ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

affectionnait cet emploi, et qui le plus souvent les composait lui-même et à l'impromptu. Tels sont les prologues de Bruscambille, e dans la suite ceux de Turlupin, Gros-Guillaume, etc; ces acteurs paraissaient avec l'habillement de leur caractère. Mais lorsqu'ils n'en avaient point de particulier, ils en prenaient un grotesque et propre à inspirer la bonne humeur. Nous ne rapporterons pour preuve de ce fait qu'un 'passage du cinquième acte de la comédie des Écoliers de la Rivey, où, introduisant le bonhomme Gober, en équipage'de nuit, le valet Luquin dit, en s'adressant aux spectateurs « Ah! en voici un autre, avec << son bonnet de nuit et sa vieille robe <«< fourrée. Faites votre compte qu'il sort «du lit, ou bien que c'est quelque je ne sais qui, lequel, déguisé en ces somptueux ac« coutrements, veut faire l'argument de «< quelque nouvelle comédie. »

[ocr errors]

AUTRE

Parmi les prologues facétieux qu'on trouve dans les anciennes pièces de notre Théâtre, voici le commencement d'un, qui est fort singulier :

« Rien, rien, je ne le ferai pas... je n'y. << suis pas tenu, bien que pour le faire je suis «< assez fourni de fil et d'aiguilles. Voulez, « vous savoir, mesdames, le sujet de majuste « colère ? C'est que nos confrères soutien<< nent par une infinité de beaux arguments « que je suis tenu de le faire, que ma qua«lité m'y oblige; bref, qu'il faut que je le « fasse. Eh bien! il n'y a remède, puisque « mon devoir me sollicite de le faire. Pour « la décharge de ma conscience, je le ferai « donc. Que la sueur ne vous monte pas sur « le front, mesdames... j'entends le prolo«gue, etc. »

CHARITÉ DES COMÉDIENS.

(En 1700.)

Les comédiens français, alors rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, résolurent dans

une assemblée particulière que chaque mois on prélèverait sur la recette une somme qui serait distribuée aux couvents ou communautés religieuses les plus pauvres de la ville de Paris. Les révérends pères Capucins ressentirent les premiers effets de cette charité. A leur exemple, les révérends pères Cordeliers demandèrent à y être admis et présentèrent à cet effet le placet suivant :

Messieurs,

« Les pères Cordeliers vous supplient très « humblement d'avoir la bonté de les mettre << au nombre des pauvres religieux, à qui vous « faites la charité. Il n'y a pas de communauté « à Paris qui en ait plus de besoin, cu égard « à leur grand nombre et à l'extrême pau« vreté de leur maison, qui le plus souvent << manque de pain. L'honneur qu'ils ont d'être << vos voisins leur fait espérer que vous leur << accorderez l'effet de leur prière, qu'ils re<< doubleront envers le Seigneur pour la pro<< spérité de votre chère compagnie. »

Le placet fut porté à l'assemblée le 11

juin 1696, et il y fut résolu de donner trentesix livres par an au couvent des pères Cordeliers du grand couvent, ce qui serait payé à raison de trois livres par mois, dont le paiement sera fait à la fin de chaque mois.

En 1700, les pères Augustins réformés du faubourg Saint-Germain demandèrent la même grâce, et elle leur fut accordée sans peine. Voici la copie de leur placet, et de la délibération des comédiens en conséquence.

A Messieurs de l'illustre compagnie de la comédie du Roi.

« Les religieux Augustins réformés du « faubourg Saint-Germain vous supplient. << très humblement de leur faire part des « aumônes et charités que vous distribucz <«< aux pauvres maisons religieuses de cette « ville de Paris, dont ils sont du nombre, << et ils prieront Dieu pour vous.

« Signé, F. A. MACHÉ, prieur.

« F. JOSEPH RICHARE, procureur. »

Sur le placet des religieux dits Petits-Augustins, du faubourg Saint-Germain, la compagnie a résolu de leur donner, comme aux autres couvents, soixante sols par mois.

Vers 1652, Raimond Poisson jouait les comiques au Théâtre-Français et brillait dans les rôles de Crispin, personnage qu'il imagina; son esprit agréable et rempli de saillies le firent connaître de toute la cour et même du roi Louis XIV.

Poisson était bien venu partout. M. de Colbert lui avait nommé un enfant, ce qui lui avait donné entrée chez ce ministre, à qui il portait quelquefois des vers à sa louange. Un jour qu'il y fut après y être allé plusieurs fois pour tâcher d'obtenir un emploi pour le filleul, mais jusqu'alors inutilement, il salua M. Colbert, et lui dit qu'il apportait quelques vers qu'il prenait la liberté de lui présenter. Le ministre rebuté de pareilles pièces, lui coupa la parole et le pria très fortement de ne lui point lire ces

« ÀÌÀü°è¼Ó »