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Brillèrent tous trois sur la scène!
Sans recourir au sexe féminin,
Qu'ils disaient un peu trop malin;
Faisant oublier toute peine,
Leur jeu de théâtre, badin,
Dissipait le plus fort chagrin;
Mais la mort, en une semaine,
Pour venger son sexe mutin,
Fit à tous trois trouver leur fin.

En voici encore une autre :

Gaultier, Guillaume et Turlupin,**
Qui mettaient tout le monde en liesse,
Ont tous trois rencontré leur fin
Avant d'avoir vu leur vieillesse ;
Si tu veux savoir leur trépas,
Passant, tu n'arrêteras pas;
En deux mots je vais te le dire:
Sache que la mort prend son temps
De retirer les charlatans

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Quand personne ne peut plus rire.

LE PRÉTENDANT GASCON.

Dans la comédie ancienne des bouts rimés de Saint-Glas, dont toute l'action roulait sur un père faisant afficher qu'il donuera sa fille en mariage à quiconque fera le

meilleur sonnet sur des rimes qu'il a données, un prétendant gascon ayant été repoussé, s'écrie:

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« Je me pensois vien entre moi-même « qu'il y auroit de la fabur, le cur me le « disoit. Oh! vien, boilà la première fois,

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depuis trois cents ans, qu'une âme de notre << race a travaillé pour un pris sans l'aboir. « J'ai un frère qui a eu tous les pris au Jus « Fluraux de la maison de bille de Toulouse, « et un autre qui a eu ici le pris de M. de << Valzac. Mon cousin, qui n'a pas tant d'esprit que moi, a eu le pris de poésie. Mon

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grand père a eu le pris de Rouen. Pour « mon trisaïeul, c'étoit la terreur des pris. <«< Il avoit eu tous les pris de l'Urope, et le pris de l'arquevuse, et le pris de l'oye, <«< enfin toutes sortes et manières de pris. << Et quant est des pris de colléges, nous << abons, dans un petit cavinet que nous gar<«< dons comme un vijou, une vivliothèque << des plus de trente mille boulumes qui « n'est composée que de pris. Tous mes << aïeux en ont eu, et je puis dire que je suis « descendu de pris en pris. Comment me

*« présenter à ma famille après aboir manqué le pris? Que diavle! c'est un sujet *« légitimé à ma mère de me déshëriter. »

L'ACTEUR ARMAND,

COMIQUE.

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Cet acteur du Théâtre-Français, › vers 1720, s'était destiné d'abord au notariat * fort jeune, il jouait la comédie de société : son patron, voulant fêter la naissance d'un fils, le chargea d'organiser une représentation en famille. Armand jona un rôle de Crispin: Ce plaisir fut renouvelé à un premier de l'an, et Armand voulut haranguer la compagnie eu habit de Crispin. Voici son compliment:

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« Messieurs, mon dessein n'est pas, dans a ce jour qui renouvelle l'année, de vous jeter de la poudre aux yeux ni de vous « faire croire que des vessies sont des lan«ternes. Je sais trop que marchand d'oiaguons doit se connaître en cibbules, et

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« que vous êtes des éveillés de Poissy, à qui l'on ne ferait pas passer des chats pour << des lièvres, parce que vous en avez bien · << vu d'autres et qu'on ne saurait vous en «< donner à garder. Je n'ignore pas qu'un « discours bien garni de fleurs de rhétorique viendraitici juste comme de cire, ou, << si vous voulez, comme mars en carême, <«< et que ce ne serait point tirer ma poudre <«< aux moineaux ni semer des marguerites << devant des pourceaux. Mais vous savez, << Messieurs, qu'il n'y en a pas de plus em« barrassé que celui qui tient la queue de « la poêle. A petit mercier petit panier, et « à bon entendeur demi-mot. Si nous ne remplissons pas nos rôles comme les « grands acteurs que vous avez journelle<< ment sous les yeux, c'est qu'il n'est pas << permis à tout le monde d'aller à Corinthe, « et que qui est apprenti n'est pas maître. << Loin de nous en faire accroire, nous << avouons de bonne foi que, si nous comp<«<tions moins sur votre indulgence, nous << ne saurions sur quel pied danser. Mais si « vous daignez nous mettre le cœur au ven

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«< tre, nous ne vous promettons pas poires « molles ni plus de beurre que de pain, et << nous irons de cul et de tête, comme des «< corneilles qui abattent des noix. Ainsi, << Messieurs, sans tourner si longtemps << autour du pot ni chercher midi à qua<< torze heures, d'autant plus que vous n'i« gnorez pas que trop gratter cuit et trop parler nuit, je me contenterai de vous << prier de ne pas nous recevoir comme des «< chiens dans un jeu de quilles, en vous << assurant que notre reconnaissance ne sera « pas entre le ziste et le zeste, ni moitié << figue et moitié raisin, et que, lorsqu'il s'a«< gira de vous faire épanouir la rate, on ne « vous verra jamais n'y aller que d'une << fesse, etc.

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Cette harangue fut extrêmement applaudie.

PROLOGUES.

Les prologues des comédies étaient assez ordinairement prononcés par un acteur qui

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