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On s'imagineroit que c'eft faire un grand crime
De donner à Madame un titre legitime.

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Ah! vraiment, qui voudroit s'arrêter A tous vos beaux difcours, & les fuivre à la lettre,

Ne cefferoit jamais...

ARISTE.

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Depuis que nous menons une vie équivoque.
Je n'y puis plus tenir; le fecret me fuffoque.

ARISTE.

Ma patience enfin pourroit bien fe laffer.

FINETTE.

C'eft confcience à vous que de vouloir forcer
Pendant deux ans entiers des femmes à fe taire.
Pour moi, j'aimerais mieux vivre en un Monaftere,
Jeûner, prier, veiller, & parler tout mon fou.
ARISTE fe levant.
Parlez, morbleu, parlez : je ne fuis pas
fi fou
Que de vouloir tenir vos langues inutiles.
Sur un point feulement qu'elles foient immobiles.
Ce n'est que fur ce point que je l'ai prétendu.
FINETTE.

Qui: mais ce point, Monfieur, c'eft le fruit défendu.

Et voilà juftement ce qui nous affriande.

Parmi vingt bons ragoûts, la plus groffiere viande
Que l'on me défendroit conftamment de goûter,
Seroit le feul morceau qui pourroit me tenter.
Jugez après cela, fi je n'ai pas la rage
De parler librement fur votre mariage.

ARISTE.

Quel travers! quel efprit de contradiction!
Quel fond d'intemperance, & d'indifcretion!
Voilà les femmes.

FINETTE.

Soit. Mais telles que nous fommes,
Avec tous nos défauts nous gouvernons les hom
(mes
Même les plus huppez; & nous fommes l'écueil
Où viennent échouer la fageffe & l'orgueil.
Vous ne nous oppofez que d'impuiffantes armes :
Vous avez la raifon, & nous avons les charmes.
Le brufque Philofophe en fes fombres humeurs-
Vainement contre nous éleve fes clameurs;
Ni fon air renfrogné, ni fes cris, ni fes rides,
Ne peuvent le fauver de nos yeux homicides.
Comptant fur fa fcience & fes réflexions,
Il fe croit à l'abri de nos féductions.
Une belle paroît, lui foûrit, & l'agace,
Crac.... au premier affaut elle emporte la place.
ARISTE, à part.

Voilà précisément mon hiftoire en trois mots.
FINETTE.

Je brûle de vous voir trois ou quatre marmots
Braillans autour de vous; & vous-même en cachette
Jouant à cache-cache, ou bien à climuflette.

ARISTE,

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part.

La friponne a raifon de rire à mes dépens,

Et fes difcours malins font remplis de bon fens
à Finette.

Faifons tréve, de grace, à tout ce badinage.
Je veux encor un tems cacher mon mariage,

Pour n'être point privé de la fucceffion

D'un oncle, dont le bien fait mon ambition.

FINETTE.

Quoi! vous ambitieux? Je vois qu'un Philofophe
Eft fait comme un autre homme, & de la même
(étoffe.
Et qu'avez-vous donc fait de ces beaux fentimens
Que vous nous étaliez, Monfieur, à tous momens?
Le comble, difiez-vous, de toutes les foibleffes
C'eft de ne point guérir de la foif des richeffes.
» Que cette hydropifie a fait de malheureux !

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Mais pour moi, ma fortune a furpaffé mes vœux, Un tréfor de vertus eft le feul où j'afpire,

Et mon cœur, pour l'avoir, cederoit un Empire. Et zefte! fi quelqu'un vous pouvoit prendre au mot Vous diriez, ferviteur, je ne fuis pas fi fot.

ARISTE.

Tu te trompes. Je fuis dans les mêmes maximes,
Mais je fçais leur donner des bornes légitimes;
Et je ferois maudit un jour par mes enfans,
Si j'étois Philofophe à leurs propres dépens.
Il ne faut rien outrer quand on veut être fage
Je dois leur ménager un puiffant héritage.

FINETTE.

Ce motif eft louable, il faut vous y tenir.
Mais, Meffieurs vos enfans font encore à venir
Peut-être viendront-ils. Cependant...

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Mais je n'ai pas trente ans. A mon âge, je crois....

FINETTE.

On dit qu'on n'a jamais tous les dons à la fois,
Et que les grands efprits, d'ailleurs très-eftimables,
Ont fort de talent pour former leurs femblables.

peu

ARISTE.

Finette a de l'efprit, & s'en fert joliment.
Il faut faire réponse à fon doux compliment.
On fouffre un tems les airs d'une fille fuivante,
Que trop de bonté gâte, & rend impertinente:
Elle offenfe, elle aigrit fans s'en embaraffer;
Un jour, elle conclut par fe faire chaffer.
Je pense que Finette eft affez raifonnable
Pour prendre en bonne part cet avis charitable,
Et pour en profiter avec attention,

Sinon, gare l'instant de la conclufion.
FINETTE.

Ce confeil aigredoux merite une replique.
Je voi qu'un Philofophe eft mauvais politique,
Puifqu'il n'observe pas que c'eft être indifcret,
Que de chaffer quelqu'un qui fçait notre fecret ;
Sur-tout, fi ce quelqu'un eft d'un fexe, qui panche
Au plaifir de jafer, & d'avoir fa revanche.

ARISTE.

Ta replique eft très-jufte : & les Maîtres prudens
Doivent au poids de l'or payer leurs confidens.

Il lui donne de l'argent.

Voici pour t'appaifer, & t'impofer filence.

à part.

Mon lot eft de fouffrir, & d'avoir patience.
FINETTE.

Votre fecret, Monfieur, grandement me pefoit,
Mais ceci le rendra plus leger qu'il n'étoit.
Par vos riches leçons je me fens plus difcrette.
Répétez-les fouvent, & je ferai muette.

ARISTE.

S'il ne tient qu'à cela, je puis compter fur toi.
FINETTE.

Tant que vous payrez bien,

je vous réponds de

( moi. Mais à propos vraiment, j'oubliois de vous dire Que votre femme... non, que Madame défire..

Madame?

ARISTE.

FINETTE.

Ma Maîtreffe. Ah, j'y fuis dieu-mercie
Que ma Maitreffe donc voudroit venir ici,
Pour vous entretenir fur certaines affaires...
ARISTE..

Nos entretiens de jour font fort peu néceffaires.
Nous aurons cette nuit le tems de nous parler :
De grace, empèches-la de venir me troubler:
Pendant une heure ou deux il faut que je médite.
FINETTE.
Cela fuffit, je vais vous sauver sa visite.

SCENE V.

ARISTE feul.

A douceur & l'argent font plus perfuafifs,

Ladouceur & fon plus demonftratifs 3

Et ce font, à mon gré, deux moïens infaillibles
Pour corriger les gens les plus incorrigibles.
La maligne Finette à ma bourse soûrit:

Je pourrai gouverner ce dangereux efprit.
Maintenant que je fuis plus calme & plus tranquile,
Employons mon loifir à quelqu'ouvrage utile.

SCENE VI.

ARISTE, MELITE.

Comment

ARISTE, appercevant fa femme,

Omment, c'eft vous ?

MELITE.

Mon-dieu! d'où vient cette frayeur?

Eft-ce donc que ina vûë inspire tant d'horreur ?

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