페이지 이미지
PDF
ePub

LETTRE

A M. ROUX,

Auteur du Journal de Médecine, Jur une nouvelle maniere de préparer le fafran de mars.

IONSIEUR,

ONSIEUR,

LES différentes opérations que j'ai eu occafion de faire fur le fer, en travaillant à un petit ouvrage fur les couleurs de la peinture en émail, que j'efpere donner bientôt au public, m'ont fait découvrir une méthode très- fimple & très-facile, , pour préparer un fafran de mars noir, de la plus grande divifibilité, & en même-temps très-attirable par l'aimant. On fait que le fafran de mars, connu fous le nom d'æthiops martial, fait par la trituration de la limaille de fer dans l'eau, à la maniere de M. Lemery, eft celui que l'on emploie, avec le plus de fuccès, dans la Médecine.

Celui que je propose est tout aussi attirable par l'aimant,& a pardeffus l'autre l'avantage d'être dans un beaucoup plus grand état de divifion : ajoutez à cela qu'en fuivant exactement le procédé de M. Lemery, il faut plufieurs mois pour préparer fon aethiops martial; mon fafran de mars peut fe faire en quatre heures, & par conféquent doit être beaucoup moins coûteux. Je vous envoie mon procédé, que je foumets à vos lumieres pour en faire part au public, fi vous jugez qu'il puiffe être de quelque utilité.

PROCED Ě.

PRENEZ du vitriol de mars bien calciné au rouge, ou du colcothar, qui réfulte de la diftillation de l'huile de vitriol; édulcorez bien celle de ces fubftances que vous voudrez employer, en verfant deffus de l'eau très-chaude > que vous décanterez dès que le fafran de mars fe fera entiérement précipité. Lorfque vous jugerez que les édulcorations ont emporté tout ce qui reftoit de falin, ce que vous reconnoîtrez, parce

que l'eau que vous décanterez, fera infipide; enlevez l'eau qui refte sur le fafran de mars, au moyen d'une meche de coton, & le faites fécher; expofez-le enfuite dans un têt, fous une moufle du fourneau d'effai, jufqu'à ce qu'il foit devenu très-rouge.

Mêlez ce fafran de mars lorfqu'il fera refroidi, avec le double de fon poids de fel marin décrépité; triturez longtemps le tout ensemble dans un mortier de fer, & l'entaffez enfuite dans un canon de fufil, qu'il faut faire ajufter exprès, & boucher exactement avec deux bouchons de fer; bouchez votre canon avec ces bouchons ; appliquez de la terre à potier, ou du lut qui résiste au feu, fur les jointures de ces bouchons, ou plutôt enveloppez-en toute l'extrémité du canon; laiffez fécher le lut & lorfqu'il fera fec, creusez une place dans la cendre & le charbon allumé de votre cheminée; mettez-y le canon que vous recouvrirez de cendres & de charbons allumés ; au bout d'environ une demi-heure, foulevez votre canon de façon qu'il fe trouve environné de charbons de toutes parts; con

[ocr errors]

tinuez à entretenir le feu, & à tenir le canon bien couvert de charbons ardents, pendant l'efpace de quatre heures; retirez-le alors & le laiffez refroidir; lorfque le canon fera froid, caffez le lut à coups de marteau; & après l'avoir débouché, faites-en fortir avec une petite verge de fer, le mars que vous trouverez par grumeaux noirs ; écrafez-le & le broyez dans un mortier de fer ; lorsqu'il fera réduit en poudre, mettez-le dans un vaiffeau de verre ou de terre verniffée ; verfez pardeffus de l'eau très-chaude; agitez l'eau avec une fpatule, & décantez-la tout de fuite dans un vase beaucoup plus grand, en prenant garde de ne pas laiffer pafser ce qui s'eft dépofé au fond; verfez de nouvelle eau chaude fur ce réfidu; décantez-la comme la premiere; continuez cette manœuvre jufqu'à ce que l'eau ne paroiffe plus colorée ; fi l'on veut tout avoir, on peut broyer le réfidu, & le retirer de même, par deś lotions répétées, parce qu'il ne doit prefque rien refter, fi la calcination eft bien faite.

On laiffe déposer le fafran de mars

qui a paffé par le flottage, ce qui est l'affaire de vingt-quatre heures; on décante enfuite l'eau qui eft devenue claire; on verfe, à différentes reprifes, de nouvelle eau chaude fur ce qui s'eft dépofé au fond; on la décante lorfqu'elle eft claire ; & quand on juge que le fafran de mars eft dégagé de fels , autant qu'il eft poffible, c'est-àdire, lorfque l'eau qu'on en retire est parfaitement infipide, on le verfe dans quelque vaiffeau de verre ou de porcelaine; on acheve d'en ôter l'eau avec une meche de coton, & on le laisse fécher.

On peut employer avec le même fuccès, le colcothar ou réfidu de la diftillation du fel marin par le vitriol de mars; on le mettra dans le canon de fufil, tel qu'il eft, fans qu'il foit néceffaire de lui faire fubir aucune préparation, ni d'y ajouter de fel marin parce que la bafe alkaline de ce fel qui lui eft reftée unie dans la diftillation, produit le même effet.

On pourroit auffi faire ufage pour le même objet, du réfidu de la distillation du nitre, par l'intermede du viPartie II

« 이전계속 »