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vous voulez, une petite Planete toute de Salpêtre,& leSoleil tirera d'ellemême le remede au mal qu'il lui pourroit faire. Ce qu'il y a de fùr, c'eft que la Nature ne fçauroit faire vivre les Gens qu'où ils peuvent vivre, & que l'habitude jointe à l'ignorance de quelque chofe de meilleur, furvient, & les y fait vivre agréablement. Ainfi on pourroit même fe paffer dans Mercure du Salpêtre & des Pluyes.

Aprés Mercure vous fçavez qu'on trouve le Soleil. Il n'y a pas moyen d'y mettre d'Habitans. Le pourquoi non nous manque-là. Nous jugeons par la Terre qui eft habitée, que les autres Corps de la même efpece qu'elle, doivent l'être auffi; mais le Soleil n'eft point un Corps de la même efpece que la Terre,ni que les au tres Planetes. Il eft la fource de toute cette lumiere que les Planetes ne font que se renvoyer les unes aux autres aprés l'avoir reçue de lui. Elles

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en peuvent faire, pour ainfi dire, des échanges entre elles, mais elles ne la peuvent produire. Lui feul tire de foi-même cette précienfe fubftance; il la pouffe avec force de tous côtez; de-là elle revient à la rencontre de tout ce qui eft folide, & d'une Planete à l'autre il s'épand de longues & vaftes traînées de lumiere qui fe croifent, fe traverfent & s'entrelaffent en mille façons differentes, & forment d'admirables tiffus de la plus riche matiere qui foit au monde. Auffi le Soleil eft-il placé dans le centre, qui eft le lieu le plus commode d'où il puiffe la diftribuer également, & animer tout par fa chaleur. Le Soleil est donc un Corps particulier, mais quelle forte de Corps? On eft bien embaraffé à le dire.On avoit toûjours crû que c'étoit un feu très-pur; mais on s'en défabufa au commencement de ce Siecle, qu'on apperçût des Taches fur fa furface. Comme on avoit découvert peu de temps auparavant

de nouvelles Planetes dont je vous parlerai, que tout le Monde Philofophe n'avoit l'efprit rempli d'autre chofe, & qu'enfin les nouvelles Planetes s'étoient mises à la mode, on jugea auffi-tôt que ces Taches en étoient, qu'elles avoient un mouvement autour du Soleil, & qu'elles nous en cachoient neceffairement quelque partie,en tournant leur moitié obfcure vers nous. Déja les Sçavans faifoient leur cour de ces prétenduës Planetes aux Princes de l'Europe. Les uns leur donnoient le nom d'un Prince, les autres d'un autre, & peut-être il y auroit eu querelle entre eux à qui feroit demeuré le maître des Taches pour les nommer comme il eût voulu.

Je ne trouve point cela bon, interrompit la Marquife. Vous me difiez l'autre jour qu'on avoit donné aux differentes parties de la Lune des noms de Sçavans & d'Aftrono mes, & j'en étois fort contente. Puif

que les Princes prennent pour eux la Terre, il eft jufte que les Sçavans fe refervent le Ciel,& y dominent,mais ils n'en devroient point permettre l'entrée à d'autres. Souffrez, répondis-je, qu'ils puiffent du moins en cas de befoin, engager aux Princes quelque Aftre, ou quelque partie de la Lune. Quant aux Taches du Soleil, ils n'en purent faire aucun usage. I. fe trouva que ce n'étoient point des Planetes, mais des nuages, des fumées, des écumes qui s'élevent fur le Soleil. Elles font tantôt en grande. quantité, tantôt en petit nombre, tantôt elles difparoiffent toutes;quelquefois elles fe mettent plufieurs enfemble, quelquefois elles fe separent, quelquefois elles font plus claires, quelquefois plus noires. Il y a des temps où l'on en voit beaucoup, il y en a d'autres,& même affez longs, où il n'en paroît aucune. On croiroit que le Soleil eft une matiere liquide, quelques-uns difent de l'Or fondu,

qui bouillonne inceffamment, & produit des impuretez, que la force de fon mouvement rejette fur fa furface; elles s'y confument, & puis il s'en produit d'autres. Imaginez-vous quels Corps étrangers ce font-là, il y en a tel qui eft dix-fept cent fois plus gros que la Terre; car vous fçaurez qu'elle eft plus d'un million de fois plus petite que le Globe du Soleil. Jugez par-là qu'elle eft la quantité de cet Or fondu, ou l'étenduë de cette grande Mer de lumiere & de feu. D'autres difent, & avec affez d'apparence, que les Taches, du moins pour la plûpart, ne font point des productions nouvelles, & qui fe diffipent au bout de quelque tems, mais de groffes maffes folides, de figure fort irreguliere, toûjours fubfiftantes, qui tantôt flotent fur le corps liquide du Soleil, tantôt s'y enfoncent ou entierement ou en par tie, & nous prefentent differentes

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