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ge, & que vous m'en direz votre sentiment avec cette incérité que nous devons naturellement à nos amis. Car, comme un Sage ( Pythagore) dit fort bien, fi nous avons quelque voye pour nous rendre semblables aux Dieux, c'eft de faire du bien, & de dire la vérité.

Au reste, comme c'est à vous que j'écris, c'est-àdire, à un homme (1) inftruit de toutes les belles connoiffances, je ne m'arrêterai point fur beaucoup de chofes qu'il m'eût fallu établir avant que d'entrer en matiere, pour montrer que le Sublime eft en effet ce qui forme l'excellence & la fouveraine perfection du Difcours : que c'eft par lui que les grands Poëtes & les Ecrivains les plus fameux ont remporté le prix, (2) & rempli toute la postérité du bruit de leur gloire.

Car il ne perfuade pas proprement, mais il ravit, il transporte, & produit en nous une certaine admiration mêlée d'étonnement & de furprife, qui eft toute autre chose que de plaire feulement, ou de perfuader. Nous pouvons dire à l'égard de la per

de petites Notes très-fçavantes fur Longin, prétend, qu'il y a ici une faute & qu'au lieu de περιέβαλον ευκλείαις τὸν

différence du ftile des Décla- | mateurs, qui n'eft qu'un ftile d'apparat où fouvent l'on fort de la Nature, pour éblouir les yeux. L'Auteur donc parave, il faut mettre únipila, viros Politicos, entend ceux qui mettent en pratique fermonem politicum. BOILEAU,

(1) Inftruit de toutes les belles connoiffances. ] Je n'ai point exprimé pixlar: parce qu'il me femble tout-à-fait inutile en cet endroit, Bo 1

λεν ευκλείαις. Ainß dans fon fens, il faudroit traduire, ont porté leur gloire au-delà de leurs fiécles. Mais il fe trompe melanov veut dire ont embrasse ont rempli toute la postérité de l'étendue de leur gloire. Et quand on voudroit même entendre ce paffage à Ibid. Inftruit de toutes les fa maniere il ne faudroit, belles connoiffances. ] J'ai chan-point faire pour cela de cor gé dans le Grec le mot φίλτα- redtion: puifque περιέβαλον 11Toy en piarāts, mon cher ami. gnifie quelquefois insρébar comme on le voit dans ce vers (2) Et rempli toute la pofté- d'Homere. Il. 32. V. 296. I's rité du bruit de leur gloire. 1 vàpower iμsì âperò æte‹báñetor i Gerard Langbaine, qui a fait . BOLLEAU.

LEAU.

TOLLIUS.

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fuafion, que pour l'ordinaire elle n'a fur nous qu'autant de puiffance que nous voulons. Il n'en eft pas ainfi du Sublime. (1) Il donne au Discours une certaine vigueur noble une force invincible qui enléve l'ame de quiconque nous écoute. Il ne fuffit pas d'un endroit où deux dans un Ouvrage, pour vous faire remarquer la fineffe de l'Invention, la beauté de l'Economie, & de la Difpofition; c'est avec peine que cette jufteffe fe fait remarquer par toute la fuite même du Discours. Mais (2) quand le Sublime vient à éclater où il faut, il renverse tout comme un foudre, & préfente d'abord toutes les forces de l'Orateur ramassées ensemble. Mais ce que je dis ici, & tout ce que je pourrois dire de femblable, feroit fort inutile pour vous, qui fçavez ces chofes par expérience, & qui m'en feriez au befoin à moi-même des leçons.

inaire ranpowμéru nadisarai, est une métaphore prise du mané

(1) Il donne au Difcours une certaine vigueur noble, &c.] Je ne fçai pourquoi M. le Fége,& pareille à celle dont Anavre veut changer cet endroit, créon s'eft fervi, sù d'èx ëxes, qui, à mon avis, s'entend | ἐκ εἰδὼς ὅτι τῆς ἐμῆς ψυχῆς ἡνιοχεύεις. fort bien, fans mettre narras Mais tu n'as point d'oreilles, au lieu de narrós, furmonte & tu ne fçais point que tu es le tous ceux qui l'écoutent; Se maître de mon cœur. Longin met au deffus de tous ceux qui dit donc, il n'en eft pas ainfi du Sublime par un effort, auquel on ne peut réfifter, il fe rend entierement maître de l'Auditeur. DACIER.

l'écoutent. BOILEAU.

