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Si nous aimons notre cœur, ne nous laffons point de le fecourir dans fes befoins, de le foulager dans fes maladies, & de le défendre contre fes propres paffions. Travaillons à le mettre en fûreté, fous la protection de la grace de Jefus-Chrift: prions le Pere des lumieres de diffiper fes tenebres & de l'éclairer : ayons foin de calmer fes inquiétudes & de l'affermir par une foy folide & inébranlable.

V.

L'Apôtre declare que celui qui s'ef-Gal.6. 34 time quelque chofe, fe trompe foimême: & le bon fens nous fait voir que ce n'eft pas une grande humilité à un grain de fable, quand même il en feroit capable, de fe tenir pour rien en fe comparant à une montagne; ni à une goutte d'eau de fe tenir pour rien en fe comparant à la mer; ni à une étincelle de feu de fe tenir pour rien en fe comparant au foleil. L'humilité confifte à nous rabaiffer au-deffous dé tout le monde, & à vouloir bien qu'on élevé les autres au-deffus de nous. Lorfqu'elle eft veritable elle nous por te à nous regarder d'une telle manie

re, que nous ne voyions rien en nous qui nous donne de l'eftime de nousmêmes, & que nous ne voyions rien dans nos freres, qui nous les faffe méprifer. Elle nous perfuade par des raifons très-folides, que nous devons ceder à toute forte de perfonnes, & que le dernier lieu eft le feul qui nous convienne. Enfin elle nous fait comprendre qu'il n'y a rien de bon en nous qui nous appartienne, & que fi nous avons reçû quelques dons de la mifericorde de Dieu, nous fommes obligez, pour les conferver, de nous humilier au-deffous même de ceux qui en ont moins reçû que nous.

V I.

Notre humilité ne doit pas confifter feulement en des penfées, mais nous conduire en tout d'une maniere conforme aux fentiments qu'elle infpire. Il faut qu'en les fuivant, nous ne cherchions rien de grand ni d'élevé; que nous nous tenions dans l'obscurité & dans le fecret; que nous haïffions & fuyions tout ce qui a quelque éclat; que nous foyons bien aifes de n'avoir point de talens exterieurs qui nous fafTent remarquer; que nous évitions au

tant que nous le pourrons, de faire paroître ce qui nous attireroit de l'eftime; que nous ne nous diftinguions point des perfonnes les plus méprifa bles; que nous ne faffions rien pour plaire aux hommes, & que nous recevions les fervices qu'on nous rend, comme des graces dont nous fommes très-indignes.

L'humilité doit encore regler nos paroles, ou plûtôt elle nous doit faire beaucoup aimer le filence, auffi-bien que nous ôter toute envie de nous faire valoir, & d'entretenir le monde de ce qui peut flatter notre amour propre, & nous rendre confiderables.

Les perfonnes humbles ne parlent que par néceffité & par contrainte : & comme ils ne difent jamais rien pour faire voir qu'ils font fçavans ou vertueux, qu'ils ont de l'efprit & de l'adreffe; ils évitent même de parler de leurs imperfections, de peur que cela ne les fafle paroître humbles, parce que ce feroit la plus adroite maniere de fe louer, & le plus dangereux orgueil

VII

Quant à ce qui regarde le reste de

notre conduite, il faut confiderer fi nous fommes dans l'état où Dieu nous a appellez; fi nous avons la capacité néceffaire pour nous acquitter chrétiennement de nos devoirs, fi nous nous y appliquons avec foin, & selon les regles de l'Evangile ; fi nous n'y trouvons point de tentation audeffus de nos forces qui nous oblige de changer d'état, fi cela fe peut; ou de recourir à Dieu d'une maniere extraordinaire, afin qu'il faffe lui-même en nous ce qu'il nous commande. Nous devons faire auffi une ferieufe réflexion fur l'employ de notre tems, & retrancher tous les amufemens inutiles. Car notre vie étant fi courte, que l'Ecriture la compare à un moment; il eft juste que nous la confacrions toute entiere à celui qui nous l'a donnée, & que nous l'employions totalement à nous acquerir une éternité bienheureuse.

EXAMEN

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Ly a une dette dont nous demeurons toujours redevables à nos freres, & dont nous ne ferons jamais entierement quittes à leur égard, quelque foin que nous ayons de nous en acquitter envers eux. Nous devons à tous les hommes une charité abondante, pleine & entiere; & quelque charité que nous ayons eu jufquesici pour eux, nous leur en devons encore davantage. Il eft vrai que cette charité prend plufieurs formes, felon les differentes perfonnes que nous aimons. Nous devons un amour de tendreffe à nos proches & à nos amis; un amour de foumiffion & de refpect à nos fuperieurs; un amour de liberalité aux pauvres, à qui nous ne devons rien refufer de ce que nous leur pouvons donner; un amour de patience, de douceur & de mifericorde Tome I. L

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