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du fable.

ni papier.

HORACE. Vous êtes

plaifant. Eft-ce que Rive & bord ne font pas des mots fynonimes auffi bien que Flenve Riviere ? Comme fi je ne fçavois pas que dans votre Cité de Paris la Seine paffe fous le Pont nouveau. Je fçai tout cela fur l'extrémité du doigt, Un POETE. Quelle pitié! Je ne contefte pas que toutes vos expreffions ne foient Françoifes; mais je dis que vous les emploïez mal. Par exemple, quoique le mot de Cité foit bon en foi, il ne vaut rien où vous le placez : on dit, la Ville de Paris. De même on dit le Pont-neuf, & non pas Pont-nouveau ; Sçavoir une chofe fur le bout du doigt, & non pas fur l'extrémité du doigt.

.

HORACE. Puifque je parle fi mal votre Langue croyez-vous, Meffieurs les faifeurs de Vers Latins, que vous foïez plus habiles dans la nôtre? Pour vous dire nettement ma penfée, Apollon devroit vous défendre aujourd'hui pour jamais de toucher plume

il

APOLLON. Comme ils ont fait des Vers fans ma per miffion, ils en feroient encore malgré ma défense. Mais puifque dans les grands abus, faut des remédes violens, puniffons-les de la maniere la plus terrible. Je crois l'avoir trouvée. C'est qu'ils foient obligés déformais à lire exactement les Vers les uns des autres. Horace, faites-leur fçavoir ma volonté.

HORACE. De la part d'Apollon, il eft ordonné,

&c.

SANTEUL. Que je life ce galimathias de du Perier, Moi! je n'en ferai rien. C'est à lui de lire mes Vers.

Du PERIER. Je veux que Santcul commence par me reconnoître pour fon Maître, & après cela je verrai fi je puis me réfoudre à lire quelque chofe de fon Phébus.

Ces Poëtes continuent à fe quereller, ils s'accablent réciproquement d'injures ; & Apo'lon les fait chaffer honteusement du Parnaffe.

NARANANANAX

PREFACE

Pour l'édition de 1675.

AU LECTEUR.

E m'imagine que le Public me fait la justice de croire, que je n'aurois pas beaucoup de peine à répondre aux Livres qu'on a publiés contre moi ; mais j'ai naturellement une efpéce d'averfion pour ces longues Apologies qui fe font en faveur de bagatelles auffi bagatelles que font mes Ouvrages. Et d'ailleurs aiant attaqué, comme j'ai fait, de gaieté de cœur, plufieurs Ecrivains célébres, je ferois bien injuste, fi je trouvois mauvais qu'on m'attaquât à mon tour. Ajoûtez, que fi les objections qu'on me fait font bonnes, il eft raifonnable qu'elles paffent pour telles ; & fi elles font mauvaises, il fe trouvera affez de Lecteurs fenfés pour redreffer les petits efprits qui s'en pourroient laiffer furprendre. Je ne répondrai donc rien à tout ce qu'on a dit, ni à tout ce qu'on a écrit contre moi : & fi je n'ai donné aux Auteurs de bonnes régles de Poëfie, j'efpere leur donner par là une leçon affez belle de modération. Bien loin de leur rendre injures pour injures, ils trouveront bon que je les remercie ici du foin qu'ils prennent de publier que ma Poëtique eft une Traduction de la Poëtique d'Horace. Car puifque dans mon Ouvrage, qui eft d'onze cens Vers, il n'y en a pas plus de cinquante ou foixante tout au plus imités d'Horace, ils ne peuvent pas faire un plus bel éloge du refte qu'en le fuppofant traduit de ce grand Poëte; & je m'étonne après cela qu'ils ofent com

battre les régles que j'y débite. (1) Pour Vida dont ils m'accufent d'avoir pris auffi quelque chofe, mes amis fçavent bien que je ne l'ai jamais lû, & j'en puis faire tel ferment qu'on voudra fans craindre de bleffer ma confcienfe

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Il a composé un Art Poëtique en trois Livres outre plufieurs autres Poëfies Lati

nes.

