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affez longs & affez forts pour la couvrir, & que quand ils peuvent la laiffer paroître, ou les vapeurs de l'horrizon la dérobent, ou elle eft fi peu fenfible, qu'à moins que d'être fort exact, on la prend pour les Crepuf cules mêmes. Mais enfin depuis trente ans on l'a démêlée feurement, & elle a fait quelque temps les délices des Aftronomes, dont la curiofité avoit befoin d'être réveillée par quelque chofe d'une efpece nouvelle ; ils euffent eu beau découvrir de nouvelles Planetes fubalternes, ils n'en' étoient prefque plus touchez; les deux dernieres Lunes de Saturne, par exemple, ne les ont pas charmez ni ravis, comme avoient fait les Satellites ou les Lunes de Jupiter; on s'accoûtume à tout. On voit donc un mois devant & après l'Equinoxe de Mars, lors que le Soleil eft couché, & le Crepufcule fini, une certaine lumiere blanchâtre qui reffemble à une queuë de Co

mete.

mete. On la voit avant le lever du Soleil, & avant le Crepufcule vers l'Equinoxe de Septembre, & vers le Solstice d'Hiver on la voit foir & matin; hors de là elle ne peut, comme je viens de vous dire, fe dégager des Crepufcules qui ont trop de force & de durée; car on fuppofe qu'elle fubfifte toûjours, & l'apparence y est toute entiere. On commence à conjecturer qu'elle eft produite par quelque grand amas de matiere un peu épaiffe qui environne le Soleil jufqu'à une certaine étenduë; la plûpart de fes rayons percent cette enceinte, & viennent à nous en ligne droite; mais il y en a qui allant donner contre la furface interieure de cette matiere, en font renvoyez vers nous, & y arrivent lors que les rayons directs, ou ne peuvent pas encore y arriver le matin, où ne peuvent plus y arriver le foir. Comme ces rayons réfléchis partent deplus haut que les rayons

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directs, nous devons les avoir plûtôt, & les perdre plus tard.

Sur ce pied-là, je dois me dédire de ce que je vous avois dit, que la Lune ne devoit point avoir de Crepufcules, faute d'être environnée d'un air épais ainfi que la Terre. Elle n'y perdra rien, fes Crepufcules lui viendront de cette efpece d'air épais qui environne le Soleil, & qui en renvoye les rayons dans des lieux où ceux qui partent directement de lui ne peuvent aller. Mais ne voilàt-il pas auffi, dit la Marquife, des Crepufcules affurez pour toutes les Planetes, qui n'auront pas befoin d'être envelopées chacune d'un air groffier, puifque celui qui envelope le Soleil feul peut faire cet effet-là pour tout ce qu'il y a de Planetes dans le Tourbillon? Je croirois affez volontiers que la Nature felon le penchant que je lui connois à l'œconomie, ne fe feroit fervie que de ce feul moyen. Cepen

dant, repliquai-je, malgré cette œconomie, il y auroit à l'égard de nôtre Terre deux caufes de Crepufcules, dont l'une, qui eft l'air épais du Soleil, feroit affez inutile & ne pourroit être qu'un objet de curiofité pour les Habitans de l'Obfervatoire; mais il faut tout dire, il fe peut qu'il n'y ait que la Terre qui pouffe hors de foi des vapeurs & des exhalaifons affez groffieres pour produire des Crepufcules, & la Nature aura eu faifon de pourvoir par un moyen general aux befoins de toutes les autres Planetes qui feront, pour ainsi dire, plus pures, & dont les évaporations feront plus fubtiles. Nous fommes peut-être ceux d'entre tous les Habitans des Mondes de nôtre Tourbillon, à qui il falloit donner à refpirer l'air le plus groffier & le plus épais. Avec quel mépris nous regarderoient les Habitans des au tres Planetes; s'ils fçavoient cela? Ils auroient tort, dit la Marquife,

on n'eft pas à mépriser pour être envelopé d'un air épais, puifque le Soleil lui-même en a un qui l'envelope. Dites-moi, je vous prie, cet air n'eft-il point produit par de certaines vapeurs que vous m'avez dit autrefois qui fortoient du Soleil, & ne fert il point à rompre la premiere force des rayons, qui auroit peutêtre été exceffive? Je conçois que le Soleil pourroit être naturellement voilé, pour être plus proportionné à nos ufages. Voilà, Madame, répondis-je, un petit commencement de Siftême que vous avez fait affez heureusement. On y pourroit ajoû ter que ces vapeurs produiroient des efpeces de pluyés qui retomberoient dans le Soleil pour le rafraîchir, de la même maniere que l'on jette quelquefois de l'eau dans une forge dont le feu eft trop ardent. Il n'y a rien qu'on ne doive préfumer de l'adreffe de laNature, mais elle a une autre forte d'adreffe toute particuliere pour

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