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furs pour qui ne les effaye pas.Le nombre deces prétendus fecrets, rapportés par differents Autheurs, eft fi grand que quand le véritable fecret en feroit un, on auroit auffi-tôt fait de le chercher de nouveau que d'entreprendre de le demefler d'avec les faux fecrets parmi lesquels il eft confondu.

Ce qui m'a plus aidé dans cette recherche, que les livres, c'eft une réflexion que j'ai faite fur des procedés fort en ufage parmi les Ouvriers qui ont befoin de donner une grande dureté à des ouvrages de fer. Ceux qui font les groffes limes n'y employent que du fer,ils les rendent néantmoins auffi dures que les limes d'acier. Les Arcbufiers font prendre une dureté pareille à quantité de pieces de fufil, composées de pur fer, & cela par le moyen des trempés en paquet ; c'est-à-dire, comme nous l'expliquerons ailleurs plus au long, qu'après, que ces Ouvriers ont donné à leurs pieces de fer une figure convenable, ils les renferment dans des boëtes de tole avec un meflange de différentes drogues; ils enduisent ces boëtes de terre & les mettent enfuite dans un fourneau, où ils leurs donnent un feu plus ou moins long felon la groffeur des pieces renfermées. Après avoir retiré ces piéces du feu ils les trempent toutes rouges dans l'eau froide,elles s'y endurciffent comme l'acier. Or pourquoy cette o pération rend-elle le fer capable de prendre une pareille dureté? Quand j'ai cherché à le découvrir, j'ai reconnu que c'eft qu'elle convertit en acier les premieres couches du fer. Alors les limes de fer

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agiffent comme celles d'acier, leurs dents font d'acier comme celles des autres. Des experiences. inutiles à rapporter ici m'ont pleinement convaincu du changement de cette partie du fer en acier, auquel les ouvriers ne prennent pas garde; ils fe fervent d'outils réellement d'acier, & ils les croyent de fer.

La conséquence que j'ai tirée de cette observation, c'est que les matieres employées pour les trempes en paquet, pourroient faire la bafe des compofitions propres à convertir le fer en acier ; que fi ceux, qui trempent en paquet, donnoient un feu plus long à leurs pieces qu'ils les rendroient acier jufqu'au centre; cela feroit fort inutile aux outils dont nous avons parlé, qui n'ont besoin de dureté que dans leurs premieres couches; mais la remarque m'étoit effentielle à moy qui cherchois. à rendre des barres de fer entierement acier.

Les bases des compofitions employées pour les trempes en paquet font des charbons pillés, des cendres, des fuyes, qu'on affaisonne de fels & qu'on mêle avec diverses matieres, foit vegetales, foit animales, foit minerales. Les fecrets enfeignés pour convertir le fer en acier reviennent affés fouvent, pour le fond, à ces compofitions;mais chaque Ouvrier a fes ingrediens favorits qu'il y fait entrer; il a fes doses particulieres dont il fait myftere. Après tout quand chaque Ouvrier d'Allemagne, d'Angleterre, ou des autres pays m'euffent communiqué leurs compofitions, j'en ferois toûjours venu

aux effais que je rapporterai dans la fuite, ils ne m'en euffent épargné aucun; indépendemment de l'interêt du Royaume, la matiere étoit affés importante en foy pour meriter d'être examinée à fond. Il falloit s'affûrer fi les ingrediens qu'on employe font les meilleurs, fi on ne pouvoit leurs en fubftituer d'autres dont l'effet fût plus fur, ou plus prompt; s'affûrer, par exemple, fi certains fels meritent la préference dont ils font en poffeffion; fi on n'en néglige point qui feroient employés avec plus de fuccés; fi on ne fait point entrer dans ces compofitions des matiéres qu'on en devroit écarter comme nuifibles, ou au moins comme inutiles. Il falloit parvenir à déterminer les justes dofes de chaque matiere, chercher s'il n'y avoit pas moyen de parvenir à faire en acier quelque chofe de mieux que ce qu'on fait aujourd'huy; voir jufques où la perfection de l'acier pourroit être portée. Enfin il falloit réduire en regle la maniere d'opérer la converfion du fer en acier, en faire un art connu, aisé à exercer par les ouvriers. Mais c'est un art qu'il falloit inventer avant que de le décrire, on n'y pouvoit parvenir que par un nombre d'experiences qui devoit fembler prodigieux, j'ai osé les tenter, & je ferai très-content du travail où elles m'ont engagé, fi le public en retire quelque avantage.

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Pour rapporter les expériences que j'ai faites, & les obfervations qu'elles m'ont fournies dans un ordre propre à inftruire, je les diftriburai en diffé

rents mémoires qui feront autant de parties de notre art. La premiere partie, où ce premier mémoire fera uniquement employé à faire connoître la route que j'ai fuivie pour découvrir les compofitions les plus propres à convertir le fer en acier ; il apprendra enfuite quels font ces compofitions, il révelera la partie myfterieufe de notre art. Le fecond mémoire ne contiendra que des observations générales qui conduisent à regler le feu à propos, & neceffaires pour préparer au troifiéme & quatrième mémoires dont l'un enfeignera à faire les effais d'acier en petit, & l'autre expli quera la conftruction du fourneau & ce qui y a raport. Dans le cinquième nous tâcherons de caracterifer les fers de différentes efpeces par rapport aux difpofitions qu'ils ont pour être convertis en acier. Nous donnerons dans le fixiéme des obfervations fur les changemens qui fe font faits dans le fer pendant fa transformation, & un refultat de ce qu'il en coufte pour l'opérer. Nous profiterons des connoiffances que ces obfervations. nous auront données pour mieux établir le caractere qui distingue le fer de l'acier, qu'on ne l'a fait jufqu'ici; nous tâcherons de le faire foit par la compofition, foit par la décomposition de l'acier, foit par l'analogie qui fe trouve entre les différentes maniéres de faire l'acier immédiatement avec les fontes, & celles de le faire avec le fer forgé. C'est à quoy feront destinés le feptiéme, le huitiéme & le neuvième mémoires; ils ren

fermeront auffi des inftructions qui ne feront pas inutiles pour la pratique de notre art. Dans le dixiéme nous ferons enforte de donner des moyens de juger des perfections des différens aciers, & d'en faire la comparaifon. Dans les derniers mémoires nous effayerons d'expliquer l'effet de la trempe, nous examinerons les différentes fortes de trempes & de recuits, & nous établirons fur cette matiere, affés importante dans la pratique des arts, le plus de regles qu'il nous fera poffible. Mais venons à la premiere partie.

Nous nous fommes donc uniquement propofés de rapporter dans ce premier mémoire les expériences qui nous ont conduit au mêlange, & à la dose des matiéres qui entrent dans les compofitions qui nous ont paru les plus fûres pour changer le fer en excellent acier; quoique ce foit la partie fecrette de notre art, ce n'eft pas ce qu'il a de plus intereffant, ce n'eft qu'un recit de tentatives différentes, dont nous euffions volontiers. évité l'étalage, fi ce récit nous eût femblé moins effentiel. Une grande partie des effais, que nous rapporterons, n'ont rien operé, nous n'avons pourtant pas crû qu'il fût moins nécessaire d'en faire mention que de ceux qui ont le mieux réuffi; ils épargneront à d'autres la peine de les répeter, ou au moins ils apprendront le fuccés qu'on en doit. attendre. Il est prefque auffi important de sçavoir les matiéres & les dofes des matieres qui font à rejetter, que de connoître celles qui doivent être

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