Dont fon fexe eft toûjours l'innocente victime: Je ne fçais quel exemple, ou plûtôt quelle erreur Vous ferai-je un aveu, peut être inexcufable: CONSTANCE. Monfieur, elle fe trompe, & nous offense tous. Aux chagrins les plus grands elle vous croit en proye. CONSTANCE. Damon, il n'en eft rien. DAMON. Vous voulez qu'on vous croye. CONSTANCE. Brifons là, je vous prie. Avant notre départ, DAMON. C'est en vous que j'espére : Vous fçavez que fon fort dépend de votre Pere. De la faire changer d'idée & de langage. Quelle époufe peut rendre un époux plus heureux ? SCENE I I. CONSTANCE feule. Aut-il que mon Epoux ne faffe aucun usage Des confeils d'un ami fi fidéle & fi fage? Me verrai je toûjours dans l'embarras cruel D'affecter un bonheur qui n'a rien de réel?... Oui, je dois m'impofer cette loi rigoureuse: Le devoir d'une époufe eft de paroître heureuse. L'éclat ne ferviroit encor qu'à me trahir; D'un ingrat qui m'eft cher je me ferois haïr : Du moins n'ajoûtons pas ce fupplice à ma peine; Son inconftance eft moins affreufe que fa haine. SCENE III. CONSTANCE, ARGANT. CONSTANCE. Vous m'avez ordonné de vous attendre ici; Sans quoi je vous aurois prévenu. CONSTANCE. Vous paroiffez émû? ARGANT. Me voici. r Je fuis même en colere. Je fors de chez Sophie; elle tient de fa Mere. CONSTANCE. Quoi, vous fçavez? ... ARGANT. Ma Fille, un peu de complaifance: Que je parle d'abord à mon tour. CONSTANCE. ARGANT. J'obéis. D'Urval eft à peu près ce que je fus jadis: Ce tems n'eft pas fi loin, que je ne m'en fouvienne, Si ma Femme cût voulu, devoit être éternelle. CONSTANCE. Quand on croit deviner, on fe trompe fouvent. ARGANT. La contradiction me ravit & m'enchante.... Eh bien, Madame, foit: vous êtes très-contente... "Oui... très-heureuse... très... CONSTANCE. Monfieur, en doutez-vous? ARGANT. Et vous dites par tout du bien de votre Epoux.... Et que... J'enrage de bon cœur.. Mais, de grace, achevez de me tirer d'erreur : Ma Niéce eft votre amie, je lui fers de pere. CONSTANCE. Elle mérite bien de nous être auffi chere. ARGANT. Oui mais on a pris foin de lui gâter l'esprit ; |