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THETI S.

Vous remportez des victoires nouvelles ;
Quand je fais des Amants nouveaux :
Si mes conquêtes font trop belles,
Vos triomphes en font plus beaux.
PELEE.

Je ne fuis qu'un Mortel, c'eft en vain que j'efpere;
Ces Dieux empreffez à vous plaire
Me font fentir trop vivement

Que je fuis un temeraire

D'ofer être votre Amant.

THE TIS

Dans l'empire d'Amour on tient le rang suprême,
Dès que l'on fçait charmer :

Un mortel qui fe fait aimer,
Eft égal à Jupiter même.

Dans l'empire d'amour on tient le rang fuprême,
Dès que l'on fçait charmer.
PELE' E.

Lorsque j'obtiens de vous un fi doux facrifice, QCiel! dans quels malheurs il faut que je languiffe! Jefperois que l'Hymen finiroit mon tourment, Mais tout s'oppose à cet espoir charmant ; Plus vous m'aimez, plus je fens le fupplice D'être aimé vainement.

THETIS & PELE E.,

Faut-il que tout s'unifle.

Contre de fi beaux feux ?

Helas! quelle injustice !,

Les plus tendres amours font les plus malheureux,

Y

THETIS.

Redoublons, s'il fe peut, notre ardeur mutuelle,
Par notre amour tâchons à furmonter
La fortune cruelle.

THETIS & PEL E'E.
Aimons, c'est le feul bien qu'on ne peut nous ôter.

EN EL G

49.6696;

ACTE I I.

Le Theatre reprefente un Rivage de la Mer.

V

SCENE I

DORIS, CIDIPPE.

CIDIPY É.

Ous fuivez un penchant trop flateur & trop doux,

Je doute que Pelée ait de l'amour pour vous. Son feu, s'il vous aimoit, craindroit moins de paroître,

Ses foins feroient plus empreffez;

Il vous tient des difcours douteux, embaraflez, L'Amour par fes regards ne fe fait point connoître; On l'apperçoit bien mieux

Dans votre bouche & dans vos yeux.

DORIS.

Non, j'aime trop pour m'y pouvoir méprendre.

Des foins toûjours craintifs, un timide embarras, Sont les effets de l'Amour le plus tendre; C'eft en foupirant tout bas

Qu'il fe fait le mieux entendre.

CIDIPP E.

On croit facilement qu'on infpire les feux
Que l'on reffent foi-même,

On le flate fi-tôt qu'on aime,

Et tout paroit amour à des

yeux amoureux.

DORIS.

Pelée aime en fecret, tout marque fa tendresse, A quel Objet les vœux pourroient-ils être offerts? Il voit fouvent Thetis, mais le foin qui le preffe Eft de fervir le Dieu des Mers,

Il n'eft pas fon Rival auprès d'une Déefle.

Tout femble déclarer

Que c'eft moi qu'il adore;

Mais j'en crois mieux encore

Mon cœur qui m'en ofe affurer. an i

CIDIPP E.

Ne ferai-je point trop

Si je vous avertis

fincere,

D'un fecret qui doit vous déplaire ?
J'ai vû dans un lieu folitaire

Pelée entretenir Thetis.

Le hazard feul n'eût pû les y conduire,

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Sans entendre leurs voix je fçûs affez m'instruire
De leurs mutuelles amours;

Par leurs regards j'entendis leurs difcours

Seroit-il refervé

·D OR IS..

Il aimeroit Thetis? Ciel, cer affreux fupplice
ma
pour fecrette ardeur ?
Mais je la vois, pour lire dans fon.cœur
Je veux employer l'artifice.

SCENE IL

THETIS, DORIS, CIDIPPE..

DORIS.

D. Eeffe, venez-vous fur.ce bord écarté

Rêver aux conquêtes brillantes
Que fait votre beauté ?

THE TI S.

Ce qui peut les rendre charmantes:
N'eft que la feule vanité.

Les Dieux ont peu d'amour, on ne doit point atstendre

Que leur cœur tout entier s'en laiffe poffeder,
Ces Amans font aisez à prendre,
Et difficiles à garder.

DORIS & CIDIPPE.

Un tendre amour doit avoir l'avantage

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Eft celui d'un cœur conftant.

DORIS.

Quelquefois un Mortel me jure

Qu'il est touché du pouvoir de mes yeux; ›
Si j'en étois bien fûre,

Je le prefererois aux Dieux.

THE TI S.

Et quel eft cet Amant ? l'amitié vous engage
A me laiffer entrer dans un fecret fi doux.

DORIS.

Pelée a pris des foins... vous changez de visage?] Pourquoi vous troublez-vous ? THETIS.

J'ignorois qu'il fût-dans-vos chaînes,

Avec bien du myftere il a conduit fes feux,

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DORIS.

L'Amour discret cache fes peines,
Et l'Objet même de ses vœux.

Mais je vois Mercure defcendre,

Je crois que fans témoins vous le voulez entendre.

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SCENE III.

THETIS, MERCURE.

MERCUR E.

Upiter attiré par vos divins appas.

Va paroître ici bas.

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