PREFACE

Pour les Editions de 1683. & de 1694.

une édition de mes Ouvrages beaucoup

Vplus exacte que les précédentes, qui ont toutes

été affez peu correctes. J'y ai joint cinq Epîtres nouvelles que j'avois compofées long tems avant que d'être engagé (1) dans le glorieux emploi qui m’a tiré du métier de la Poëfie. Elles font du même ftile que mes autres écrits, & j'ofe me flatter qu'el les ne leur feront point de tort. Mais c'est au Lecteur à en juger, & je n'emploïerai point ici ma Préface, non plus que dans mes autres éditions, 2 le gagner par des flatteries, ou à le prévenir par des raisons dont il doit s'aviser de lui-même. Je me contenterai de l'avertir d'une chofe dont il eft bon qu'on foit inftruit. C'eft qu'en attaquant dans mes Satires les défauts de quantité d'Ecrivains de notre Siécle, je n'ai pas prétendu pour cela ôter à ces Ecrivains le mérite & les bonnes qualités qu'ils peu

(1) Dans le glorieux emploi, | Racine, pour écrire fon Hi&c.] En 1677. le Roi avoit ftoire.

nommé MM. Defpreaux &

peuvent avoir d'ailleurs. Je n'ai pas prétendu, disje, que Chapelain, par exemple, quoiqu'affez méchant Poëte (1) n'ait pas fait autrefois, je ne sçai comment, une affez belle Ode; & qu'il n'y eût point d'efprit ni d'agrement dans les Ouvrages de M. Quinault, quoique fi éloignés de la perfection de Virgile. (2) J'ajoûterai même fur ce dernier, que dans le tems où j'écrivis contre lui, nous étions tous deux fort jeunes, & qu'il n'avoit pas fait alors (3) beaucoup d'Ouvrages qui lui ont dans la fuite acquis une jufte réputation. Je veux bien auffi avouer qu'il y a du génie dans les écrits de Saint-Amand, de Brebeuf, de Scuderi, & de plufieurs autres que j'ai critiqués, & qui font en effet d'ailleurs, auffi bien que moi, très-dignes de critique. En un mot, avec la même fincérité que j'ai raillé ce qu'ils ont de blâmable, je fuis prêt à convenir de ce qu'ils peuvent avoir d'excellent. Voilà, ce me femble, leur rendre justice, & faire bien voir que ce n'eft point an efprit d'envie & de médifance qui m'a fait écrire contre eux. Pour revenir à mon édition, (4) outre mon remerciment à l'Académie, & quelques Epigrammes que j'y ai jointes, j'ai auffi ajoûté au Poëme du Lutrin deux Chants nouveaux qui en font la conclufion. Ils ne font pas, à mon avis, plus mauvais que les quatre autres Chants, & je me perfuade

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qu'ils confoleront aifément les Lecteurs de quelques Vers que j'ai retranchés à l'Episode de l'Horlogere qui m'avoit toujours paru un peu trop long. (1) Il feroit inutile maintenant de nier que ce Poëme a été composé à l'occafion d'un différend affez leger qui s'émût dans une des plus célébres Eglifes de Paris, entre le Tréforier & le Chantre. Mais c'eft tout ce qu'il y a de vrai. Le refte, depuis le commencement jufqu'à la fin, eft une pure fiction ; & tous les Perfonnages y font non feulement inventés ; mais j'ai eu loin même de les faire d'un caractere directement oppofé au caractere de ceux qui déservent cette Eglife, dont la plûpart, & particuliérement les Chanoines, font tous gens non feulement d'une fort grande probité, mais de beaucoup d'efprit, & entre lefquels il y en a tel à qui je demanderois auffi volontiers fon fentiment fur mes Ouvrages, qu'à beaucoup de Meffieurs de l'Académie. Il ne faut donc pas s'étonner fi perfonne n'a été offenfé de l'impreffion de ce Poëme, puifqu'il n'y a en effet perfonne qui y foit véritablement attaqué. Un prodigue ne s'avife gueres de s'offenfer de voir rire d'un

avare; ni un dévot de voir tourner en ridicule un libertin. Je ne dirai point comment je fus engagé à travailler à cette bagatelle fur une espéce de défi qui me fut fait en riant par feu M. le Premier Prefident de Lamoignon, qui eft celui que j'y peins fous le nom d'Arifte. Ce détail, à mon avis, n'est pas fort néceffaire. Mais je croirois me faire un trop grand tort, fi je laiffois échaper cette occafion d'apprendre à ceux qui l'ignorent, que ce grand Perfonnage, durant la vie, m'a honoré de fon amitié. Je commençai à le connoître dans le tems que mes Satires faifoient le plus de bruit ; & l'accès obligeant qu'il me donna dans son illustre Maison,

(1) Il feroit inutile &c. Tout ce qui fuit a été détaché d'ici dans l'édition de

1701. & placé devant le Poëme du Lutrin, où il fert d'A vertiffement au Lecteur.

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