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ACTE V.

SCENE PREMIERE. D'URVAL, DAMON en domino. Il paroît dans le fond du Théatre des Girandoles allumées.

D'URVAL.

VIens, tandis que le Bal dans cette gallerie

Occupe tout le monde, acheve, je te prie :

Que veut dire ce Peintre?

DAMON.

A l'égard du portrait,

C'est un vol; & voici comme on te l'a fouftrait.
Damis a chez ce Peintre été par avanture,

Il la vû travaillant à cette mignature ;
Alors notre Marquis a formé le deffein
De fe l'approprier, & d'en faire un larcin.
Un de fes gens qu'il a couvert de ta livrée,
L'eft allé demander; le Peintre l'a livrée,
Croyant que ce portrait devoit t'être remis.

C'eft ce que j'en ai fçû, fans t'avoir compromis; Car je viens de trouver ce Peintre chez Constance J'ignore à quel fujet, je n'ai point fait d'inftance. D'URVAL.

Quelle fcélérateffe!... Ah! permets, cher Ami.... DAMON.

Attends : je ne fais pas les choses à demi.

Dans un endroit du Parc j'ai détourné mes traîtres a
D'abord ils ont voulu faire les petits maîtres ;
Mais je leur ai ferré de fi près le bouton,
Qu'il a fallu, morbleu, qu'ils changeaffent de ton.
J'en ai tiré l'aveu de leurs forfanteries :

Ils s'étoient fait tous deux autant de menteries.
Le renvoi de l'écrain leur a fait inventer

Le bonheur dont ces fats ont ofé fe vanter.
Après leur avoir fait la leçon assez forte,
En lui donnant le portrait.

J'ai repris le portrait, & je te le rapporte.
Je n'imagine pas qu'ils en ofent parler ;
Et même tous les deux viennent de s'en aller.
D'URVAL abattu.

Dans quel excès m'a fait tomber leur impudence
Et d'un autre côté quelle affreuse vengeance !

DAMON.

Mais tu me parois peu fenfible à ce fuccès.
D'URVAL.

Hélas! reproche-moi plûtôt un autre excès.

Je me trouve au milieu de mon bonheur extrême

Un traître, un malheureux en horreur à lui-même) Indigne déformais de ma félicité ;

Et l'on m'accuse encor d'infenfibilité,

Lorfque je vais périr accablé fous la honte,
Où m'a plongé l'accès d'une fureur trop prompte.

DAMON.

Je vois à tes regrets....

D'URVAL.

Dis à mon défelpoir.
DAMON.

Mais au fort de Conftance il eft tems de pourvoir D'URVAL attendri & les larmes aux yeux. Que fait-elle à préfent.... Que faut-il que j'efpére? Dis-moi... qu'eft devenue une Epoufe fi chére? .... Ah! je fuis fon bourreau plûtôt que fon Epoux. Pourra-t-elle furvivre à de fi rudes coups?

Sa bleffure eft mortelle, & j'en mourrai moi-même
DAMON.

Rien n'eft défefpéré dans ce malheur extrême.
Conftance t'a fauvé la honte de l'éclat :
Elle en impofe à tous & cache fon état;
Son courage furpaffe encor fon infortune;
Elle fait les honneurs d'une fête importune,
Dont elle ne croit pas être l'objet fecret.
Il eft vrai qu'en paffant, mais fans être indifcret,
Je l'ai calmée un peu ; j'ai caché tout le refte.
Viens, un plus long délai lui deviendroit funefte;
Son courage eft peut-être à fon dernier effort,

D'URVAL.

Cher Ami, je te rends le maître de mon fort.
Sois mon unique appui, ma reffource auprès d'elle;
Peins lui mon défefpoir: ah! quelque foit ton zéle,
Tu ne pourras jamais en peindre la moitié :
Ne me ménage plus, implore sa pitié.

:

DAMON.

Tu fçauras mieux que moi perfuader Conftance :
Je lui ferois fufpe&t dans cette circonftance.
Pourquoi te refufer ce plaifir fi flateur.
D'aller à fes genoux lui reporter ton cœur ?
D'URVAL.

Me refuferois-tu d'achever ton ouvrage ?
DAMON avec vivacité.

Tu n'es impétueux que pour faire un outrage,
D'URVAL.

Tu veux qu'un furieux qui fort de fon accès,
Qui vient de fe porter au plus coupable excès,
Qui vient d'accumuler blessure sur bleffure,
Oppobre fur opprobre, injure fur injure,
Aille auffi-tôt braver l'objet de sa fureur ;
Et s'offrir à des yeux qu'il a remplis d'horreur;
La honte me retient....

DAMON.

D'Urval, elle t'abuse;

La honte eft dans l'offenfe, & non pas dans l'excufe.

DURVAL.

Puis-je defavoüer ces malheureux écrits,

Où je jure à Conftance un éternel mépris ?
Peut-elle déformais prendre aucune affûrance,
Compter fur des fermens que j'ai détruits d'avance?

DAMON.

L'Amour pardonne tout; mais je t'ouvre un moyen.'
Je dois avec Conftance avoir un entretien ;
C'eft fans doute au fujet de tout ce qui fe paffe:
C'eft elle qui m'a fait demander cette grace;
Pendant le Bal j'espére en trouver le moment.
Nous fommes convenus de ce déguisement ;
Je dois refter masqué.

D'URVAL.

Si je prenois ta place?
DAMON.

D'Urval, tu me préviens.

D'URVAL.

En parlant à voix baffe,

Je pourrai la tromper; j'éclaircirai mon fort;

Je lirai dans fon cœur.

DAMON.

Je parlerai d'abord,

Afin de lui donner une pleine affûrance ;
Tu nous obferveras alors avec prudence:
Et tu pourras bientôt trouver l'heureux moment
De te fubftituer près d'elle adroitement.
D'URVAL après avoir rêvé.

Ma curiofité me fait trop entreprendre.

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