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PREMIERE PARTIE.

De l'Électricité du corps humain dans l'état de fanté.

LA

A fanté eft le plus précieux des biens; & fans elle, que font les dignités,' les honneurs, les richeffes, l'efprit, la fcience, les talens? Mais malheureufement on ne semble connoître le prix de la fanté que lorfqu'on l'a perdue. A peine l'a-t-on recouvrée, qu'on oublie fes avantages ineftimables, à en juger du moins par par le peu de foins que nous prenons pour la conferver, & on peut dire, avec vérité, qu'on poffede ce bien précieux fans en jouir. Les médecins ne paroiffent pas devoir être exempts des reproches que méritent la plupart des hommes. Parmi plufieurs milliers d'ouvrages que chaque fiecle a vu éclore, & qui tous font confacrés à

la guérifon des maladies nombreuses qui affligent l'efpece humaine, à peine en trouve-t-on quelques-uns qui traitent de l'art de conferver la fanté. L'hygiene a malheureusement toujours été négligée, & j'ofe dire que c'étoit précisément la partie de la médecine que les difciples d'Hypocrate auroient dû preférablement cultiver, parce qu'elle eft la plus facile & la plus efficace. L'expérience de tous les jours prouve qu'il eft bien plus aifé de prévenir les maux que de les guérir, & que la médecine prophylactique eft plus capable d'obtenir des fuccès multipliés & durables que la médecine thérapeutique. Afin de ne rien omettre de ce qui a rapport à l'électricité du corps humain en état de fanté, nous diviferons cette premiere partie de l'ouvrage en plufieurs chapitres relatifs à l'influence de l'électricité de l'atmosphere fur le corps humain, & à l'électricité propre du corps del'homme, ce qui comprendra l'électricité communiquée & l'électricité naturelle, ou plutôt fpontanée du corps humain,

CHAPITRE PREMIER. De l'Électricité de l'Atmosphere. L'ÉLECTRICITÉ atmosphérique n'eft plus un problême que pour ces êtres bornés à la ftérile fonction de végéter, & dont toutes les claffes de la fociété ne fourmillent que trop. Depuis les brillantes découvertes & les nombreufes expériences qui ont illuftré le milieu de notre fiecle, il ne peut être permis d'ignorer que l'électricité regne conftamment dans la maffe d'air qui enveloppe le globe de la terre. Cette branche importante de la phyfique étoit entiérement inconnue aux anciens; car on ne doit compter pour rien ce qu'ils nous en ont tranfmis. A la vérité, fix cents ans avant notre ére, le célebre fondateur de la fecte Ionique Thales, découvrit la propriété que l'ambre a d'attirer les corps légers lorfqu'il eft frotté; mais cette connoiffance

qui eft le fondement de toutes celles que nous avons acquifes dans la fuite, fut long-tems bornée à une admiration. oifeufe de ce phénomene furprenant. Plus de vingt ficcles fe font écoulés, fans que ce germe de lumiere ait reçu aucun développement, & ce n'eft qu'entre les mains des phyficiens de nos jours qu'il a pris un accroiffement qui femble tenir du prodige.

Avant l'époque de Marly-la-Ville, époque à jamais mémorable dans l'hiftoire des fciences, nous ignorions que l'électricité étoit une propriété conftante de l'air de l'atmosphere, & conféquemment nous étions bien éloignés de penfer que le corps humain, & même tous les corps organifés, devoient en éprouver une influence marquée. Mais, graces aux expériences des Dalibard, des Delor, des Lemonnier, des Romas, des Franklin, nous favons que cette maffe d'air qui nous environne eft une fource inépuifable de fluide électrique; & pour me fervir de

l'expreffion de M. Lemonnier, qu'elle est un vrai magafin de l'électricité.

de

C'eft fur-tout dans le tems des orages, que l'électricité de l'atmosphere s'annonce d'une maniere bien capable porter la conviction dans les efprits qui feroient le moins difpofés à la reconnoître. Ce trouble général qui regne dans la maffe de l'air, ce combat impétueux des vents, cette agitation finguliere qu'on remarque dans tous les élémens, ces feux qui ferpentent fur nos têtes, & qui fouvent viennent frapper & réduire en cendres nos frêles demeures, ne nous permettent pas de douter qu'il eft au moins des circonftances où l'éle&ricité n'exerce dans l'atmosphere un empire abfolu. Les barres ifolées, les conducteurs élevés pour recevoir le feu électrique, les fufées jetées dans l'air, les cerfs-volans électriques, tous ces appareils de la phyfique moderne, qui non - feulement dans tous les tems & dans tous les lieux, produisent des attra&ions & des répulfions

ΑΣ

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