certain que l'enflure dans le difcours auffi-bien que dans le corps, n'eft qu'une tu meur vuide, & un défaut de forces pour s'élever, qui fais quelquefois, &c. Dans les Anciens on trouvera plufieurs paffages, où arzadás a été mal pris pour avaadeîs. DaCIER.

tité. On ne trouvera point dans les Poëtes Grecs d'exemple d'un lambe, qui commence par deux anapeftes. 11 y a donc apparence que ce qu'on a pris jufques ici pour an vers eft plûtôt un proverbe, ou une Sentence tirée des écrits de quelque Philofophe. Meyάaw amoroaiver, we Eger's auάpena, eft la même chofe que s'il y avoit peyan ἀπολισθα των ἁμάρτημα μὲν, ὅμως Sè évyerès újáρina, tomber eft une faute; mais une faute noble à celui qui eft grand; c'eftà-dire ,qui fe montre grand dans fa chute même, ou qui ne tombe que parce qu'il eft grand. C'eft à peu près dans ce fens, que M.Corneille a dit, Il et beau de mourir maître de l'U-ques. Car je ne puis pas com

nivers. BOIVIN.

(1) Elle n'a que de faux dehors.] Tous les Interprétes ont fuivi ici la leçon corrompuë de åværúdus, faux, pour

Ibid. Elle n'a que de faux dehors. 1 Je ne fuis pas ici du même fentiment, comme j'ai montré dans mes Remar

prendre, comment il y auroit un yxos, une enflure, ou une grandeur, quoique mauvaise dans un corps qui ne peut croître, ou qui ne tire point

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