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fes parties. (1) Car lorsqu'en un grand nombre de perfonnes différentes de profeffion & d'áge, & qui n'ont aucun rapport ni d'humeur, ni d'inclination, tout le monde vient à être frappé également (2) de quelque endroit d'un Difcours; ce jugement & cette approbation uniformie de tant d'efprits, fi difcordans d'ailleurs, est une preuve certaine & indubitable qu'il y a là du Merveilleux & du Grand.

anquel, quoique l'on médite, il eft difficile, ou plutot impoffible, de rien ajoûter; qui fe conferve dans notre mémoire, & qui n'en peut être qu'à peine effacé.

DACIER.

Ibid. Qu'un difcours nous laife.] Voyez mes remarques Latines. ToLLIUS,

choses, & même de les ima giner, qui lui eft propre ; il eft conftant qu'en ce genre, ce qui plaira en même tems à des perfonnes de langage difrent aura véritablement ce Merveilleux & ce Sublime. DACIER.

,

Ibid. Car lorsqu'en un grand nombre, &c. J'ai de la fatisfaction de ce que M. Dacier eft ici de même fentiment que moi : mais dans le Latin le mot de λywv n'avoit point de grace. C'est pourquoi je me fuis fervi d'une

(1) Car lorsqu'en un grand nombre. ] C'eft l'explication que tous les Interprétes ont donnée à ce paffage; mais il me femble qu'ils ont beaucoup ôté de la force & du raifonnement de Longin, pour avoir joint Aéywer, qui doi-autre expreffion, ac tota devent être féparés. Aiwr n'eft nique vita ratione, au lieu de point ici le difcours, mais le ac fermonis varietate. J'euffe langage. Longin dit, car lorf pû dire avec autant de douqu'en un grand nombre de per- ceur, atque omni orationis va Jonnes dont les inclinations,l'a- rietate: mais alors je ne m'en ge, l'humeur, la profeffion.& fouvins pas. TOLLIUS. le langage font differens, tout le monde vient à être frappé également d'un même endroit, ce jugement, &c. Je ne doute pas que ce ne foit le véritable fens. En effet, comme chaque nation dans fa langue a une maniere de dire les

(2) De quelque endroit d'un difcours. ] Aéywv ev π, c'est ainfi que tous les Interprétes de Longin ont joint ces mots. M. Dacier les arrange d'une autre forte; mais je doute qu'il ait raison. BOILEAU.

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Des cinq fources du Grand.

I du Sublime: in) mais ces cinq fources préfup

Ly a, pour ainsi dire, cinq fources principales

pofent, comme pour fondement commun, une faculté de bien parler; fans quoi tout le reste n'eft

rien./

Cela pofé, la premiere & la plus confidérable eft une certaine élévation d'esprit, qui nous fait penfer beureufement les chofes, comme nous l'avons déja montré dans nos Commentaires fur Xénophon.

La feconde confifte dans le Pathétique : j'entends par Pathétique, cet enthoufiafme, cette véhémence naturelle, qui touche & qui émeut. Au refte à l'égard de ces deux premieres, elles doivent prefque tout à la nature, & il faut qu'elles naiffent en nous; au lieu que les autres dépendent de l'art en partie.

La troifiéme n'eft autre chofe que les Figures tournées d'une certaine maniere. Or les Figures font de deux fortes: les Figures de penfée, & les Figures de diction.

Nous mettons pour la quatrième, la noblesse de l'expreffion, qui a deux parties; le choix des mots, & la diction élégante & figurée.

Pour la cinquiéme, qui eft celle, à proprement parler, qui produit le Grand, & qui renferme en foi toutes les autres, c'eft la compofition & l'arrangement des paroles dans toute leur magnificence & leur dignité.

Examinons maintenant ce qu'il y a de remar

(1) Mais ces cinq fources préuppofent comme pour fondement commun.] Longin dit, mais ces cing fources préfuppofent comme pour fond, comme pour

lit commun, la faculté de bien parler. M. Defpreaux n'a pas voulu fuivre la figure, fans doute de peur de tomber dans l'affectation. DACIER.

quable dans chacune de ces efpéces en particulier : mais nous avertirons en paffant, que Cecilius en a oublié quelques-unes, & entre autres le Pathétique. Et certainement, s'il l'a fait pour avoir crû que le Sublime & le Pathétique naturellement n'alloient jamais l'un fans l'autre, & ne faifoient qu'un ; il fe trompe puifqu'il y a des paffions qui n'ont rien de grand, & qui ont même quelque chofe de bas, comme l'affliction, la peur, la trifteffe ; & qu'au contraire il fe rencontre quantité de chofes grandes & fublimes, où il n'entre point de paffion. Tel eft entre autres ce que dit Homere avec tant de hardieffe, (1) en parlant des Aloïdes.

Pour détrôner les Dieux, leur vafte ambition
Entreprit d'entaffer Offe fur Pélion.

Ce qui fuit eft encore bien plus fort.

Ils l'euffent fait fans doute, &c.

Et dans la Profe, les Panégyriques, & tous ces Difcours qui ne fe font que pour l'oftentation, ont par tout du grand & du Sublime, bien qu'il n'y entre point de paffion pour l'ordinaire. De forte que même entre les Orateurs, ceux-là communément font les moins propres pour le Panégyrique, qui font les plus pathétiques; & au contraire ceux qui réuffiffent le mieux dans le Panégyrique, s'entendent assez mal à toucher les paffions.