Ibid. Il donne au Difcours une certaine vigueur noble, une force invincible, qui enléve l'ame de quiconque nous écoute. ] Tous les Interprétes ont traduit de même; mais je crois qu'ils fe font fort éloignés de la pensée de Longin, & qu'ils n'ont point du tout fuivi la figure, qu'il employe fi heureufement. Ta úπepque poopforta Biar, efi-ce, qu'Horace diroit adhibere vim au lieu de marie, il faut lire máris avec un omega, comme M. # Févie la remarque. Πάντως

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(2) Quand le Sublime vient à éclater. Notre Langue n'a que ce mot éclater pour exprimer le mot vexer, qui eft emprunté de la tempête qui donne une idée merveilleufe à peu près comme ce mot de Virgile, abrupti nubibus ignes. Longin a voulu don ner ici une image de la foudre, que l'on voit plûtôt tomber que partir. DACIER.

CHAPITRE

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S'il y a un Art particulier du Sublime, & des trois vices qui lui font oppofés.

L faut voir d'abord s'il y a un Art particulier du

nent que c'est une erreur de le vouloir réduire en Art, & d'en donner des préceptes. Le Sublime, difent-ils, naît avec nous, & ne s'apprend point. Le feul Art pour y parvenir, c'est d'y être né. Et même, à ce qu'ils prétendent, il y a des Ouvrages que la nature doit produire toute feule. La contrainte des préceptes ne fait que les affoiblir, & leur donner une certaine féchereffe qui les rend maigres & décharnés. Mais je foutiens, qu'à bien prendre les chofes, on verra clairement tout le contraire.

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Et à dire vrai quoique la Nature ne fe montre jamais plus libre, que dans les difcours fublimes & pathétiques; il eft pourtant aifé de reconnoître qu'el le ne fe laiffe pas conduire au hazard, & qu'elle n'eft pas abfolument ennemie de l'art & des régles. J'avoue que dans toutes nos productions il la faut toujours fuppofer comme la base, le principe, & le premier fondement. Mais auffi il eft certain que notre efprit a besoin d'une méthode pour lui enfeigner à ne dire que ce qu'il faut, & à le dire en fon lieu; & que cette méthode peut beaucoup contribuer à nous acquerir la parfaite habitude du Sublime. (1) Car comme les vaiffeaux font en danger de périr, lorsqu'on les abandonne à leur feule légereté

و

(1) Car comme les vaif seaux,&c. ] Il faut fuppléer au Grec ou fous-entendre Asia, qui veut dire des vaiffeaux de charge, imdevotee as a Troia, &c. & expliquer avepuátisa, dans le fens de M. le Févre, & de!

Tome II.

Suidas, des vaiffeaux qui flottent manque de fable & de gravier dans le fond, qui les foutienne, & leur donne le poids qu'ils doivent avoir aufquels on n'a pas donné le left. Autrement il n'y a point de fens. BOILEAU.

B

& qu'on ne fçait pas leur donner la charge & le poids qu'ils doivent avoir; il en est ainsi du Sublime, fi on l'abandonne à la feule impétuofité d'une nature ignorante & téméraire. Notre efprit affez fouvent n'a pas moins befoin de bride que d'éperon. Démofthéne dit en quelque endroit, que le plus grand bien qui puiffe nous arriver dans la vie, c'est d'être heureux: mais qu'il y en a encore un autre qui

Ibid. Car comme les vaiffeaux. Je fuis d'accord ici avec M. Defpreaux, qu'il y manque le mot mia, ou, fi on aime mieux, le mot oxán, qu'on rencontre dans la même comparaifon dans Théodorer, orat. VIII, de Providentia Επειδή γὰρ ἡ φύσις πρὸς τὸ χεῖρον ἐξώκειλε, καὶ ὁ νῖς τοῖς πάθεσι περικλυθεὶς, ὑποβρύχιες σε Αυόμιμος οἷόν τι σκαφος ανερμάτισον, ατάκτως pipedal to owμa xatiriner åvalκαίως ἐδείπηραν νόμων, καθάπερ Tives alxúpes is cons to exágos, τὰν ἐπὶ πρόσω φορὰν κωλυνσης συχωρέσης ἀναδύναι τον κυβερνήκ τῶν οἰάκων ἐπιλαβέθαι.

