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>> une meche compofée de plufieurs fils de coton , que l'on aura auparavant » bien trempée dans de l'eau ; on ajustera » la meche de façon que le bout le » plus court entre dans la furface de » la liqueur, tandis que le bout le plus long doit pendre au dehors de la taffe; par ce moyen toute l'eau s'écoulera, » & la couleur reftera au fond de la » taffe semblable à une efpece de gelée » de grofeilles rouges : alors on enle→ » vera la meche, & on laiffera fécher » à l'ombre la couleur, qui diminuera prodigieufement de volume, & pa» roîtra comme une poudre noirâtre, »lorfqu'elle fera tout-à-fait féchée. » On fera tomber cette poudre avec >> un couteau fur une agate, fur laquelle on la ramaffera en un petit tas. On prendra de l'eau avec >> le bout du doigt, que l'on fecouera » fur la couleur; & lorfqu'elle en fera ›› bien humectée, on la broyera avec » une molette pendant long-temps, en » humectant la couleur lorfqu'elle vient » à fe trop fécher. On la laiffera enfuite » fécher à l'ombre; & lorsque la cou» leur fera parfaitement feche, on la

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ramaffera avec un couteau à couleurs.

»Il eft aifé de varier la nuance de »ces pourpres; on vient de donner la manipulation qui fait ordinairement les plus beaux. Si l'on met une plus >>grande quantité de diffolution d'étain, »les pourpres qui en viendront feront d'un violet foncé. Il eft poffible auffi » de produire des pourpres bruns; cela dépend fouvent de la pureté de l'or » & de l'étain que l'on aura employés dans les diffolutions.

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»Si l'on veut avoir un pourpre tirant fur le noir, on mettra fur un » demi-poiffon d'eau, de la diffolution d'or, jufqu'à ce que l'eau commence »à prendre une petite couleur jaune très-légere; on fufpendra dans cette ❤eau, avec un fil, un petit morceau d'antimoine jovial, fait avec trois par»ties d'étain, & deux parties de régule » d'antimoine (on trouve cet antimoine jovial chez les Apotiquaires). On laiffera pendant douze ou treize jours » ce morceau fufpendu dans la liqueur; ayant foin de l'effuyer de temps en temps légérement, afin que la difso»lution d'or puiffe mordre deffus; après

» quoi on retirera le morceau d'antimoine; on verfera la liqueur & la poudre qui fera précipitée au fond, dans un plus grand vafe, qu'on rem«plira d'eau. Lorfque la poudre fera tout-à-fait tombée au fond, & que l'eau qui lui furnage, fe trouvera » claire, on décantera cette eau claire, » & l'on en mettra d'autre à la place, à plufieurs reprises, & on achevera le refte de l'opération, en fuivant ce » que l'on vient de dire pour les autres. Chacune de ces poudres, broyée avec fix fois fon poids du fondant »général, produit fur l'Email des pour»pres de différentes nuances, & trèsfolides.

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>> On auroit pu faire ces précipitations tout d'un coup, en employant une plus grande quantité d'eau, & à portion plus de diffolution d'or, & plus de diffolution d'étain; mais cela >> auroit été embarrassant pour des Ar»tiftes qui ne font point accoutumés » à mesurer ou à pefer des diffolvants; »il fuffit d'avertir ceux qui voudront »prendre ce parti, qu'il faut mettre »plus de trois fois autant (en mesures)

» de diffolution d'étain, que de diffolution d'or».

REMARQUES.

Tous les Chymiftes conviennent que le phlogistique eft le principe des couleurs ; quoique ce phlogiftique foit en général le même, cependant lorfqu'il eft chaffé d'un corps, il en peut fortir accompagné de quelques-unes des fubftances qui compofoient ce corps ; & il eft poffible qu'en s'infinuant dans un autre corps, il y porte quelques-unes des fubftances dont il s'étoit chargé. Il paroîtroit même que c'eft par cette méchanique qu'il produit différentes couleurs puifque enfin on ne peut pas dire que le phlogiftique qui, par la flamme, pénétre la chaux de plomb, ne foit pas accompagné de fubftances différentes de celui qui pénétre la même chaux de plomb fans flamme; puifque le premier produit dans la chaux de plomb la couleur rouge, & fait du minium, ce que ne fait pas le phlogiftique fans flamme.

Le phlogistique, qui fait prendre la couleur rouge au verre de Venife

que l'on préfente à l'entrée d'un fourneau à la flamme des branches de bouleau, pénétre ce verre chargé de fubftances différentes de celles avec lef quelles il le pénétre avec la flamme d'une matiere différente; puifque dans le premier cas il rougit le verre, qu'il ne fait pas dans l'autre cas. Voyez la Litogéognofie de M. Pott, Tom. I, P. 389.

се

Plufieurs Chymiftes font accompagner le phlogiftique d'une terre que Becher appelle mercurielle ou fa troifieme terre, & ils difent que la terre mercurielle peut être fans phlogistique mais que le phlogistique ne peut être fixe dans un corps fans la terre mercurielle.

En partant du principe que le phlogiftique eft la caufe des couleurs, on eft forcé de conclure que la premiere condition requife, fans laquelle la précipitation de l'or en rouge ne peut point s'opérer, eft la confervation du phlogiftique de l'étain mis en diffolution: il eft aifé de le prouver par une expérience très-fimple. Afin qu'il ne reftât aucun foupçon de mêlange dans