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tant la médifance & la calomnie, parce qu'elles élévent fecrettement celui qui lit, au deffus de ceux qu'elles rabaiffent, dira toujours que c'eft elle qui fait trouver tant de plaifir dans les Ouvrages de M. Despréaux, &c.

Vous reconnoiffez donc, Monfieur, que tant de gens qui lifent les Ouvrages de M. Defpréaux, les lifent avec grand plaifir. Comment n'avez-vous donc pas vû, que de dire, comme vous faites, que ce qui fait trouver ce plaifir eft la malignité du cœur humain, qui aime la médisance & la calomnie, c'eft attribuer cette méchante difpofition à tout ce qu'il y a de gens d'efprit à la Cour & à Paris ?

Enfin, vous devez attendre qu'ils ne feront pas moins choqués du peu de cas que vous faites de leur jugement, lorfque vous prétendez que M. Def préaux a fi peu réuffi, quand il a voulu traiter des fujets d'un autre genre que ceux de la Satire, qu'il pourroit y avoir de la malice à lui confeiller de travailler à d'autres Ouvrages.

Il y a d'autres chofes dans votre Préface que je voudrois que vous n'euffiez point écrites: mais celleslà fuffisent pour m'acquitter de la promeffe que je vous ai faite d'abord de vous parler avec la fincérité d'un Ami chrétien, qui eft fenfiblement touché de voir cette divifion entre deux Perfonnes, qui font tous deux profeffion de l'aimer. Que ne donneroisje pas pour être en état de travailler à leur réconciliation plus heureusement que les gens d'honneur, que vous m'apprenez n'y avoir pas réuffi? Mais mon éloignement ne m'en laiffe gueres le moyen. Tout ce que je puis faire, Monfieur, eft de demander à Dieu qu'il vous donne à l'ün & à l'autre cet efprit de charité & de paix, qui eft la marque la plus affurée des vrais Chrétiens. Il est bien difficile que dans ces conteftations on ne commette de part & d'autre des fautes, dont on eft obligé de demander pardon à Dieu. Mais le moyen le plus efficace que

Tome II,

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nous avons de l'obtenir, c'eft de pratiquer ce que l'Apôtre nous recommande, de nous fupporter les uns les autres, chacun remettant à fon frere le fujet de plainte qu'il pouvoit avoir contre lui, & nous entrepardonnant, comme le Seigneur nous a pardonné. On ne trouve point d'obstacle à entrer dans des fentimens d'union & de paix, lorfqu'on eft dans cette difpofition. Car l'amour propre ne régne point où régne la charité ; & il n'y a que l'amour propre qui nous rende pénible la connoiffance de nos fautes, quand la raifon nous les fait appercevoir. Que chacun de vous s'applique cela à foi-même, & vous ferez bien-tôt bons amis. J'en prie Dieu de tout mon cœur ; & fuis très-fincerement,

MONSIEUR,

Votre très-humble, & très-obéissant
Serviteur •

A. ARNAULD.

REMERCIMENT

A M. ARNAULD,

SUR SA LETTRE A M. PERRAULT, Où il prend la défense de M. Despréaux.

JE

LETTRE X.

E ne fçaurois, Monfieur, affez vous témoigner ma reconnoiffance, de la bonté que vous avez euë de vouloir bien permettre, qu'on me montrât la Lettre que vous avez écrite à M. Perrault fur ma derniere Satire. Je n'ai jamais rien lû qui m'ait fait un fi grand plaifir ; & quelques injures que ce ga lant homme m'ait dites, je ne fçaurois plus lui en vouloir de mal, puisqu'elles m'ont attiré une fi ho norable Apologie. Jamais caufe ne fut fi bien défendue que la mienne. Tout m'a charmé, ravi, édifié dans votre Lettre: mais ce qui m'y a touché davantage, c'est cette confiance fi bien fondée avec laquelle vous y déclarez que vous me croyez fincérement votre ami. N'en doutez point, Monfieur, je le fuis ; & c'est une qualité dont je me glorifie tous les jours en présence de vos plus grands ennemis. Il y a des Jéfuites qui me font l'honneur de m'eftimer, & que j'eftime & honore auffi beaucoup. Ils me viennent voir dans ma folitude d'Auteuil, & ils y féjournent même quelquefois. Je les reçois du mieux que je puis mais la premiere convention que je fais avec eux, c'eft qu'il me fera permis dans nos entretiens, de vous louer à outrance. J'abuse fouvent de cette permiffion, & l'écho des murailles

