ceux qui le touchent, vertu qui lui fert, dit-on, à fe défendre des gros poiffons, & à prendre les petits. Rhedi, Perrault, Laurenzini croyoient que cette propriété dépendoit d'une infinité de corpufcules. Borelli penfoit que lorfqu'on touchoit ce poiffon, il étoit agité lui-même d'un violent tremblement qui caufoit dans la main un engourdiffement. Réaumur (mém.de l'acad. 2 7 24.) avoit recours à la ftructure de l'animal & à la force de fes muscles, fur-tout de ceux du dos qui s'applatiffoient, devenoient concaves, &, en reprenant rapidement leur convexité, donnoient un coup d'où réfultoit l'engourdiffement. Mais les phyficiens modernes ayant comparé ce choc avec la commotion de Leyde, penferent que cet effet étoit produit par l'électricité de la torpille. M. Walsh, membre du parlement pour le comté d'Angleterre, s'étant rendu à la Rochelle, au milieu de l'année 1772, prouva par des expériences authentiques, que l'analogie de

la commotion donnée par une bouteille de Leyde, avec celle que produifoit la torpille, étoit complette; que dans les deux cas, le choc étoit tranfmis par les conducteurs, & nullement par le verre & les bitumes, &c. &c. M. Walsh a encore découvert que le dos de la torpille eft relativement à fon ventre, comme les deux furfaces du tableau magique, dont l'une eft chargée en plus & l'autre en moins. Dans la furface fupérieure & inférieure, font des affemblages de cylindres flexibles, dont on voit les gravures dans Lorenzini: ce font les organes électriques ; & felon la remarque de M. Hunter, la grandeur & le nombre des nerfs que la nature a accordé à fes organes électriques, proportionnellement à leur grandeur, ne doit pas paroître moins extraordinaire que leurs effets. Les expériences de M. Walsh, ont été répétées à Livourne avec un égal fuccès, par le docteur Ingen Housz, médecin de leurs majestés impériales, à Vienne.

L'anguille de la Cayenne, qui eft probablement cette efpece de lamproie, appelée Puraqué, par M. de la Condamine, dans la relation de fon voyage fur la riviere des Amazones (mém. de l'acad. des fc. 2745, pag. 466.) Gymnotus electricus linn. cette anguille, dont parlent Richer (mém. de l'acad. des fc. ann. 1677, art. VI.) Perrere', dans fon hiftoire de la France équinox; Firmin, dans la defcription de Surinam. tome 2, pag. 261; Bancroft, dans fon hiftoire de la Guiane Françoife; Vander-lott, qui fait mention de fon effet médicinal, & du choc qu'en ont reçu plufieurs paralytiques; Gronovius Mufchenbroeck, tom. 1, in-4°. pag. 392, &c. Cette anguille a la même propriété que la torpille, & en un degré de beaucoup fupérieur, puifque plufleurs negres en ont été renverfés; & que l'analogie électrique eft encore ici la même. M. Bajon, à la priere d'un membre de l'académie des fciences, répéta, en 1773, à la Cayenne, les

expériences de M. Van-der-lott, & l'électricité de l'anguille de Surinam & de Cayenne fut encore confirmée. M. Adanfon, dans fon voyage au Sénégal, 1757, pag. 135, parle auffi de la même propriété électrique qu'a l'anguille du fleuve Niger, que les negres nomment Ouanicar & les François, le Trembleur du Sénégal; propriété qu'il compara à la commotion électrique, dès le mois de feptembre 1751.

Mais ce qui acheve de démontrer de la maniere la plus parfaite, l'identité de l'expérience de Leyde, avec la commotion électrique de la torpille & des anguilles de Surinam, c'eft que M. Walsh, qui avoit propofé de grandes récompenfes aux matelots qui ap porteroient à Londres quelques-uns de ces animaux en vie, a été affez heureux non feulement pour en avoir mais pour appercevoir diftinctement l'étincelle électrique que cette anguille produit en donnant le choc; expérience électrique propre à faire époque. «Nous

» avons dans le moule, dit M. Hales;

une preuve bien remarquable de » l'électricité des globules du fang; car » fi l'on coupe une petite piece de leurs >> ouies, & qu'on l'expofe fur un petit > verre concave avec trois ou quatre

gouttes de cette liqueur, au foyer » d'un microscope double, on verra » le fang fort agité dans ces petits > vaiffeaux; & aux bords de l'ouie » bleffée, on verra avec beaucoup de » plaifir, que plufieurs globules de » fang font repouffés des orifices des » vaiffeaux coupés, & attirés les par >> autres vaiffeaux voifins ; on verra >> auffi d'autres globules pirouettans fur » leur centre, & fe repouffant mutuel»lement d'où il eft clair que les » corps en frottant & pirouettant vive>>ment peuvent acquérir, même dans » un fiue aqueux, la vertu attrac» tive répulsive, c'est-à-dire, l'élec»tricité. Si l'on place du fang récem» ment tiré, devant un microscope, ≫ on verra les globules, par leur mu

tuelle