tre impuiffance, ceux qui voudroient entreprendre l'Eloge de Louis, font accablez fous ce même poids. de grandeur, de valeur & de fageffe, qui accable aujourd'hui tous les Ennemis de cet Etat. Une fincere foûmiffion eft le feul parti qui reste à l'Envie; & une admiration muette eft le feul qui refte à l'Eloquence.

SA MAJESTE' CZARIENNE ayant fait fçavoir à l'Academie Royale des Sciences, qu'il vouloit bien lui faire l'honneur d'être à la tête de fes Honoraires, l'Academie chargea fon Secretaire de lui en écrire: Ce qu'il fit en

ces termes.

SIRES

L'HONNEUR que Votre Majesté fait à l'Academie Royale des Sciences, de vouloir bien que fon augufte Nom foit mis à la tête de fa Lifte, eft infiniment au-deffus des idées les plus ambitieufes qu'elle pût concevoir, & de toutes les actions de grace que je fuis chargé de vous en rendre. Ce grand nom, qu'il nous eft presque per

mis de compter parmi les nôtres, marquera éternellement l'Epoque de la plus heureuse révolution qui puisse arriver à un Empire, celle de l'établiffement des Sciences & des Arts dans les vaftes Pays de la domination de Votre Majesté. La victoire que vous remportez, SIRE, fur la barbarie qui y regnoit, fera la plus éclatante &la plus finguliere de toutes vos victoires. Vous vous êtes fait, ainsi que d'autres Heros, de nouveaux Sujets par les armes ; mais de ceux que la naissance Vous avoit foûmis, Vous vous en êtes fait par les connoiffances qu'ils tiennent de Vous, jets tout nouveaux, plus éclairés plus heureux, plus dignes de vous obéir, vous les avez conquis aux Sciences; & cette espece de conquête, auffi utile pour eux, que glorizufe pour Vous, Vous étoit réservée. Si l'exccution de ce grand dessein conçu par Votre Majefté s'attire les applaudiffemens de toute la Terre, avec quel

des Su

transport de joye l'Académie doit-elle y mêler les fiens, & par l'intereft des Sciences qui l'occupent, & par celui de votre gloire, dont elle peut fe flater deformais qu'il rejaillira quelque chofe fur elle ! Je fuis avec un trés profond respect,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTE.

De Paris ce 27 De

cembre 1719.

Le très-humble & trésobéiffant ferviteur FONTENELLE, Secr. perp. de l'Academie Royale des Sciences.

LE CZAR ayant fait l'honneur à l'Academie de lui répondre, le Secretaire eût encore l'honneur d'écrire au CZAR la Lettre fuivante.

L'Academie Royale des Sciences eft infiniment honorée de la Lettre que Votre Majefté a daigné lui écrire,& elle m'a chargé de lui en rendre en Son nom de très-humbles actions de graces. Elle vous refpecte, SIRE non feulement comme un des plus puiffans Monarques du Monde,mais comme un Monarque qui employe la grande étendue de fon pouvoir à établir les Sciences, dont elle fait profeffion dans de vaftes Pays où elles n'avoient pas encore penetré. Si la France a crû ne pouvoir mieux immortaliser le nom d'un de fes Rois qu'en ajoûtant à ses titres celui de Reftaurateur des Lettres, quelle fera la gloire d'un Souverain