de mon jardin a retenti plus d'une fois de nos contestations fur votre fujet. La verité est pourtant qu'ils tombent fans peine d'accord de la grandeur de votre génie, & de l'étenduë de vos connoissances. Mais je leur foutiens moi, que ce font là vos moindres qualités ; & que ce qu'il y a de plus estimable en vous, c'eft la droiture de votre esprit, la candeur de votre ame, & la pureté de vos intentions. C'eft alors que le font les grands cris. Car je ne démords point fur cet article, non plus que fur celui des Lettres au Provincial, que, fans examiner qui des deux partis au fond a droit ou tort, je leur vante toujours comme le plus parfait Ouvrage de Profe, qui foit en notre Langue. Nous en venons quelquefois à des paroles affez aigres. A la fin néanmoins tout fe tourne en plaifanterie : ridendo dicere verum quid vetat ? Ou quand je les vois trop fâchés, je me jette fur les louanges du R. P. dela Chaise, que je révere de bonne foi, & à qui j'ai en effet tout recenment encore une très grande obligation, puifque c'eft en partie à fes bons offices que je dois la Chanoinie de la Sainte Chapelle de Paris, que j'ai obtenue de Sa Majefté, pour mon frere le Doyen de Sens. Mais, Monfieur, pour revenir à votre Lettre, je ne fçai pas pourquoi les amis de M. Perrault refufent de la lui montrer. Jamais Ouvrage ne fut plus propre à lui ouvrir les yeux, & à lui infpirer T'efprit de paix & d'humilité, dont il a besoin aussi bien que moi. Une preuve de ce que je dis, c'eft qu'à mon égard, à peine en ai-je eu fait la lecture, que frapé des falutaires leçons que vous nous y faites à l'un & à l'autre, je lui ai envoyé dire qu'il ne tiendroit qu'à lui que nous ne fuffions bons amis : que s'il vouloit demeurer en paix fur mon fujet, je m'engageois à ne plus rien écrire dont il pût fe choquer & lui ai même fait entendre que je le laiffe. rai tout à fon aife faire, s'il vouloit, un Monde renverfé du Parnaffe, en y plaçant les Chapelains & les

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Cotins, au deffus des Horaces & des Virgiles, Ce font les paroles que M. Racine & M. l'Abbé Tallemant lui ont portées de ma part. Il n'a point voulu entendre à cet accord & a exigé de moi, avant toutes chofes, pour fes Ouvrages une eftime & une admiration, que franchement je ne lui fçaurois promettre fans trahir la raison, & ma confcience. Ainsi nous voilà plus brouillés que jamais, au grand con tentement des Rieurs, qui étoient déja fort affligés du bruit qui couroit de notre réconciliation. Je ne doute point que cela ne vous faffe beaucoup de peine. Mais pour vous montrer que ce n'est pas de moi que la rupture eft venue; c'eft qu'en quelque lieu que vous foïez, je vous déclare, Monfieur , que vous n'avez qu'à me mander ce que vous souhaitez que je falle pour parvenir à un accord, & je l'exécuterai ponctuellement; fçachant bien que vous ne me prescrirez rien que de jufte, & de raifonnable. Je ne mets qu'une condition au Traité que je ferai. Cette condition eft que votre Lettre verra le jour, & qu'on ne me privera point, en la fupprimant, du plus grand honneur que j'aie reçû en ma vie. Obtenez cela de vous & de lui; & je lui donne fur tout le refte la carte blanche. Car pour ce qui regarde l'ef time qu'il veut que je false de ses Ecrits, je vous prie, Monfieur, d'examiner vous-même ce que je puis faire là-deffus. Voici une lifte des principaux Ouvrages qu'on veut que j'admire. Je fuis fort trompé fi vous en avez jamais lû aucun.

Le Conte de Peau-d'Afne, & l'Hiftoire de la Femme au nez de boudin, mis en Vers par M. Perrault de l'Académie Françoise,

La Métamorphofe d'Orante en Miroir.

L'Amour Godenot.

Le Labyrinthe de Versailles, ou les Maximes d'A mour & de Galanterie, tirés des Fables d'Efope. Elégie à Iris.

La Proceffion de Sainte Genevieve.

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