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D'URVAL.

Comment, Madame eft feule ?

HENRY.

Oui, feule abfolument.

D'URVAL.

Eft-il für l'as-tu vû?

HENKY.

Le rapport eft fidéle :

Oui, Monfieur, elle n'a que Florine avec elle.

D'URVAL.

Il s'éloigne.

Florine, me dis-tu ? Mais...c'est toûjours quelqu'un...

Je pourrai renvoyer ce témoin importun.....

Allons .... il faut aller ... puifque tout me seconde ;
Mais je ne fonge pas qu'il peut entrer du monde.
Je fuis trop obfédé... ne pourrai-je jamais
Difpofer d'un moment au gré de mes fouhaits?...
Quel contre-tems s'oppose à ce que je défire!...
Oui, car pour expliquer ce qui me reste à dire,
Il me faut.... je n'aurai qu'un entretien en l'air....
Irai-je commencer, & fuir comme un éclair?
Je ne puis m'enfermer, fans que l'on en raisonne...
Que faire ?.... Auffi d'où vient que Damon m'aban-
donne?....

Je ne puis le rifquer .... il y faut renoncer....

Il me vient dans l'efprit... Oui,c'eft bien mieux penfer. Affûrément... fans doute.. auffi-blen fa préfence, Ses charmes... fes regards, dont je fçais la puiffance

Mes remords... mon amour dans ce terrible inftant,
Cauferoient dans mes fens un défordre
trop grand.
Ah! qu'il eft mal-aifé, quand l'amour eft extrême,
De parler auffi-bien qu'on penfe à ce qu'on aime!...
A Henry.

Approche cette table... Un fauteuil... Eft-ce fait?..
Ai-je là ce qu'il faut?.. Une lettre en effet
Préparera bien mieux ma premiere visite;
Le plus fort fera fait, le refte ira de fuite.
Il fe met à écrire.

HENRY.

C'eft affaire de cœur ; parbleu,depuis long-tems
Le patron reprenoit haleine à mes dépens,...
Tant mieux, plus un maître aime, & plus un valet

gagne.

'Allons, apprêtons-nous à battre la campagne. J'ai bien l'air de coucher hors d'ici.

D'URVAL.

Sûrement

Je n'aurai de mes jours écrit fi tendrement.
Je prépare à Conftance une aimable surprise.
Il continue d'écrira

HENRY.

Il tire fon rôles J'ai là certains papiers, il faut que je les life. q Voyons, tandis qu'il fait éclore son poulet, Quel est mon rôle. A moi le rôle de valet ? Mais cela ne va point avec mon ministére;

Je fuis homme de chambre, & prefque fécretaire :
A quelqu'un de nos gens, il pouvoit convenir...
Sçachons donc à qui j'ai l'honneur d'appartenir...
Il feuillette & retourne fon rôle de tous côtés.

Je veux être pendu, fi j'entends Jette gâme...
Ah! je fers un époux amoureux de sa femme.
Ventrebleu, le fot Maître à qui l'on m'a donné ......、
Qüi-dà, le perfonnage eft bien imaginé.
D'URVA L.

Ce maraut me diftrait: c'eft fon rôle, je gage.
HENRY.

Monfieur, je m'entretiens avec mon perfonnage...
Pefte en voici bien long tout d'un article écrit.
Voyons, c'est moi qui parle, aurai-je de l'efprit?
Illit.

Oui, Nerine, je suis à l'imbecile Maître,
Qui s'eft accoquiné dans ce taudis champêtre,
A la trifte moitié, dont il s'eft empêtré ;
Son ridicule amour ici la féqueftré ;

C'est un oifon bride, tapi dans fa retraite,
Qui n'a plus que l'inftinet que fa femme lui prête.
Le bel équivalent, au lieu du fens commun.

D'URVAL impatient.

Faquin... contenons nous... Chaffons cet importun à Henry.

Vous plairoit-il d'aller un peu plus loin attendre ; Aurois-je dû le dire? Ayez soin de m'entendre, Lorfque j'appellerai, que l'on fe tienne près.

G

HENRY.

Allons, hé, qu'on me felle un coureur vîte & frais.

Il fort.

SCENE

XII.

D'URVAL feul. Ilfe leve.

LE parti que je prends eft donc bien ridicule,

Si jufqu'à des valets.... Etouffons ce scrupule...
Il fe remet,

Ce coquin fortira. Je ne fçais où j'en fuis....
Continuons pourtant... Achevons fi je puis.

Il ecrit.

Puiffai-je en voir l'effet que j'ofe m'en promettre.
Holà... Henry... Voyons, relifons cette lettre.
Il lit.

C'est trop entretenir vos mortelles douleurs;

L'ingrat que vous pleurez, ne fait plus vos malheurs...
Il lit bas.

Je la puis envoyer... Mettons ma fignature...
En fignant.

Je voudrois me pouvoir trouver à la lecture.
Ah! j'oubliois d'y joindre auffi ces diamans.
Il tire un écrain.

Conftance eft peu fenfible à ces vains ornemens ;
Mais je me fatisfais, j'embellis ce que j'aime.
Henry? Les valets font d'une lenteur extrême.

SCENE XIII.

D'URVAL, HENRY en équipage de Poftillon.

HENRY.

Monfieur, me voilà prêt, vous n'avez qu'à parler.

D'URVAL.

Quel eft cet équipage; où crois-tu donc aller?

HENRY.

A Paris... C'eft, je crois, vers certaine Ducheffe... Vous vous reprenez donc pour elle de tendreffe?

D'URVAL en cachetant la lettre.

Tu n'iras pas fi loin.

HENRY.

Ma foi, Monfieur, tant pis.

Elle fe vengera, je vous en avertis.

La Ducheffe fe plaint que pour rompre avec elle,
Et lui mieux déguifer une intrigue nouvelle,
Avec Madame vous. .feignez de renoüer.

...

Je ne fçais pas quel tour elle veut yous joüer;
Mais... tout franc convenez que votre amour la traite
Comme je traiterois une fimple foubrette.

D'URVA Len donnant la lettre & l'écrain,
Va chercher la réponse, & donne cet écrain.
HENRY.

Et des bijoux auffi? L'affaire ira grand train.

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