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tée à aucun par préférence aux autres; à moins que le Prince n'eût des enfans ou des Parens que les trois Etats affemblés jugeaffent dignes de lui fuccéder. Le fecond Article confiftoit dans l'obligation que le Souverain avoit de partager tour à tour fa réfidence dans les trois Royaumes, & de consommer dans chacun le revenu de chaque Couronne, fans en pouvoir transporter ailleurs les deniers, ni les employer que pour l'utilité particuliere de l'Etat d'où ils feroient tirés : & le troifiéme & le plus important, que chaque Royaume conferveroit fon Sénat, fes Loix, fes Coutumes & fes priviléges, & que les Gouverneurs, les Magiftrats, les Généraux, les Evêques, & même les Troupes & les Garnifons feroient prises de chaque

Pays, fans qu'il pût être jamais epermis au Roi de fe fervir d'Estrangers, ni des Sujets de fes sautres Royaumes, qui feroient réputés pour Etrangers dans le f Gouvernement de l'Etat où ils ne feroient pas nés.

Les Suédois. fe flattoient d'avoir tellement borné par ce Traité l'autorité de leurs Souverains, qu'il leur fembloit que ces Princes ne feroient jamais en état d'entreprendre fur leur liberté ; mais ils ne furent pas long-temps fans s'appercevoir combien ils s'étoient trompés dans leurs vûes. La Reine étoit trop puiffante pour fe contenter d'une autorité fi bornée : à peine cette Princesse eut été reconnue en Suede, qu'elle travailla avec application à s'y rendre abfolue: elle s'empara peu peu des principales fortereffes

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1395. qu'elle tira habilement des mains des Gentilshommes par des échanges plus utiles pour leurs Familles, mais moins sûrs, & plus dépendans de la Cour : elle donna la plupart des Gouvernemens vacans à des Seigneurs Danois, contre le Traité exprès de Calmar; & elle éloigna infenfiblement la Nobleffe Suédoife de toutes les Charges & de toutes les dignités confidérables de l'Etat. Il n'y eut qu'Abraham Bronerfon qui obtint d'elle le Gouvernement de l'Halandie : c'étoit un jeune Seigneur Suédois de bonne mine, & parfaitement bien fait, qui poffédoit feul alors fa confiance: mais cette diftinction, en faveur d'un jeune Gentilhomme qui n'avoit pour mérite que les agrémens de fa perfonne, fournit un nouveau prétexte aux Mécontens,

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pour médire de la conduite de e la Reine & pour fe plaindre rdu Gouvernement. Ils allerent &la trouver en Corps, pour lui repréfenter les Titres de leurs Privileges, & la Copie du Traité de Calmar, dont l'infraction étoit le fujet de leurs plaintes. La Reife trouvant Maîtreffe de l'Etat leur répondit en raillant qu'ils confervaffent foigneufement ces Titres, comme elle fçauroit bien garder toutes les Fortereffes du Royaume. Cette habile & impérieuse Princesse regna depuis avec une autorité abfolue: elle mit de nouveaux impôts inconnus jufqu'alors dans la Suede ; & elle prétendoit affermir fa domination en tenant la Noblesse éloignée des affaires : & en rendant peu à peu le Peuple fi pauvre, qu'il n'eut pas la force de tenter aucun changement. Tome I.

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Mais comme ces moyens étoient encore trop foibles pour contenir une Nation accoutumée à une liberté exceffive, & toujours prête à fe révolter; cette Princeffe travailla à fe faire des créatures, & à former un parti dans le Royaume, qui fût capable de s'oppofer aux révol & de maintenir fon autorité. Elle jetta les yeux fur le Clergé, puiffant par fes grands biens & par le nombre de fes Vaffaux, mais fur- tout confidérable par le crédit que la Religion donne fur l'efprit des Peuples. La Reine fit de grands biens à toutes les Eglifes de Suede: elle augmenta le pouvoir & confirma tous les privileges des Evêques elle donna même enfuite beaucoup de part dans le Gouvernement à ces Prélats afin de les intéreffer par leur pra

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