TOLLIUS

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Ibid. Car comme les vaiffeaux. Les conjonctions as & rw, ufitées dans les comparaifons, le mot åvepμánsa, & quelques autres termes métaphoriques ont fait croi re aux Interprétes, qu'il y ayoit une comparaifon en cet endroit. M, Defpreaux a bien fenti qu'elle étoit défectueufe. Il faut, dit-il, Suppléer au Grec, ou fous-entendre moia, qui veut dire des vaiffeaux de charge..... Autrement il n'y a point de fens. Pour moi je crois qu'il ne faut point chercher ici de comparaifon. La conjonction re, qui en étoit, pour ainsi dire, lê caractére,

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ne fe trouve ni dans l'ancien Manufcrit, ni dans l'édition de Robortellus. L'autre conjonction, qui eft is, ne figni. fie pas comme en cet endroit, mais que. Cela pofé le raifonnement de Longin eft très-clair, fi on veut fe donner la peine de le fuivre. En voici toute la fuite. Quelquesuns s'imaginent que c'est une er reur de croire que le Sublime puisse être réduit en art. Mais je Joutiens que lon fera convaincu du contraire, fion confidére que la Nature quelque liberté qu'elle fe donne or dinairement dans les pafions,

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dans les grands mouvemens, ne marche pas tout-à-fait au hazard; que dans toutes nos productions il la faut fuppofer comme la baze, le principe & le premier fondement mais que no tre efprit a befoin d'une métho de, pour lui enfeigner à ne dire que ce qu'il faut, & à le dire en fon lieu : & qu'enfin ( c'est ici qu'il y a dans le Grec

:

s, pour, dont Longin s'eft fervi plus haut, & qu'il n'a pas voulu répéter le Grand, de foi-même, & par fa propre grandeur, eft gliffant

dangereux lorfqu'il n'eft pas foutenu & affermi par les régles de l'Art, & qu'on labandonne à l'impétuofité d'uno

n'eft pas moindre, & fans lequel ce premier ne fçauroit fubfilter, qui eft de fçavoir fe conduire avec prudence. (1) Nous en pouvons dire autant à l'égard du Difcours. (2) La nature eft ce qu'il y a de plus néceffaire pour arriver au Grand. Cependant, fi l'art

nature ignorante. On fe paffe | ce qu'on doit confidérer ici fur très-bien de la comparaifon, toutes chofes, c'eft, que cette qui ne fervoit qu'à embroüil- connoissance même, qu'il y a ler la phrafe. Il faut feule- dans l'Eloquence quelque chofe ment fous-entendre, ei imexí qu'on doit à la bonté de la Naψαιτό τις, qui eft fix ou fept ture, ne nous vient que de l'Art lignes plus haut, & faire ainfi même, qui nous l'indique. C'est la conftruction; à [ ei inicxí- pourquoi je ne doute pas, que ψαιτό τις 1 ὡς ἐπικινδυνότερα ; & quand celui qui nous blame de fion confidére, que le Grand, ce que nous tachons d'afsujettir &c. ixxvduvótepa avrà iq' iav- le Sublime aux études & à TŴY Tà μeláña, eft précifé-l'Art, voudra faire fes réflement la même chofe que, ra xions fur ce que nous venons de μεγάλα ἐπισφαλῆ δὲ αὐτὸ τὸ μέ | débiter il ne change bien-tôt · yɛ30s, qu'on lit dans le Cha- d'avis, & qu'il ne condamne pitre XXVII. & que M. Def-plus nos foins dans cette matiére. preaux a traduit ainfi : Le comme s'ils étoient fuperflus, & Grand, de foi-même par fans aucun profit. TOLLIUS. fa propre grandeur, eft gliffant dangereux. A'vepμátisa & ase, font des termes mé. taphoriques, qui, dans le fens propre,, conviennent à de grands bâtimens; mais -qui pris figurément, peuvent très-bien s'appliquer à tout ce qui eft grand, même aux ouvrages d'efprit. Bo 1

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VIN.

(1) Nous en pouvons dire autant &c.] J'ai fuppléé la reddition de la comparaifon, qui manque en cet endroit dans l'original. BOILEAU. (2) La nature eft ce. J Je traduirai ici ce qu'il y a de plus dur dans l'original de mon manufcrit: Que la Nature tienne pour arriver au Grand la place du bonheur : & l'Art celle de la prudence. Mais

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Ibid. La Nature eft ce qu'il 1 a. ] Il manque en cet en droit deux feuillets entiers dans l'ancien Manufcrit : c'eft ce qui a fait la lacune fuivante. Je ne fçai par quel hazard les cinq ou fix lignes que Tollius a eues d'un Manufcrit du Vatican & qui fe trouve auffi dans un Manufcrit du Roi (No. 3-171.) tranfpofées & confonduës avec un fragment des Problémes d'Ariftote ont pû être confervées. Il y a apparence que quelqu'un ayant rencontré un morceau des deux feuillets égarés de l'ancien Manufcrit, ou les deux feuillets entiers, mais gâtés, n'aura pû copier que ces cinq ou fix lignes. A la fin de ce petit supplément, dont le Public

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