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cheurs comme nous, qui retournent toûjours à leurs defordres ; nous ne devrions pas laiffer de continuer nos prieres & lui dire avec David: Mon Dieu, toute ma confolation dans mon extrême mifere, eft de favoir que fi rien ne me peut ôter le defir dé vous invoquer toute ma vie, la multitude de mes pechez n'empêchera pas que vous ne me faffiez mifericorde. Benedictus Deus, qui non amavit' ora- Pf. 6s.

tionem meam, & mifericordiam fuam à 20.

me.

Un autre avantage que nous rem porterons en découvrant nos pensées; & nous accufant nous-mêmes dès le commencement de notre tentation, fera de trouver le moyen de ne nous arrêter plus à nos pensées, ni à nos propres raifonnemens, qui font toujours la caufe de nos affoibliffemens. C'eft une chofe étrange de confiderer de quoi nous fommes capables, quand nous fuivons les égaremens de notre efprit. D'abord quand le defir de commettre quelque peché, ou de fatisfaire quelqu'un de nos fens, ou quelqu'une de nos paffions, eft fort violent en nous, nous nous imaginons que la faute que nous voulons commettre n'est

pas fort grande, ou que fi elle eft grande, nous avons affez de moyens pour nous en relever, & pour y fatisfaire : & puis dès que nous avons contenté notre defir, il arrive ou que nous méprifons de corriger notre faute, comme une chofe de peu d'importance, & ainfi nous n'avons point de pensée d'en fortir; ou bien elle nous paroît fi grande que nous perdons toute efperance de nous en pouvoir purifier. Quelquefois nous demeurons dans une paix de pareffe & de négligence, & d'autres fois nous nous jettons dans une inquiétude vaine & ftérile. Mais lorfque renonçant à notre propre fens, nous découvrons notre faute afin que nos fuperieurs en jugent felon leurs lumieres, nous avons fujet de croire qu'ils nous donneront de bons confeils. Car ils voyent nos fautes tout autrement que nous ne les voyons, parcequ'ils font exemts de paffions qui nous aveuglent, & qui nous empêchent d'en juger équitablement. Ils ont encore une charité abondante qui leur fait difcerner avec grande lumiere les remedes dont nous avons befoin: de forte que nous n'avons plus qu'à les fuivre, & nous le pouvons aifément,quel,

que foibles que nous foyons, fi nous fommes obéiffans.

Que fi étant fideles à ouvrir notre cœur à nos fuperieurs, à nous humilier devant Dieu & devant les hommes, à fuivre tous les exercices de la communauté autant qu'il eft poffible, & enfin à ne quitter jamais la priere, nous ne pouvons encore être délivrez de nos fautes; nous ne devons pas nous en troubler, mais efperer même que pourvû que nous marchions toujours dans la voie de l'obéiffance & de l'humiliation, les tenebres ne nous furprendront point.

La grande confolation des perfonnes foibles, eft de favoir que la nuit ne furprend jamais ceux qui marchent, quoiqu'ils marchent lentement, puifque ceux qui fuivent Jefus-Chrift quoique de loin, font déja dans la

lumiere.

Il n'y a donc que les pareffeux qui font affis qui doivent beaucoup craindre, & qui font en effet dans un grand peril. Ce font ceux qui n'ont point foin d'avancer, qui tombent dans ces tenebres, où l'on ne fait rien des ouvrages de Dieu, & où l'on ne reçoit quafi plus de fes graces. Mais tous ceux

Matth. qui travaillent, quoiqu'ils ne com
2014 mencent qu'à la derniere heure, &
quoique la mort les furprenne avant
que leur ouvrage foit achevé
foit achevé, trouve

ront dans la mort même leur confola
tion. Cette derniere heure corrigera ce
qu'ils n'ont pû corriger pendant toutè
leur vie; elle leur donnera la perfec-
tion qu'ils ont fouhaitée & qu'ils ont
cherchée : & quoiqu'ils foient impar-
faits, Dieu les regardera avec des
de mifericorde.

yeux

f. 4.5. In pace in idipfum, dormiam & requiefcam.

Je me repoferai & je dormirai en paix entre les mains de Dieu.

I.

Omme la paix eft l'heritage des veritables Chrétiens, le trouble & F'inquiétude eft celui des gens du fiecle. C'eft inutilement qu'étant les ennemis de Dieu, de fa loi, de fa verité, de fa juftice, de leurs freres & de leur propre falut, ils cherchent la paix

dans ce monde où elle n'eft pas; & ils la peuvent encore moins trouver en eux-mêmes, puifque le déréglement de feur cœur leur eft un continuel tourment, & que leur mauvaise confcience eft un ver qui les ronge, & qui les déchire plus cruellement que ne pour roient faire les roues & les feux. Non eft pax impiis, dicit Dominus, c'eft Dieu même qui nous affûre que les impies n'ont point de paix. Si le cœur de l'hom me eft un abîme, celui des grands pecheurs eft un abîme toujours agité de tempêtes, puifque toute forte de paffions, l'envie, la haine, la vengeance, la convoitife de la chair & des yeux les rempliffent de naufrages.

Ifa. 57. 21.

Les citoyens de Babylone s'occupent tout entier à chercher leur interêt, & cet interêt les anime tellement les uns: contre les autres, qu'ils n'ont point d'autre fcience, ni d'autre industrie que de remplir toute la terre de haine, de procès, de querelles, de vio lences, d'injuftices, de menfonges & de calomnies.. Pedes illorum ad malum Prov. I currunt,& feftinant ut effundant fangui- 16.

nem.

Mais le partage des veritables Chrétiens, c'eft la paix. Jefus-Chrift pau

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