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je m'en procurai auffi de femblables d'un autre cadavre qui pendant la vie n'avoit point été fujet à des maladies nerveuses. Ces nerfs étant bien deffechés je les frottai dans l'obfcurité, & j'apperçus beaucoup de lumiere électrique, entre le frottoir & les nerfs de celui qui avoit été fujet aux mouvemens fpafmodiques; je n'en apperçus que très-peu dans les nerfs tirés du fecond corps. Les nerfs d'une perfonne fujette aux fpafmes, font donc plus électriques que ceux en qui on n'a jamais remarqué de femblables convulfions, ainfi que le prouve l'expérience que j'ai faite, & que j'ai répétée plufieurs fois avec le même fuccès, ayant confervé plus de deux ans ces nerfs: ce n'eft pas feulement entre mes mains que ces fortes d'expériences ont produit cet effet..

Je commencerai à parler du tetanos. qui eft un genre de fpafme tonique univerfel; & quoiqu'il foit très-rare en Europe, comme il eft fort commun dans le nouveau monde, je m'y arrê

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terai un peu. Les phyficiens & fur-tout les vrais médecins doivent être cofmopolites, parce que les sciences ne font pas circonfcrites à une petite étendue de terrein; leur fphere eft celle de l'univers, comme leur durée eft celle des tems.

Le tetanos (en grec, diftenfion de nerfs.) eft une roideur convulfive de tout le tronc, fouvent des membres, mais fur-tout des mâchoires qui font roides comme des barres de fer. C'est celui de tous les états fpafmodiques, dont les progrès font les plus rapides, qui exige le plus de célérité dans les fecours. Voyez les aphorifmes d'Hippocrate, fccction V, aphorifme VI. Le tetanos eft auffi rare en Europe qu'il eft commun dans l'Amérique Méridionale; plus on approche de l'équateur, plus il devient fréquent & dangereux. Cette maladie convulfive attaque fouvent les enfans nouveaux-nés avant le neuvieme jour; & de l'aveu des habitans de Cayenne, à peine un tiers des

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enfans qui naiffent, échappe-t-il à ce fléau meurtrier. Depuis l'inftant de leur naiffance jufqu'au neuvieme jour, elle eft toujours regardée comme mortelle ; & les habitans en font fi perfuadés, qu'ils abandonnent conftamment à leur malheureux fort tous les enfans qui en font attaqués: en effet, il n'en échappe pas un de ceux qui l'éprouvent avant le neuvieme jour de leur naiffance. Les adultes y font fujets prefque à tout âge; & plufieurs perfonnes l'ont eu après s'être expofées à l'air de la mer, lorfqu'elles étoient toutes couvertes de

fueur. Ces obfervations & les fuivantes font tirées du Mémoire fur le tetanos, inféré dans les mémoires pour fervir à l'histoire de Cayenne & de la Guiane Françoife, par M. Bajon, tom. I, pag. 141, &c.

On a déjà dit que cette maladie eft fi violente, lorfqu'elle attaque les enfans, qu'on n'a pu jufqu'à préfent la guérir;: mais ce qu'il y a de bien étonnant, il a été poffible de la prevenir, & M. Bajon

y a réuffi. Le moyen qu'il a employé, pendant une grande partie de fon féjour dans cette colonie, eft celui que Riolan, médecin de la faculté de Paris, (Opera. anat. 1649, pag. 380.) Le chevalier Digbi, & plufieurs autres auteurs anciens ont indiqué, & fur-tout celui que le célebre Levret (Journ. de med. tom. 37, p. 348.) emploie en Europe dans d'autres vues. Il confifte à faire remonter le fang contenu dans la veine ombilicale, jufqu'au deffus de l'endroit du cordon qu'on doit lier; & aucun des enfans fur qui M. Bajon a pratiqué cette opération pendant 5 ans, depuis 1772 jusqu'à fon départ en 1776, n’a eu le tetanos, appelé dans le mal de mâchoire.

pays

le

Chez les adultes le tetanos eft fouvent la fuite de quelque irritation nerveufe; les fymptomes font d'abord trèsviolents & très-prompts, & le malade périt en fort peu de tems. Les dents font fi exactement ferrées, qu'il n'eft pas poffible de les féparer d'une ligne,

le corps eft d'une roideur extrême, la refpiration des plus laborieuses, le pouls petit, ferré & très-irrégulier, les mala-: des couverts d'une fueur froide, les muscles du cou & de l'épine dans une tenfion violente; quelquefois ces derniers muscles font fi violemment contractés, que le dos forme une concavité confidérable; le malade paroît alors infenfible. Les adultes éprouvent encore une feconde efpece de tetanos, qui ne differe de la premiere que par une marche plus lente, les fymptomes ne se développent que peu à peu.

M. Bajon a encore obfervé que les fueurs abondantes par lefquelles la nature paroît fe débarraffer de l'humeur morbifique, font un moyen très-efficace de guérifon, & que tous ceux qui ont été guéris de cette cruelle maladie en ont eu, qu'ils alloient mieux pendant les fueurs, & que les fymptomes du tetanos revenoient comme auparavant, dès que les fueurs ceffoient. « Quand la fièvre s'eft déclarée,

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