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CHAPITRE VIII.

De la Couleur Verte. Défauts de celle qu'on tire du Cuivre.

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L n'eft pas difficile de tirer la couleur verte du cuivre ; ce métal eft attaqué par tous les diffolvants quelconques, foit acides, foit alkalis ; les huiles & les graiffes mêmes le diffolvent à cause de l'acide qu'elles contienennt ; toutes ces diffolutions font vertes, excepté celles qui ont été faites par les alkalis volatils qui font d'un très-beau bleu mais qui deviennent vertes lorfqu'on les a fait évaporer, c'est-à-dire, auffitôt que le feu en a chaffé l'alkali volatil; mais la facilité qu'on a de diffoudre le cuivre, eft auffi cause de la difficulté que l'on rencontre non-feulement à le précipiter mais encore de la difficulté bien plus grande que l'on a pour édulcorer le précipité quand on eft une fois parvenu à le faire.

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On fait que le précipité participe toujours un peu des fels qui ont consti

tué le diffolvant; ces fels fe diffolvent de nouveau dans l'eau que l'on emploie pour l'édulcoration, & remettent le précipité en diffolution dans cette eau.

Avant de chercher à édulcorer le précipité, on a la précaution de l'expofer au feu fous une moufle; pour peu qu'on l'y laiffe, le feu brûle le cuivre, & le précipité devient noir comme l'as uftum: il eft vrai que dans cet état il fouffre l'édulcoration fans fe mêler avec l'eau ; mais le verd qu'il donne fur l'Émail, tire fur le noir; & quand même il donneroit un beau verd il ne rempliroit pas notre objet, qui confifte à n'employer que les matieres qui ont une couleur approchante de celle que la fonte leur donnera fur l'Émail.

On a vu que l'on ne pouvoit employer dans la Peinture fur l'Émail, que les fubftances qui étoient abfolument délivrées des fels; ces fels étant des diffolvants, on ne peut en dégager le cuivre que de deux façons, ou en faifant réverbérer la matiere, afin que les diffolvants en foient enlevés par la force du feu ; & dans ce cas la matiere de

verte devient noire ; ou par les édulcorations, & dans ce cas, l'eau n'enlevant les fels qu'en les diffolvant, cette eau chargée de fels, remet le cuivre en diffolution. D'un autre côté, le cuivre ne donne une couleur verte qu'autant qu'il eft en diffolution ; & il ne la donne au verre que par cette même raifon. Dans la précipitation que l'on fait du cuivre diffout par l'efprit de nitre, en mettant un morceau de fer dans la diffolution, le cuivre qui eft précipité de cette diffolution, qui eft verte, n'a plus cette couleur, & reprend fa couleur métallique qui eft rouge; parce que l'efprit de nitre lâche le cuivre pour attaquer le fer avec lequel il a plus d'affinité ; & alors le cuivre dégagé de fon diffolvant, reprend fa couleur naturelle.

Les cryftaux de verdet étant de toutes les opérations que l'on peut faire fur le cuivre, celle qui contient la plus grande quantité du métal en couleur verte fous une forme feche, paroîtroient être ce que l'on peut employer de mieux.

Le cuivre fe diffout dans tous les

diffolvants minéraux ou végétaux, parconféquent dans tous les fels acides; alkalis ou neutres, de même que par la voie feche dans les verres. Il prend toujours une couleur verte ou bleue dans toutes ces diffolutions; c'est-àdire, verte fi la diffolution eft par des acides: bleue, fi elle a été faite par des alkalis volatils; & verd bleuâtre, fi c'est par des fels neutres ; il ne perd que peu ou point de fon phlogistique par la diffolution, différent en cela de plufieurs autres métaux qui le perdent tout entier; cela eft caufe que les précipités que l'on en fait, non-feulement font folubles dans les acides, mais même dans l'eau commune. Lorfqu'on expose ces précipités au feu jufqu'à un certain point, ils deviennent noirs, & alors on les édulcore très-bien avec de l'eau, fans qu'ils s'y mêlent ; mais ils reftent noirs.

Ainfi il arrive deux chofes lorfqu'on édulcore le précipité verd du cuivre ; ou les fels qui rendoient le cuivre verd, se remettent en diffolution dans l'eau, & y remettent auffi le cuivre (ce que l'on apperçoit par l'eau qui devient verte); ou fi le cuivre ne fe remet

pas en diffolution dans l'eau de l'édulcoration, il ceffe de refter verd à mefure que l'eau en ôte les fels, & redevient rouge, ce qui eft fa couleur naturelle.

C'est ici que M. de Montamy en eft refté fur cette couleur verte; ce qu'il en dit, fuffit pour montrer les inconvénients qu'il y a d'employer le cuivre dans la Peinture en Émail; ainfi pour travailler avec plus de sûreté, il faut faire la couleur verte en mêlant les jaunes & les bleus en différentes proportions on pourra encore les éclaircir en y joignant du blanc, ou les rendre plus foncés en y joignant des bruns, fuivant les différentes nuances que l'on voudra se procurer.

En général, comme les différentes couleurs, dont l'Auteur donne la préparation dans le cours de cet Ouvrage, ont l'avantage de pouvoir se mêler fans inconvénient, c'est aux Peintres à chercher les différents mêlanges & dofes qui peuvent convenir aux différents objets qu'ils voudront représenter; le blanc fervira toujours à les rendre plus claires ; le brun à les rendre plus obfcures. Quel

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