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votre opulence; qu'eft-il befoin pour cela de fouler aux pieds toute décence à Cette obfcurité, ce mystère dont vous vous enveloppez n'affichent-ils pas le mépris que vous faites du peuple? Vous ne voulez paroître devant lui qu'avec appareil & en lui faifant baiffer les yeux. Quel, gré ne vous fauroit-il pas au contraire, de vous voir confondu dans la foule, fous un dehors fimple & décent, revêtu fans faste & fans oftentation. des marques de votre état? Quel refpect n'infpireriez-vous pas? Que de juftes murmures vous appaiferiez ! L'honnête Citoyen, l'Artifan, l'Homme du peuple appelleroit chacun en particulier son fils, & vous montrant du doigt, lui diroit:« Remarquez » bien, mon fils, cet homme qui vient à » nous; c'est un grand Seigneur : il vous » donne l'exemple de la modeflie & de

la fimplicité ». L'exemple eft la bouffole des mœurs; & l'on ne fent pas affez combien il eft utile ou dangereux..

Telles font nos mœurs; encore n'en avons-nous peint que les vices & les ridicules les plus apparents. Tout ce défordre prend fa fource dans la mauvaife éducation que reçoit aujourd'hui la jeuneffe. Cette éducation de févère & mâle qu'elle étoit autrefois, eft devenue molle & efféminée par les excès du luxe; & les erreurs de la fauffe philofophie ont achevé de corrompre les moeurs jufques dans leurs germes. C'est elle, qui la première a fonné l'alarme fur l'Éducation publique, en ameutant contre la première École de la Nation l'ignorance, la calomnie & la mauvaise foi. Mais fondez, pénétrez les motifs de ces injuftes clameurs, & vous verrez qu'elle veut dominer feule & s'arroger le droit d'enseigner. C'est elle, qui, le dédain fur les lévres, le menfonge à la bouche, la fauffeté dans le regard, l'effronterie & l'orgueil fur le front, a dit à fes fuppôts : « A quoi nous fer

viront les poifons que nous avons

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préparés, fi nous laiffons fubfifter plus long-temps l'enfeignement de » l'Univerfité? Qu'attendons-nous ? Il » eft temps de renverser cette vieille » Idole; éloignons. de fes débris & de » la pouffière qui l'environne la géné»ration naiffante; flattons l'orgueil, » favorifons la fottife & la négligence » des parens envers leurs enfans » pour qu'ils nous les confient: empa»rons-nous fur-tout de la jeuneffe, » qui, par fa naiffance, peut avoir » un jour quelque part au Gouver"nement : nous devons l'inftruire de " préférence, la fouftraire à tous les » préjugés, & la rendre indifférente à » tous les cultes, en lui infpirant une » tolérance fans bornes. Ne laiffons pas » réfroidir notre zèle, & répandons également nos maximes parmi le » peuple & dans les campagnes : fai» fons des Catéchismes qui combattent » ceux que la Religion met entre » leurs mains, & que notre Doctrine

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» feule triomphe. Agiffons néanmoins » avec ordre & prudence; & mafquons » nos deffeins de l'amour du bien public & de l'humanité ».

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Le cri de cette audacieufe philofophie ne s'eft que trop fait entendre à la Cour, à la Ville & dans les Campagnes; il a retenti jufqu'au fond du Royaume; il a influé fur l'opinion des Parens, qui n'ont plus vu dans les études de leurs enfans confiés aux Écoles publiques, qu'une perte de temps précieux. Dès-lors on ne penfe qu'à chercher les moyens de réformer la mauvaise éducation : les Corps les plus refpectables en font occupés. Mais quel eft l'objet de cette réforme ? Quels font les vices qu'on reproche à l'Éducation publique ? L'Univerfité ne feroit-elle plus la Mère de fes Élèves? Auroit-elle changé de méthode & de principes? N'est-ce pas dans fon fein que fe font formés tant d'illuftres Savans, tant de Pontifes pieux & éclai

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rés, tant d'habiles Capitaines & de
fages Magiftrats ? N'a-t-elle pas veillé
toujours fur le cœur comme fur l'ef-
prit de la Jeuneffe? Sa tendre follici-
tude ne s'eft-elle pas toujours occupée
à la former aux Lettres & aux Sciences.

fur les meilleurs modèles ; à graver
dans fon cœur l'amour de l'ordre &
du devoir, les vérités de la Religion,
tous les fentimens, en un mot,
font l'honnête homme & le vrai ci-
toyen?

qui

Auroit-on auffi de grands reproches à faire à cette favante Compagnie, éteinte depuis peu, dont les Écoles étoient remplies de la Jeuneffe la plus brillante & la plus précieuse de la Nation? Son zèle pour l'enfeignement des bonnes Lettres & de la Religion s'eft-il jamais démenti ? N'a-t-elle pas fourni à l'État un très-grand nombre d'hommes du premier mérite, dans l'Églife, dans le Militaire, dans la Robe & dans les Sciences & les Lettres ? Si ces Écoles

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