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cette opération, il faut que l'alkali fixe fe foit mis en fufion avant que le feu ait été assez fort pour enlever la terre qui, jointe à l'arfenic qui refte, fournit la couleur bleue ; il faut donc que cette terre ait une grande affinité avec l'alkali fixe, puifque le feu néceffaire à la vitrification de toute la compofition ne l'enleve plus, & que l'alkali fixe qui lui fert de moyen d'union avec la matiere vitrifiable, la porte dans cette matiere en même-temps qu'il la met en fufion.

En fuivant ce raisonnement, il paroît qu'il faudroit employer l'alkali fixe pour avoir la couleur bleue du cobalt ; mais il est néceffaire que cette couleur foit feche pour pouvoir être employée; & l'alkali fixe eft non-feulement fufceptible de l'humidité de l'air,mais fi l'on tentoit de l'édulcorer, il s'en iroit tout entier dans l'édulcoration, & il n'en refteroit rien d'attaché au cobalt qui pût développer fa couleur bleue; il falloit donc trouver moyen de joindre la couleur donnée par le cobalt à une bafe que l'eau ne pût point diffoudre, & emporter par les édulcorations; le fel marin a

paru d'autant plus propre à remplir ces conditions, que perfonne n'ignore que fa base est alkaline; & d'ailleurs, qu'en se joignant aux autres acides lorfqu'elle en trouve, elle forme des mixtes, qui par-là deviennent beaucoup plus fufibles. On va voir cependant qu'il eft abfolument néceffaire qu'après les différentes diffolutions, évaporations, &c. que l'on eft obligé de faire pour parvenir à la couleur defirée, il refte encore un peu d'acide nitreux dans la couleur.

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Si après avoir diffout du cobalt par l'acide du nitre, avoir évaporé la disfolution à ficcité, l'avoir édulcorée, on met fur ce réfidu de l'acide du fel marin la diffolution qui fe fera fera verte, parce que ce cobalt ne contient plus d'acide nitreux; puifque fi l'on ajoute tant foit peu d'acide du nitre sur l'efprit de fel, il se fait une eau régale qui rend la diffolution rouge ; & comme on a vu dans les manipulations précédentes que pour avoir une couleur bleue dans le réfidu, il falloit qu'il fût rouge quand, en dernier lieu,on l'expose au feu au milieu des charbons ardents; il faut donc que dans ce temps-là il

y refte encore un peu d'acide nitreux pour que le phlogistique des charbons puiffe lui donner la couleur bleue.

C'eft fur ce principe que l'on fe fonde; lorfque par malheur on a pouffé l'évaporation de l'acide nitreux trop loin, on voit que la couleur du réfidu ne devient pas bleue dans les charbons ardents; on en eft quitte alors pour mettre de nouveau de l'efprit de nitre & de l'eau fur ce réfidu, jufqu'à ce qu'il foit entiérement. diffout, & il faut recommencer l'évaporation & les deffications de la matiere, comme on a fait la premiere fois, en fuivant ce qui eft décrit dans les manipulations; il faut même moins de temps & de deffications dans cette feconde opération que dans la premiere, pour amener le réfidu au point où il doit être ; c'eft-à-dire, pour ne fe point diffoudre dans l'eau dans laquelle on l'édulcore, & pour prendre la couleur bleue dans les charbons ardents.

On a vu qu'il falloit employer des deffications de la couleur à différentes reprises & pendant long-temps, afin de chaffer toujours à chaque deffication un peu de l'acide nitreux qui eft en

trop grande quantité, & que l'acide de l'air, qui eft l'acide vitriolique, s'infinuât un peu dans la couleur à chaque fois, & la réduifit par ce moyen au point de n'être plus emportée par l'eau dont on fe fert pour l'édulcorer.

On voit que c'est le phlogistique fourni par les charbons ardents, qui change la couleur rouge du réfidu en bleu ; mais le phlogistique des charbons n'est arrêté dans le cobalt qu'autant que le cobalt conferve fa chaleur ; cette couleur fe diffipe à mesure que le cobalt fe refroidit, au point de redevenir rouge comme il étoit avant d'avoir été mis au feu; il faut donc, dans le réfidu rouge du cobalt, une fubftance qui y fixe le pblogistique des charbons ardents, fi l'on veut qu'il garde la couleur bleue; c'est ce qu'on obtient par l'acide vitriolique répandu dans l'air lorfqu'on eft venu à bout d'y en fixer une certaine quantité par les différentes deffications , par la raifon que cet acide eft très-avide du phlogiftique, & qu'il le lâche difficilement quand il l'a une fois faifi. C'est par cette raison

que pour

faire

du fmalt ou de l'azur, on préfere la potaffe aux autres alkalis fixes, parce qu'elle contient un peu d'acide vitriolique.

Si l'on ne met qu'une petite quantité de fel marin dans la diffolution du cobalt qui donne du rouge, on aura par la deffication un réfidu rouge, à qui la chaleur ne donnera point la couleur bleue; mais fi l'on ajoute une diffolution de fel marin, la couleur bleue paroîtra dans la deffication; ce qui prouve bien que cette couleur bleue eft dûe à la jufte combinaison de l'acide nitreux avec l'acide marin, couleur qui ne s'y trouve enfin fixée que par ce que l'air a fourni d'acide vitriolique, qui y arrête le phlogistique donné par les charbons ardents, au milieu defquels on expofe ·la matiere en dernier lieu.

OBSERVATION de l'Éditeur.

MALGRÉ les détails où notre Auteur vient d'entrer fur le bleu que l'on tire du cobalt, il refte encore bien des chofes à defirer fur cet article ; & nous favons que M. de Montamy fe promettoit de faire une fuite d'expériences

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