A VIS DE L'AUTEUR. JE m'étois propofé de placer en tête de ce Dictionnaire une Differtation fur l'origine & les progrès de la Langue Françoise. Outre l'Hiftoire que je devois donner des révolutions par lesquelles cet idiome a passé pour arriver au point de perfection où nous le voyons parvenu, je m'étois attaché à suivre, dans les Epoques que j'avois à parcourir, les progrès de notre poëfie. Dans cette vûe j'avois recueilli un très-grand nombre de fragmens des Troubadours, & d'autres morceaux choifis des Poëtes qui fe font le plus diftingués depuis, Monfieur de Sainte-Palaye ayant bien voulu me communiquer le recueil immense qu'il a fait de tous nos Poëtes Provençaux, viij AVIS DE L'AUTEUR. tréfor précieux où brille également l'érudition la plus vaste, le goût le plus vrai, le discernement le plus exquis. Ce Mémoire devoit fe borner à quelques feuilles dans le plan que je m'en étois d'abord tracé; mes idées se font tellement multipliées, qu'il ne peut plus aujourd'hui fervir d'introduction à ce Dictionnaire pour lequel je l'avois entrepris; je me fuis donc vu forcé, malgré moi, d'en faire un Ouvrage à part, que je publierai dans le courant de l'année prochaine. DICTIONNAIRE AAISIER, mettre quelqu'un à fon aife, le traiter bien. AALES, Aélis, pour Adélaïde nom de femme. ABABRUPTE, à l'improvifte, Repentind. ABACE, Abéce ou Abacie, table fur laquelle on traçoit des figures & des nombres d'Arithmétique. ABAEUS ou Abaous, biens fans maîtres. ABAI, aboyement d'un chien, Latratus. ABAIÉSSE, une Abbeffe, une Supérieure de Religieufes. ABAILLE, une abeille, Apis. A ABAISER, pour appaifer, fedare, componere. Mez de pot fofrir tel defroi, * Tant que li un l'autre baifa. *(Défaftre.) ABALOURDIR, abrutir, hebetem facere. ABANATION, ex:l d'un an entier. ABAQUE, Abacont, Abaco; voyez Abace. ABAT-CHAUVEE, laine médiocre. ABAIEIS, Forêt, Bois, Sylva. ABATELLEMENT Sentence confulaire au Levant. ABAITURES, Abatturetes, abatis, menus - bois. Frutetun. ABAYFR, écouter avec étonnement, bouche béan te, inhiare loquenti: Abayent, ils aboyent, ils jappent. ABBATE, Abaton, lieu inacceflible. ABEC, amorce, appas, illecebra. ABECHEMENT, action de donner la béquée. ABECHER, donner la béquée, efcam in roftrum avis immittere. ABEILLAGE ou Abollage, une ruche d'Abeilles. ABEL, habile, qui eft capable : ce mot eft Celtique. ABELISER, charmer, ravir quelqu'un. Si m'abélifoit & féoit; Roman de la Rofe. ABERHAVRE oftium. embouchure de riviére, Fluminis ABERITE, une femme éveillée, une égrillarde. ABIGEAT, larcin d'un troupeau de bétail. ABLAIS, Abláos, Abláonte; dépouilles du bled: frumenti fpolia. ABLASIGA, abîmer, affommer, meurtrit. fans. ABOILAGE, droit des Seigneurs fur les abeilles qui fe trouvent dans les forêts de leur dépendance. ABOILE, Aboilie, une abeille, Apis. ABOLLA ou Abolan, robe longue ou manteau. Quant aux meurtriers & décepteurs, Les abomine. Marot. * *(Frippons.) ABORQUEMENT, Abouquement, addition de nouveau fel en fait de falines. ABORRENER, Abourener, abhorrer. ABOUVIER, Aboufier, ôter les bœufs de la char tue, jugum demittere. ABOUSTER, Aboufet, devenir væuf. ABRAMAS, Abrava, forte de Singe, Simius. Bien fot la Mer abriconer. Ovide Mft. ABRIER, Aubtier, le fût d'une arbalète. ABRIER, protéger, tutari; dire, parler, apprendre quelque chofe à quelqu'un. ABRIÉVER, arriver, advenire. ABRII, Abrist, Abrit, un abri contre le vent & la pluie, à vento tutus. ABRUM, Abroum, c'est là toux d'un ivrogne. |