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leur paroît détestable; ils ne mêlent point le bien gagné à la fueur du front (pour me fervir de leur maniere de parler) avec celui qui eft provenu du vol, ou de l'ufure. Ils emploïent celui-ci à quelque chofe qui puiffe lui faire changer On fait au- de nature. Les Drufes qui ne font que les Dru- gueres bons Mahometans, ne mêPoint Maho- lent point auffi l'argent qui vient du

jourd'hui

fes ne font

metans.

Turc,avec celui qu'ils auront reçu d'un Franç. Ils remarquent même fi le fac eft de ceux dont les Turcs fe fervent alors l'argent d'un François qui aura été dedans, en a gagné le mal, & eft cenfé illicite, la raifon de cela eft qu'ils font perfuadés que nôtre Roi eft jufte, qu'il n'eft point Tyran, que l'argent que nous avons eft gagné licitement, par nôtre travail, que l'ufure eft défenduë par nôtre Loi, & que celui des Turcs ne vient que des concuffions, des tyrannies, deş ufures & du fang des pauvres; mais cela n'empêche pas qu'ils ne le prennent avec beaucoup d'avidité: ils

ont

ont des moïens pour rectifier toutes choses.

Les Arabes font trés modestes. dans leur contenance, ils font affis à terre devant les Emirs, & devant les Etrangers, & afin que leurs mains ne fe portent, fans y penfer, à quelque endroit indécent, ils peignent continuellement leurs barbes avec les doigts de la main droite; & ils mettent la gauche par deffous le coudé pour foutenir le bras. Si un Emir, ou un Cheikh, ou un Etranger entre, ils fe levent tous, leur cedent le haut bout, & ne s'affeïent jamais que les nouveaux venus ne foient affis.

La médifance,comme nous avons dit, ni les emportemens de paroles, ne font point en ufage chez eux; ils difent du bien de tout le monde; ils excusent tout, & ils fupportent les défauts d'autrui avec patience; lorfqu'il furvient quelque different entre eux, & qu'infenfiblement ils fe mettent en colere, ils reviennent d'abord, & fe remontrent les uns

P

par

aux autres leur devoir par de bons raifonnemens, par des comparaifons, & des Sentences. Si quel qu'un par exemple s'eft emporté juf qu'à traiter un homme de Cocu, d'excommunié, d'homme fans honneur, qui font les injures les plus ordinaires, on les raccommode fur le champ & on les voit rarement fe fraper, quelque femblant qu'ils faffent quelquefois de tirer le poignard; enfin les Arabes ne s'enyvrent jamais, ils ne jo üent que pour paffer le tems, & ne joüent jamais d'argent; ils fe traitent avec refpect, & avec civilité; ainfi ils font toûjours bons amis, & ils vivent ensemble avec une grande

union.

Il n'y a parmi eux que la haine du fang, qui eft irreconciliable par exemple, fi un homme en a tué un autre, l'amitié eft rompuë entre leurs familles, & toute leur pofterité; elles n'ont plus de communication ensemble, plus de commerce, ni d'alliance; fi elles fe trou

vent dans quelque interêt commun, ou s'il y a quelque mariage à propofer, on répond honnêtement, vous fçavez qu'il y a du fang entre nous, cela ne fe peut pas, & nous

avons nôtre honneur à conferver. Ils ne fe pardonnent pas là-deffus, jufqu'à ce qu'ils foient vangés mais ils ne s'empreffent point pour cela; ils attendent leur tems, & l'occafion de le faire bien à propos; c'est encore une raifon qui les oblige de bien vivre enfemble, & à bannir de chez eux tout ce qui les peut porter à ces fortes d'excés. Les Arabes croïent quelquefois que quand on crache, c'est par mépris: ils ne le font jamais devant leurs fupérieurs ; ils ne fe mouchent point, non plus que les Turcs, & leurs mouchoirs ne fervent qu'à effuïer les mains, ou le vifage; ou à mettre fur les genoux pour peigner leur barbe ; ou quand ils mangent au lieu d'une ferviette. En Barbarie, & dans certaines villes de l'Empire Othoman, on donne de

petites taffes pleines d'eau pour cracher dedans.

Malgré la prévention les Arabes ne font pas naturellement cruels, & il eft rare que les Princes de cette nation faffent mourir quelqu'un ; ils haïffent les Turcs comme des ufurpateurs du païs qu'ils poffedent, & parce qu'ils font toûjours leurs ennemis, ils ne fe pardonnent point, & fe traitent, comme l'on dit, de Turc à Maure.

Ce qu'il y a de plus malhonnête parmi eux, c'est de lâcher des vents, c'est une espece de crime que d'en faire volontairement. Lors qu'il leur en échappe par malheur dans quelque compagnie, ils font regardés comme des gens infames, avec qui l'on ne veut plus avoir de commerce, & il est souvent arrivé que ceux qui avoient eu ce malheur, ont été obligés de s'absenter, & de paffer chés d'autres peuples, pour n'être pas expofés aux huées, &à toutes les fuites d'une méchante réputation.

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