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Cela n'eft point plaifant. Mon honneur effrayé..
Mon honneur! qu'on eft for quand on eft marié!
Allons voir le Marquis. Tâchons avec adreffe
De lui faire à moi-même avouer fa foibleffe:
Plus elle fera grande, & moins je le craindrai
Enfuite il faudra voir quel parti je prendrai.

Fin du premier Acte.

PL

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ACTE I I.

Le Theatre reprefente une Salle.

SCENE I.

CELIANTE, FINETTE.

CELIANTE.

E Marquis du Lauret va venir?
FINETTE.

Qui, Madame,

CELIANTE.

Crois-tu qu'il m'aime?

FINETTE.
Non.

CELIANTE.

J'en fuis au defefpoir.

Dans le fond de mon ame

FINETTE.

Oh! je n'en doute pas.

La plus rare beauté n'a pour lui nul

CELIANTE.

appas.

C'eft ce qui me feroit fouhaiter fa conquête,
Et j'en viendrois à bout, fi je l'avois en tête.
Il est un certain art, que je fçais à ravir,
Pour fixer un tel homme, & pour se l'affervir.

FINETTE.

Je vous confeille donc de tenter l'avanture,
CELIANTE.

Parles-tu tout de bon ?

FINETTE.

Sans doute.

CELIANTE.

Je te jure

Que bien-tôt de mes yeux il fentira les coups.
Je veux dès-aujourd'hui le voir à mes genoux.
FINETTE.

S'il vous aime une fois, à quoi tend l'entreprife?
CELIANTE.

A lui dire pour lors que mon cœur le méprife,
Qu'un grand bien, cent ayeux, un haut dans

rang

(l'Etat, Ne peuvent m'impofer, à la fuite d'un fat.

FINETTE.

Pour fat, il ne l'eft point. C'eft un homme qui

(penfe

Que le parfait bonheur eft dans l'indifference:
Du refte, auprès du fexe il eft refpectueux,
Et fe feroit aimer s'il étoit amoureux.,

Mais je veux qu'il foit tel que vous le voulez croire;
Je trouverois pour vous encore plus de gloire
A vous l'aflujettir, à l'aimer tout de bon,
Qu'à vous facrifier à votre beau Damon.

C'eft ancien confident, c'est l'ami de mon Maître;
Vous l'aimez cependant fi je puis m'y connoître,
Vous prétendez en faire un mari complaifant.
En ce cas, le Marquis vous conviendroit autant.
Les gens de qualité fuivent toujours la mode;
Et tout homme de Cour doit être époux com-
(mode.

Voilà l'effentiel. Qu'importe qu'un mari
Soit fat, s'il vous permet d'avoir un favori?

CELIANTE.

Mais au fond tu dis vrai.

FINETTE.

Comment? Je vous étale Tout ce qu'on peut prêcher de plus fine morale. Rompez avec Damon : j'infifte fur ce point; N'étant pas Gentilhomme, il ne vous convient ( point.

CELIANTE.

Tu te trompes, Finette; & malgré l'apparence, Mon cœur me dit qu'il eft d'une illuftre naissance, Et que par des raifons que nous fçaurons un (jour....

FINETTE.

Ah! voilà juftement de vos Romans d'amour.
Pour moi, je le connois. Sa tendreffe empreffée
N'eft que le pur effet d'une ame intereffée.
Une tante, en mourant, vous a laiffé des biens
Dont il efpere un jour rehauffer fes moïens.
Voilà ce qui le rend fi foumis, fi facile:
Mais ofez l'épouser, il sera moins docile.
CELIANTE.

J'entre dans tes raifons, & je les applaudis 5
Je me fuis dis cent fois tout ce que tu me dis.
Depuis plus de deux ans, avec un foin extrême
J'élude mon penchant, & me combats moi-même,
J'ai maltraité fouvent un amant trop aimé :
Contre lui mon orgueil s'eft hautement armé.
Enfin, pour me guérir, je me fuis exílée;
Tout cela vainement. Je fuis enforcelée....,
Attends.

Quoi?

FINETTE.

CELIANTE.

Je me fens aujourd'hui d'une humeur

'A le defefperer.

FINETTE.

Quelque bonne vapeur

Vous feroit à prefent d'un fecours admirable. Quand vous extravaguez, vous êtes raisonnable,

1

CELIANT E.

Je ne me fuis jamais trouvé tant de raison.
FINETTE.

Que Damon ne vient-il! Mais vous ferez l'oifon Sitôt qu'il paroîtra.

CELIANTE.

J'excite mon courage

A lui faire au plutôt quelque fenfible outrage.
Prêtes-moi ton fecours pour m'y déterminer.
Traitons quelque fujet propre à me chagriner.
Parles-moi de ma fœur.

FINETTE.

Eh bien donc, ma Maîtreffe

De notre Philofophe a laffe la tendreffe.
It s'eft abandonné pour la premiere fois
A des vivacitez, qui, comme je prévois,
Pourront dégénerer en aigreur très-fâcheuse,

Et rendre quelque jour votre four moins heureuse,
Cela vous déplaît-il?

CELIANTE.

Non: tu me fais plaifir.
Un doux raviffement eft prêt à me faifir.
Le bonheur de ma fœur excitoit mon envie,
Et fait depuis deux ans le malheur de ma vie.
FINETTE.

Enragez donc, Madame, & très-parfaitement.
Leur querelle a produit un raccommodement
Si tendre, fi touchant, & fi rempli de charmes,
Que notre Philofophe en a verfé des larmes.
Et moi qui parle, moi, je ne puis y penser,
Sans fentir que mes yeux font tout prêts d'en verfer.
Elle pleure..

CELIANTE.

Ils s'aiment donc toujours ?

FINETTE.

Plus que jamais, Madame.

Mon Maître eft à prefent l'efclave de fa femme.

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