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laiffent dans la liberté de prendre l'air pour quelques momens, tout le refte de la journée fe paffe dans où elles demeurent en

les tentes,

fermées.

On ne fçauroit entrer dans le détail de leurs occupations, tout ce qu'on peut en juger par leurs éclats de rire, c'eft qu'elles causent volontiers, & qu'on les entretient par des récits fabuleux. Elles font quelquefois de petits voïages d'une ou de deux lieuës, pour vifiter les autres Princeffes; aucun homme ne les accompagne, & c'eft affés pour toute leur garde de fçavoir que ce font des femmes, pour n'en approcher en aucune façon.

J'ai vû arriver de ces Dames au Camp de l'Emir Mehemet, qui venoient vifiter la Princeffe fa femme la derniere qui y vint étoit montée fur un chameau, couvert d'un tapis, & orné de fleurs, une douzaine de femmes marchoient en file devant elle, tenant d'une main le licol du chameau ; elles

chantoient les louanges de leur maîtreffe, & des chanfons qui marquoient leur joïe, & le bonheur qu'elles avoient d'être attachées au fervice d'une fi belle & fi aimable Dame. Elle étoit parée de tous les atours, couverte d'un grand voile blanc depuis la tête jufqu'aux pieds, en gardant un filence profond & tel que fa qualité le demandoit ; celles des fervantes qui marchoient devant, & qui étoient les plus éloignées de fa perfonne, venoient à leur tour fe mettre à la tête du chameau, & prendre le licol auprés de la Princeffe, lorfqu'elle avoit marché une vingtaine de pas, cedant cette place aux autres, comme étant le pofte d'honneur. La femme de l'Emir envoïa les fiennes au devant, & elles fe joignirent aux autres, qui par honneur leur cederent entièrement le licol, & fe mirent derriere le chameau, marchant en cet ordre jufqu'à la tente, où elle defcendit, appuïée & foûtenue par les femmes, qui

La Princesse Epouse du Grand Emir

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