fondant il fe trouveroit très-volatil; mais il devient très-fixe, & ne perd rien de fa belle couleur aprés qu'on l'a calciné avec deux fois fon poids de fel marin bien purifié.

Quoique ce fafran de mars foit affurément le plus beau de tous, on n'a pas jugé à propos d'en mettre le procédé dans l'article qui regarde les Artiftes, de peur de les embarrasser par fa longueur & fa difficulté. On n'a pas voulu parler non plus dans le même article par la même raison, du fel de mars de Riviere, quoiqu'en le faifant rougir, en l'édulcorant & en le traitant enfuite avec le fel marin, comme les autres fafrans de mars, on en puiffe tirer une affez belle couleur, & trèsfixe fur l'Émail. On a penfé auffi qu'il étoit inutile d'y parler du fel fufible d'urine, que l'on peut employer avec fuccès à la place du fel marin, à cause de la difficulté d'en avoir de bon, quoique les fafrans de mars que l'on calcine avec le fel fufible d'urine, foient aufli fixes, & pour le moins auffi beaux que ceux que l'on travaille avec le fel marin.

Partie I.

H.

CHAPITRE V.

Les Pourpres & les autres Couleurs tirées de l'Or.

LES

ES anciens Alchymiftes n'ont pas ignoré que l'on pouvoit tirer une couleur rouge de l'or; leurs livres font remplis de flatteufes efpérances que leur faifoit concevoir cette couleur, à qui ils donnent les noms pompeux du lion rouge, du manteau royal, de l'ame pourpre de l'or, &c.

Glauber, dans la 4o Partie du Traité De Profperitate Germaniæ, & Kunckel, dans le 26 Chap. du Laboratorium Chymicum, font la defcription de la précipitation d'une diffolution d'or en rouge par le moyen de l'étain: Caffius a cependant paffé pour l'auteur de ce procédé, puifqu'on lui a donné le nom de précipitation de Caffius. Il eft vrai que dans fon petit Traité De Auro, p. 105, cet Auteur donne la maniere de précipiter l'or en rouge; mais quoique

le procédé foit fort détaillé, il avertit cependant fur la fin que, fans une extrême attention, on eft fujet à ne pas réuffir, & que le fuccès dépend d'une manipulation particuliere qu'il ne juge pas à propos de décrire, afin (dit-il) de ne pas prodiguer tout d'un coup une chose qui lui a coûté tant de foins & tant de peines.

Il eft vrai que la précipitation de l'or en rouge par la diffolution d'étain, demande beaucoup d'attention; mais on efpere faire voir que quand on a une fois trouvé ce qui peut l'empêcher de réuffir, on eft en état de l'obtenir fans la manquer, & même de plufieurs façons. Toutes les précipitations d'or donnent différentes couleurs fur l'Émail; mais chacune tient cependant plus ou moins de la couleur pourpre, comme des gris de lin, des violets, des bruns, & même des couleurs prefque noires. La diverfité de ces couleurs dépend particuliérement de l'alliage qui peut fe trouver dans l'étain, & de la qualité des différents diffolvants qu'on peut employer à le diffoudre; elles font toutes très-fixes; & comme elles ne

font pas vitrifiées, elles fe couchent fort aisément au pinceau, pourvu qu'après qu'elles ont été préparées, on ne les ait pas fait réverbérer à trop grand feu; dans ce cas on retomberoit prefque dans la difficulté que l'on éprouve à peindre avec des verres colorés. Ce défaut fe rencontre fouvent dans les pourpres dont on s'eft fervi jufqu'à préfent, & dans ceux que l'on achete à Venife. Le feu de réverbere augmente la couleur pourpre des précipitations d'or, & même la donne à celles qui ne l'ont point; ainfi il y a toute apparence que ceux qui font réverbérer ces. couleurs, n'emploient cette manœuvre que dans cette vue; mais il faut remarquer que fi le feu eft trop fort, il calcine la précipitation au point de la rendre prefque auffi difficile à faire couler au pinceau, que fi elle avoit été vitrifiée; parce que la pointe du pinceau devenant bourbeufe, la couleur ne s'applique qu'avec beaucoup de peine,

OPÉRATION.

« Pour avoir de beau pourpre, l'or » & l'étain que l'on emploie, doivent » être de la plus grande pureté, c'est

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à-dire, contenir le moins d'alliage » qu'il eft poffible. L'étain fans alliage » eft plus difficile à trouver que l'or >> pur. Cependant l'étain dont on s'eft >> fervi pour faire le blanc, & qu'on >> vend chez les Potiers d'étain, fous >> le nom d'étain doux, réuffit affez bien :: >> il faut commencer par le réduire en » lames auffi minces qu'il eft poffible, > en le battant entre deux feuilles de

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papier fur une enclume avec un mar>>teau. Si l'on veut s'épargner la peine » de mettre l'étain en lames, on peut » fe fervir des feuilles d'étain dont les » Miroitiers étament leurs glaces. II >> faut auffi mettre l'or en lames très>> minces, en le battant entre des feuilles » de papier fur une enclume avec un » marteau ; cela donne la facilité d'en couper des morceaux,& de n'en mettre » à chaque fois que la quantité que l'on » veut dans la diffolution. On fait dif >> foudre l'or dans l'eau régale que l'on

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