Que fi Cécilius s'eft imaginé que le Pathétique en général ne contribuoit point au Grand, & qu'il étoit par conféquent inutile d'en parler; il ne s'a

(1) En parlant des Aloïdes.] C'étoient des Géans, qui croiffoient tous les ans d'une coudée en largeur, & d'une aulne en longueur, Ils n'avoient pas encore quinze ans, lorfqu'ils fe miient en état d'ef

calader le Ciel. Ils fe tuérent l'un l'autre par l'adrefle de Diane, Odyf. L. XI. vers 3 10. Alois étoit fils de Titan & de la Terre. Sa femme s'appelloit phimedis, elle fut violée par Neptune dont elle

buse pas moins. Car j'ofe dire qu'il n'y a peut-être rien qui releve davantage un Difcours, qu'un beau mouvement & une paffion pouffée à propos. En effet, c'eft comme une efpéce d'enthousiasme & de fureur noble, qui anime l'Oraison, & qui lui donne un feu & une vigueur toute divine.

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De la fublimité dans les pensées.

Bmiere & la plus confidérable, je veux dire cette

IEN que des cinq parties dont j'ai parlé, la pre

élévation d'esprit naturelle, foit plûtôt un présent du ciel, qu'une qualité qui fe puiffe acquerir; nous devons, autant qu'il nous eft poffible, nourrir notre efprit au Grand, (1) & le tenir toujours plein & enflé, pour ainfi dire, d'une certaine fierté noble & généreufe.

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(1) Et le tenir toujours plein | enflé, pour ainsi dire, d'une certaine fierté &c.] Il me femble que le mot plein & le mot enflé ne demandent pas cette modification, pour ainfi dire. Nous difons tous les jours, c'est un esprit plein de fierté, cet homme eft enflé d'orgueil; mais la figure dont Longin s'eft fervi la demandoit néceffairement. J'aurois voulu la conferver & traduire, & le tenir toujours pour ainfi dire, gros d'une fierté noble & généreufe. DACIER.

Ibid, Et le tenir toujours

plein. ] Ni P'un ni l'autre des Interprétes François n'a pû trouver dans fa langue un mot qui exprimât la force du Grec fxvuras. Et c'est pour cela que M. Boileau s'eft fervi de la modification que M. Dacier rejette. On eût pû s'exprimer de cette maniere: Nous devons, autant qu'il nous et poffible

accoutumer notre

ame aux penfees fublimes, ¿ la tenir toujours comme encein te, pour ainfi dire d'une cer taine fierté noble & généreuse.

TOLLIUS.

Que fi on demande comme il s'y faut prendre j'ai déja écrit ailleurs, que cette élévation d'efprit étoit (1) une image de la grandeur d'ame; & c'est pourquoi nous admirons quelquefois la feule pensée d'un homme, encore qu'il ne parle point, à cause de cette grandeur de courage que nous voyons. Par exemple, le filence d'Ajax aux enfers dans l'Odyffée. Car ce filence a je ne fçai quoi de plus grand que tout ce qu'il auroit pû dire.

La premiere qualité donc qu'il faut fuppofer en un véritable Orateur, cj ft qu'il n'ait point l'efprit rampant. En effet, il n'eft pas poffible qu'un homme qui n'a toute la vie que des fentimens & des inclinations basses & ferviles, puiffe jamais rien produire qui foit merveilleux, ni digne de la postérité. Il n'y a vrai-femblablement que ceux qui ont de hautes & de folides penfées, qui puiffent faire des difcours élevés ; & c'eft particuliérement aux grands hommes qu'il échape de dire des chofes extraordinaires. (2) Voyez, par exemple, ce que répondit Alexandre, quand Darius lui offrit la moitié

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(1) Une image de la gran- pendant, Gabriel de Pétra a deur. Ce mot d'image n'eft crû qu'il n'y manquoit que pas aflez fort, ni affez clair trois ou quatre lignes. 11 les dans cet endroit. C'est toute a fuppléées. M. le Févre de autre chofe dans le Latin. Saumur approuve fort fa ra Quant à moi, je me fuffe ftitution, qui en effet eft trèsfervi du mot écho; ou plûtôt ingénieufe, mais fauffe, en d'une autre fimilitude en ce qu'elle fuppofe que la ré difant, que cette élévation d'efponfe d'Alexandre à Parmé prit étoit la refplendeur de la nion doit précéder immédia fublimité de l'ame. TOLLIUS. tement l'endroit d'Homere dont elle étoit éloignée de douze pages raisonnablement grandes. 11 eft donc impor tant de fçavoir précisément combien il manque dans tous les endroits défectueux, pour Ibid. Voyez, par Exemple, ne pas faire à l'avenir de se que répondit Alexandre, reilles fuppofitions, Il y a fix c. Il manque en cet en- grandes lacunes dans le Trai droit plufieurs feüillets, Ce-té du Sublime. Les Chapitres,

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(2) Voyez par exemple &c.] Tout ceci jufqu'à cette grandeur qu'il lui donne, &c. eft fuppléé au texte Grec qui eft défectueux en cet endroit,

BOILEAU.

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