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FLORIN E.

Oui, Madame, éclatez, ceffez de vous contraindre, Quand on n'eft plus aimée, il faut fe faire craindre, CONSTANCE tendrement.

Quand on n'eft plus aimée!

FLORINE.

On peut le mener loin.

Moi, je dépoferois, s'il en étoit befoin.

CONSTANCE.

Je ne veux employer que nos uniques armes.

FLORIN E.

Eh qui font-elles donc ?

CONSTANCE.

Les foupirs & les larmes

FLORINE.

Bon, il vous laiffera gémir & foupirer.

On croit nous faire grace en nous laiffant pleurer;
On ne convient jamais des chagrins qu'on nous donne
On croit que dans nos cœurs le plaifir s'empoifonne;
Que le fexe fe fait lui-même fon tourment ;
Et qu'il n'a pas l'efprit d'être jamais content.
Servez-vous contre lui de ces lettres fatales
Que vous a fait remettre une de vos rivales.
Que j'aurois de plaifir à confondre un ingrat!
CONSTANCE.

Elle remet les lettres dans fa poches Je me garderai bien de faire cet éclat:

Il ne fçaura jamais, fi j'en fuis la maîtreffe,

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Que je fçais à quel point il trahit ma tendrefle.
Je ne veux point aigrir fon cœur & fon efprit
Ni détruire un espoir que mon amour nourrit.
En feignant d'ignorer & de vivre tranquille,
J'affûre à mon volage un retour plus facile ;
Je lui donne un moyen de me mieux abuser,
Et quand il le voudra, de fe mieux excufer.
Je veux lui demander ce qu'il veut que je faffe
Des préfens qu'on m'a faits, & qu'il m'en débarraffe ;
Je veux entre les mains remettre cet écrain.
FLORIN E.

Vous en aurez, Madame, encore du chagrin :
Ce ne fera pour lui que des galanteries;
Il vous éconduira par des plaifanteries,
Comme il a déjà fait. Vous aurez la douleur
De ne le pas trouver fenfible à son honneur.

CONSTANCE.

Tu le crois... il eft vrai... j'y ferois trop fenfible;
Mon cœur que je contiens dans un calme pénible,
Pour la premiere fois ne m'obéïroit plus,
Et j'en aurois après des regrets fuperflus.
Fuyons l'occafion, peut-être inévitable,
De trouver mon Epoux encore plus coupable.
Je ne le verrai point... Je m'en prive à regret....
Et toi, prends cet écrain, tu connois l'indifcret...
Que je le hais !

FLORINE.

Lequel?

CONSTANCE.

Ah! tu me défefpéres.

FLORIN E.

Je vous l'ai dit, Madame, ils font deux téméraires.

CONSTANCE.

Que ce foit l'un ou l'autre, il n'importe. Au furplus Fais comme tu pourras ; mais ne m'en parle plus : Que cette indignité ne bleffe plus ma vûë,

FLORINE.

Allons, Madame, quitte à faire une bévûë.

Elle forta

SCENE I V.

FLORINE feule.

Voyons pourtant; à qui remettrai-je l'écrain ?

Entre nos deux Marquis le choix eft incertain:
Gens de même acabit, perfonnages frivoles,
Fiers d'avoir peut-être eu le cœur de quelques folles,
Etourdis par inftinct & par réflexion,

Effrontés fans fuccès & fans confufion,

Impudents toûjours pleins d'un espoir téméraire, Qu'on éconduit toûjours fans pouvoir s'en défaire, Satisfaits fans fujet, indiscrets fans faveurs, Jaloux de nos vertus, ravis de nos malheurs, Scélérats en amour, dont les langues traîtreffes

Nous font bien plus de tort que toutes nos foibleffes
Voilà les compagnons dont le couple indifcret,
M'a vingt fois confié leur rifible fecret.

Quel eft celui des deux qui s'eft mis en dépense?..
Comment le démêler?..C'eft en vain que j'y penfe :
C'eft l'un ou l'autre; mais de quel côté pancher ?...
Il faut pourtant réfoudre... Attendez: pour trancher,
Si j'empochois l'écrain... j'en aurois pour ma vie...
Ce n'eft pas l'intérêt qui m'en donne l'envie ;
Oh! non, c'eft feulement pour finir ce tracas
Et tirer ma Maîtreffe avec moi d'embarras....
Ne nous y jouons point : l'intention eft pure,
On y pourroit donner toute une autre tournure.
Elle voit Clitandre & Damis

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Mais la fortune ici les amene tous deux
Fort à propos. Partez, bijoux trop dangereux.

SCENE V.

FLORINE, DAMIS, CLITANDRE..

FLORIN E.

R Eprenez votre enjeu, laboëtte eft complette ;

Ma Maîtreffe à ce prix n'en veut point faire emplette.
Confolez-vous, une autre en fera plus d'état :
Vous fçavez ce que c'eft, entre vous le débat.

Elle fort.

SCENE V I.

DAMIS, CLIT ANDRE recevant l'écrain.

D. AMIS.

EH! c'eft donc toi, Marquis, tes préfens te re

viennent ?

CLITANDRE.

A moi? C'est bien à toi,parbleu,qu'ils appartiennent,

DAMIS.

Tu veux par vanité me les abandonner.

CLITANDRE,

Le change me paroît difficile à donner,

DAMIS.

La gloire... ***

CLITANDRE.

Le dépit.

DAMIS.

Prends toûjours à bon compte,

Je m'engage au fecret.

CLITANDRE.

Je cacherai ta honte.

DAMIS.

Que ne me difois-tu....

CLITANDRE.

Tu devois m'avouer...

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