M. Bonamy, digne Membre de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres & Hiftoriographe de la Ville de Paris, à donner à ce fujet un Mémoire Hiftorique & Topogra phique dont on trouve un extrait affez étendu dans le XXIII Tome des Mémoires de la même Académie (1). Malgré la folidité de ce Mémoire, les Perfonnes qui ont eues entre les mains un plus grand nombre de titres que M. Bonamy n'en avoit vûs concernant cet Emplacement, font en état de donner un Ouvrage plus complet que le fien fur la même matiere.

C'eft précisément le cas dans lequel je me trouve. J'ai vu tous les titres dont M. Bonamy, & même Sauval avoient eu communication: & outre cela j'ai eu entre les mains.

(1) Mémoires de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres, Tome 23, pag. 262, de l'Hiftoire.

non-feulement tous les Titres, Terriers & Cartulaires de l'Archevêché de Paris dans la Cenfive duquel l'Emplacement de l'ancien Hôtel de Soiffons a toujours été; mais encore bien d'autres titres qui m'ont été confiés, & entr'autres douze titres originaux qui m'ont été communiqués par les Dames Religieufes de Saint Magloire demeurantes depuis longtemps rue Saint Denis, & qui avoient habité ce terrein pendant plus de foixante-quinze ans.

Muni de tant d'Inftructions au fujet de cet Emplacement, je n'ai pu me refufer à la fatisfaction d'en faire part au Public, à caufe de l'intérêt qu'il a paru prendre aux différens changemens que ce terrein a éprou vés.

PREMIERE ÉPOQUE

Depuis l'an 1230 jufqu'à l'an 1388,

L'Hôtel de Nefle, premiere origine de celui de Soiffons. Cet Hôtel (reconnų par le Roi Saint Louis pour être dans la Cenfive de l'Evêché de Paris) eft fucceffivement habité par la Reine Blanche les Comtes de

ر

Valois, les Rois de Bohême & les
Comtes de Savoye,

IL paroît que ce furent les Seigneurs

de Nefle qui bâtirent la premiere maifon dans cet Emplacement, lequel étoit encore en Prés & en Vignes du temps de Philippe Augufte. On voit en effet qu'en l'année 1230, Jean II du nom, Seigneur de Nefle & Châtelain de Bruges, poffédoit en cet endroit un Hôtel qui lui étoit échu

par fucceffion. (1) Les Hiftoriens qui nous inftruisent de ce fait, nous ap→ prennent en même-temps que ce Jean de Nefle & Euftache de Saint Pol fa femme, firent préfent de cet Hôtel au Roi faint Louis & à la Reine Blanche fa mere. Les Lettres qui contiennent cette donation, font citées par les Auteurs: on les trouve d'ailleurs tranfcrites dans un Regiftre du Tréfor des Chartes, où elles font ainsi intitulées : (2) Littere Johannis Domini Nigelle & vxoris ejus,de quitatione Domus Paris. Que Dicitur Nigelle; & dans le corps des Lettres, Jean de Nefle & fa femme nomment cet Hôtel, leur Maifon de Paris: Nos Excellentiffimo Domino noftro Ludovico Dei gratia Regi Francorum Illuftri, &

(1) Sauval, antiquités de Paris, Tome 2, pag. 211.

(2) Tréfor des Chartes, Régiftre 31. folio 66 verfo.

Excellentiffime Domine noftre Blanche Francorum Regine Matri fue, dedimus Domum noftram dé Parifius cum toto Porprifio, ficut eam tenebamus Jure hereditario, in perpetuum poffidendam.

Mais auffitôt après cette donation, le Roi faint Louis, par des Lettres datées de Melun, au mois de Novembre de la même année, céda à la Reine Blanche, fa mere, tout le droit qu'il pouvoit avoir fur cette Maison, qu'il reconnut être fituée dans la Cenfive de l'Evêque de Paris. (1) Ces Lettres, qui font citées par Sauval, font rapportées dans le grand Cartulaire de l'Archevêché, où elles font ainfi intitulées Littera Ludovici Francorum Regis, quomodo dictus Rex donavit matri fue Domos Johannis de Nigella fitas in Terra Epifcopi Parifienfis : Et des Lettres, le Roi faint

dans le

corps

(1) Sauval, Tome 2, pag. 211.)