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Joan 9.

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Ils

exagerent le nombre & la grandeur de leurs pechez; mais ils fe diffimulent à eux-mêmes les défauts de leur efprit, ils ne le fauroient croire foible & aifé à fe renverfer. Ils ne font

pas affez humbles pour fe perfuader qu'ils prennent des illufions & des fonges pour des veritez. De forte, qu'on leur peut appliquer justement ce que notre Seigneur dit aux Pharifiens: Si cæci effetis, non haberetis peccatum : nunc vero dicitis: Quia videmus, peccatum veftrum manet. Il feroit à defirer que vous fuffiez tellement aveugles que l'on pût vous conDeus vaincre de l'être. Mais parce que malJob. 25. gré votre aveuglement vous vous glo19. & rifiez de votre lumiere, & que vous

28. 29.

cap. 12.

N. 35.

prenez la nuit pour le jour, vous demeurez dans la nuit & dans le trouble, & rien ne vous en fera fortir tant que vous ferez dans cette bonne opinion de vous-même.

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Neceffité de devenir enfant pour
guérir de nos troubles.

CE

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18.3.

Ette verité peut fervir à nous faire comprendre cette autre pa role de Jefus-Chrift: Si vous ne deve- Matth. nez femblables à de petits enfans vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. Pour entrer dans le royaume des cieux, & pour recevoir l'efprit de Jefus-Chrift, il faut renoncer au nôtre. Car il reste aux hommes fi peu de droite raifon depuis qu'elle a été corrompue par le peché, que ce qu'ils en ont ne peut les conduire à la verité de l'Evangile. Elle ne peut que les tromper, les égarer & les faire tomber en des précipices. Mais ce qui rend notre mal encore plus grand, & prefque fans remede, c'eft que nous nous diffimulons à nous-mêmes cette corruption de notre raifon, & que nous nous confions toujours à un fi mauvais guide. Il eft vrai qu'en general nous avouons affez la foibleffe de

Prov .18. 2.

notre efprit, & le danger qu'il y a de le fuivre, mais cependant quand on en vient à la pratique, nous avons une peine étrange à y renoncer,& nous ne nous fouvenons plus qu'il eft foible & aveugle. Nous préferons prefque toujours notre propre jugement à celui des autres: & quoique nous. reconnoiffions très-fincerement, que bien des perfonnes ont infiniment plus de lumiere que nous, nous en exceptons tacitement ce qui concerne notre conduite. Car à cet égard notre veritable penfée, quoique nous nous la diffimulions à nous-mêmes, eft que nous en avons plus que nos conducteurs : & quelque proteftation que nous faffions de leur vouloir obéir, nous ne le faifons ordinairement que quand ils nous ordonnent de faire ce que nous avons déja dans l'efprit. Mais de quoi nous peut fervir cette obéiffance que l'Ecriture attribue aux foux & aux infenfez? Non recipit ftultus verba prudentia, nifi ea dixeris ques verfantur in corde ejus. L'infenfé ne reçoit point les paroles de prudence, fi vous ne lui parlez felon ce qu'il a dans le cœur,

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XII.

La plus grande maladie de ceux qui font dans le trouble, c'eft d'être "attachez à leur propre fens.

ON ne fauroit nier que ceux done

nous parlons ne fachent trèsbien qu'ils font malades. Les peines dont ils font continuellement tourmentez ne leur permettent pas d'en douter, & c'eft même une partie de leur mal d'y être trop fenfibles. Mais ce qu'ils ne connoiffent point, c'eft que leur plus dangereuse maladie vient de l'attache à leur propre fens. Car elle eft telle qu'ils fouffrent avec peine qu'on leur dife qu'ils ne fauroient guérir, qu'en fe foumettant aux avis de quelque perfonne éclairée, ou au moins s'ils fouffrent ce langage avec quelque forte de patience, ils n'en confervent pas moins dans leur cœur uns amour fecret de leur propre opinion, & une difpofition de réfifter aux avis qu'on leur donne ; ce qui les éloigne entierement de faire les efforts necef

faires pour les pratiquer. Ils voyent peut-être un grand nombre de raifons qui les contraignent de reconnoître qu'ils n'ont pas fujet de fe préferer aux autres, & qu'ils en ont beaucoup de fe mettre à la derniere place. Mais nonobstant tout cela, s'ils ne fe préferent aux autres, ils préferent au moins le jugement qu'ils font d'euxmêmes, à celui que les autres en portent; ce qui fuffit pour les rendre coupables d'orgueil, & pour rendre l'état où ils font très-dangereux, parce qu'ils s'y tiennent volontaire

ment.

XIII.

Ils defirent d'être delivrez, mais felon leur volonté, & non felon Pordre de Dieu.

CE
Cene délivrez de leur trouble,

E n'eft pas qu'ils ne vouluffent

mais ils voudroient que ce fût en leur maniere, & que Dieu s'accommodat à leur defir & à leur inclination, & qu'il les guérît de même; qu'il ne

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