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bées; on voulait les saisir, mais elle eut la présence d'esprit de dire,dans un baragouin moitié français moitié allemand, qu'elle 'était étrangère, qu'elle ne savait

pas les usages de France, et qu'elle s'habillait à la façon de son pays. Elle persuada si bien que le premier commis de la barrière, qui avait resté plusieurs années en Allemagne, prit sa défense, la laissa passer, et lui fit beaucoup d'excuses. Au mois de juin 1771, la maladie dont elle est morte se déclara; sa fermeté n'en fut point ébranlée; elle s'occupa des soins de son ménage et des détails les plus minutieux jusqu'à la veille de sa mort, qui arriva le 21 avril 1772. Elle fit plusieurs pièces en société avec son mari. Voici des vers que l'on a faits pour être mis au bas de son portrait:

*

Nature un jour épousa l'art;
De leur amour naquit Favart,
Qui semble tenir de son père
Tout ce qu'elle doit à sa mère.

LEGRAND.

Legrand, comédien et fils d'un chirurgien-major des Invalides, naquit à Paris le même jour que Molière mourut. Il fut reçu aux Français en 1702. On eut d'abord beaucoup de peine à s'accoutumer à sa figure; on rapporte même qu'un jour où il avait été mal reçu dans un rôle tragique, il harangua le public en disant : « Messieurs, il vous est << plus aisé de vous accoutumer à ma figure « qu'à moi d'en changer. » On a de lui de très jolies comédies. Il mourut dans la cinquante-sixième année de son âge, après avoir reçu les sacrements de l'Église. Legrand, son fils, s'acquittait avec succès des rôles à récit dans le tragique et de plusieurs rôles omiques. Il se retira du théâtre, étant le doyen des comédiens français, en 1758.

LE KAIN.

Le Kain était un des plus grands acteurs tragiques qui aient paru sur la scène française. On lui fit les vers suivants :

Que Le Kain rend bien sur la scène

Ou la tendresse ou la fureur!

Ce favori de Melpomene

Connaît le vrai chemin du cœur.

PONT - ALAIS.

Pont-Alais, contemporain de Gringoire, fut comme lui auteur et acteur, et devint par la suite entrepreneur du mystère par représentation. Pont-Alais eut un jour l'idée de faire tambouriner son spectacle dans le carrefour proche de l'église St-Eustache. Le curé, qui faisait alors le prêche, interrompu par le bruit et voyant ses paroissiens sortir en foule de l'église pour aller entendre Pont-Alais, se rendit dans le carrefour, et s'approchant de Pont-Alais : « Qui vou,

« a fait si hardi de tambouriner pendant « que je prêche?-Et qui vous fait si hardi «< de prêcher quand je tambourine? » répondit Pont-Alais. Sur cette réponse, le curé se retira prudemment, mais il alla porter sa plainte au magistrat qui fit mettre PontAlais en prison, et ce ne fut qu'au bout de six mois qu'il obtint sa liberté et la permis. sion de continuer ses jeux.

Un acteur jouant le rôle d'Harpagon dans l'Avare se laissa tomber en courant et en criant au voleur, à la scène de la cassette. Loin de chercher à se relever, il eut la présence d'esprit de continuer son rôle par terre, comme un homme affaissé sous le poids de la douleur et du désespoir. Il ne se releva qu'à l'endroit où la nature et la vérité lui permettaient de le faire, et le public fut persuadé qu'il était tombé exprès, pour mieux rendre son jeu.

Un spectateur extrêmement attentif à la tragédie de Britannicus, où Narcisse répète à Néron ce qu'il a dit à Britannicus et les trompe alternativement l'un et l'autre, cet homme, par un mouvement de franchise et d'intérêt, s'écria : « Ne le croyez pas, monsieur, il en vient de dire autant à monsieur votre frère. »

Un bon acteur débutait par le rôle du comte d'Essex. Une forte cabale était acharnée à l'interrompre, chaque fois qu'il allait parler; mais à la seconde scène, à peine la duchesse avait-elle achevé de lui dire, en parlant du courroux de la reine :

Ne vous aveuglez point par trop de confiance, C'est par son ordre exprès qu'on s'informe, on s'instruit.

que cet acteur, sans se déconcerter du brouhaha réitéré, prit l'actrice par la main, la conduisit fièrement au bord de la scène, et après une petite pause pour fixer l'attention générale, lui dit avec cette assurance

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