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fes propres forces. Ceux qui commettent des pechez mortels font déja si proches de l'enfer, qu'il n'y a point de moment où ils n'y puiffent tomber; ou plûtôt ils y font déja, leurs crimes les mettant au nombre des demons, & leur faifant meriter les mêmes peines: & ce qui eft effroyable, s'ils ne crient à Dieu de tout leur cœur; s'ils ne fe repentent, & s'ils ne font penitence; il vaudroit mieux qu'ils fuffent déja morts dans leurs pechez, que de ne vivre que pour pecher & pour amaffer de plus en plus Jac. 5. 3 des trefors de la colere de Dieu.

11. Mais ceux-mêmes qui n'ont pas de pechez à la mort, ne laiffent pas d'être dans un dangereux abîme. Les pechez dont ils font coupables, s'ils n'arrêtent le cours par leurs cris & leurs gémiffemens, ne manquent point de croître & de fe multiplier; & fi nous les negligeons, ils peuvent nous reduire à une foibleffe mortelle, & éteindre peu à peu en nous l'efprit de Dicu. Ne voyons - nous pas que des Né gouttes de pluye, qui ne font prefque rien quand on les regarde feparement, peuvent être en fi grand nombre, qu'elles font enfin un délu

Rom. za

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ge? N'eft-il pas visible, qu'il n'y a rien de fi petit qu'un grain de fable; & que pourtant plufieurs grains de fable forment des montagnes dont nous ne pouvons foûtenir le poids, fans en être accablez? Prenons donc garde à nous : & puifque perfonne n'eft exemt de ces fortes de pechez, au lieu de nous confier en notre propre juftice; gemiffons, pleurons, implorons la mifericorde de Dieu, comme des coupables. Ce n'eft pas que Dieu ne fauve les pecheurs quand leurs pechez ne font pas à la mort; mais c'eft à condition qu'ils s'humilient, qu'ils haiffent leurs pechez; qu'ils les regardent comme des abîmes où ils font en danger de perir, & où ils periroient effectivement, s'ils aimoient cet état; s'ils ne s'efforçoient d'en fortir, & s'ils ne prioient Dieu de les en retirer. De forte qu'ayant befoin comme les grands pecheurs, de la mifericorde de Dieu, ils doivent craindre, gemir, pleurer & prier comme les grands pccheurs.

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CHAPITRE VI.

De la neceffité de craindre

de gemir

dans la vue des tentations qui nous environnent.

Utre l'abîme de nos pechez,nous devons craindre un autre abîme qui n'eft guéres moins effroyable. Notre vie est une tentation continuelle ; nous avons des ennemis au dedans de nous-mêmes; nous en avons au dehors, & il n'y a pas un moment où nous ne puiffions périr. Saint Paul qui avoit été élevé jufqu'au troifiéme ciel, ne fe regardoit-il pas dans un profond abîme, quand il s'écrioit: Quis Rom. 7. me liberabit de corpore mortis hujus ? 24. Qui me délivrera de ce corps de

mort?

Notre ame n'eft-elle pas dans ce corps de corruption comme dans un abîme, où fa convoitife la tient captive? Notre foibleffe, ou plûtôt notre impuiffance pour le bien, n'eftelle pas comme un poids qui nous arrête dans le fond d'un dangereux

Rom. 7.

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Rom. 7. précipice, qui nous charge de fer & 15. 19. nous contraint de dire que nous ne 23. faifons pas le bien que nous voulons mais le mal que nous ne voulons pas ? La loi des membres du vieil homme qui habite en nous, combat contre la loi de l'efprit, & ce combat nous expofe à de fi grands dangers, que nous y périrons certainement, fi nos gemiffemens & nos prieres n'attirent fur nous le fecours de la grace de JefusChrist.

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Saint Gregoire de Nazianze explique très clairement de quelle maniere notre corps eft une fource continuelle de tentations. Ce corps, dit-il, lorfque je le traite bien, & que je le flate, me fait une guerre cruelle; & lorfque je le preffe trop, jette dans la langueur & dans la trif teffe. Si d'une part je m'efforce de le dompter par les aufteritez de la penitence, il fuccombe & me prive » ainfi d'un moien neceffaire pour pratiquer les vertus chrétiennes ; » mais fi je l'épargne & fi je le flate » comme le fidele compagnon de mes » travaux, il fe révolte avec tant de » fierté contre moi, que je ne puis reprimer fes infolences; & c'est

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alors que je me vois dans un dan- « ger prefque inévitable de perdre « mon fouverain bien, & de me voir a feparer de Dieu. C'eft alors que a je me fens accablé fous le poids de ce miferable corps,qui m'entraîne « vers les biens periffables, & qui me « tient attaché à la terre. Enfin c'est un « ennemi qui nous flate, lorfqu'il nous tue, & un ami qui nous dreffe des " embuches, lorfqu'il nous fait des " careffes.

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Tentations qui fe rencontrent dans le le boire & les autres neceffi

manger,
tez de la vie.

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Ui peut expliquer à combien de tentations & de pechez nous expofent les neceffitez de notre corps? La faim & la foif font des efpeces de maladies qui nous accablent & qui nous ruent, fi nous n'y apportons les remedes convenables, qui confiftent à manger & à boire; mais au lieu d'ufer de ces foulagemens, comme on ufe des remedes, feulement autant que la neceffité nous y contraint Vu iiij

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