Defcens dans fon cœur, defcens, Et la fureur dont tu m'enflâmes, Danfe des Bacchantes furienfes autour de Lavinie. LAVINI E. Où fuis-je? ô Ciel! dans les murs de Carthage J'y vois les feux allumez par la rage J'entens les cris. Dieux ! elle expire En nommant un Ingrat infenfible à sa mort. Va, perfide Troyen! cherche un autre conquête. Reine, écoutez, écoutez tous, Je choifis... LA REINE. Déclarez un choix digne de vous; LAVIN I E. Je choifis Turnus pour époux. CHOEUR. Que nos cris d'allegreffe Nous fommes victorieux ; LA REIN E. 'Allons trouver le Roy, fuivez mes pas, Princefle, Il lui faut annoncer un choix fi glorieux. A CTE I V. Palais de Circé. SCENE I. ENEE, ILIONE'E. ILIONE'E. OU courez-vous ? quel foin vous preffe, ENE' E. Je cherche par-tout la Princeffe, ILIO NE'E. En vain pour se vanger on se plaint d'une Ingrate; Son triomphe en eft plus beau; D'un amour méprisé la vengeance n'écláte EN E'E, Non, j'aimerai toujours l'Ingrate qui m'outrage, Je me dois épargner le trifte & vain effort ILIONE ́E. Vous voiez la furprise où ce difcours me jette, Que nous trouvions en ces climats. ENE'E. Je vois tous les malheurs dans le coup qui m'accable, Je perds l'unique objet qui me paroît aimable, Eft infenfible à d'autres maux. ILIONE'E.. Des malheureux Troyens perdrez-vous la mémoire? Oublirez-vous un fi cher interêt ? Ecoutez leurs foupirs, & la voix de la gloire. SCENE II. ENE'E, LAVINIE. ENEE. ME cherchez-vous, cruelle ? Venez-vous infulter à ma douleur mortelle ? Je veux en mourant vous confondre Mes tranfports... mon amour... je fens que je m'égare, Il regne en mon efprit un defordre fatal, LAVINIE. Vous prenez un foin inutile D'étaler à mes yeux une feinte douleur, Ah! que ne puis-je à vos yeux même Porter ailleurs mes foupirs & ma foy? Pourquoi feindrois-je icy ce defefpoir extrême ? Que pourrois-je efperer? tout eft perdu pour moi. Si mon cœur fçavoit feindre, Ingrate, L'amour fur votre coeur n'a pas tant de puiffance, Vous vîtes cependant fa mort avec constance. EN E'E. De ce crime odieux ceffez de m'accufer. pas. Didon par fes bienfaits me prévenoit fans ceffe, Se peut-il que pour moi votre cœur foit fincere? ENE'E. Helas! en pouvez-vous douter? Non, non, qu'il ait plûtôt l'ardeur la plus legere, ENE'E. D'où vient que je vous vois à vous-même contrai re? Ciel ! quel trouble fecret semble vous agiter? LAVINIE |