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nous nous portons fouvent à en pren→ dre avec excès. Comme nous ne pouvons fortir des incommoditez de la faim & de la foif, qu'en paffant par la volupté qui accompagne l'ufage des alimens; cette volupté nous flate nous attire fouvent à elle, nous fait manger plus que nous n'en avons befoin & au lieu de foulager notre corps feulement autant qu'il eft neceffaire pour le conferver, nous fomentons notre convoitife; & après avoir donné à la neceffité ce que nous lui devions, nous donnons à la volupté ou tout, ou une partie de ce qu'elle nous demande.

:

2. Il en eft de même des autres befoins corporels; nous ne pouvons vivre fans dormir, fans nous chauffer & fans repofer. Ces fecours font neceffaires pour conferver notre fanté ; mais qui peut veiller affez exactement pour ne rien donner à la pareffe & à la moleffe? & qui de nous ne fe fait pas accroire qu'il a bien des befoins, qu'il n'a pas en effet, ou qu'il s'eft fait en s'épargnant, & en fe flatant foi-même.

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Tentations qui naissent des aufteritez indifcretes.

'Il n'y avoit danger d'offenfer Dieu que d'un côté, nous pourrions être en quelque affurance, en nous portant fans referve aux aufteritez de la penitence. Mais c'eft encore en cet endroit où nous trouvons des piéges. Si par un zele fans fcience & fans prudence, nous embraffons des jeûnes que nous ne pouvons pas fupporter; fr nous veillons & fi nous travaillons indifcrettement & au-deffus de nos forces, nous tombons bien-tôt dans des maladies qui nous abatent & qui nous troublent, & qui nous jettent dans l'impatience, qui nous obligent à de grands relâchemens, & qui nous font perdre tout le fruit de notre peni

tence.

Combien faut-il veiller fur foi-même? Et combien faut-il prier Dieu pour ne faire jamais ni trop, ni trop peu? Combien y a-t-il de peine à trouver ce jufte temperament dans tout ce que nous avons à faire, ou au

moins pour ne s'en éloigner pas beau-
coup? Spiritus Dei omnis immodici
temperator.

Tentation de la curiosité.

I nous confiderons le defir de fa

,

n'y a rien de fi louable. Nous n'avons de l'efprit & de la raifon que pour nous appliquer à la connoiffance de la verité, fans quoi notre ame demeure ftupide & aveugle. Il faut con-noître Dieu fi nous voulons l'aimer & le fervir, comme nous y fommes obligez; il faut connoître nos devoirs pour nous en bien acquitter; & il faut entrer dans le fond de notre cœur pour y regler nos paffions. Mais fous prétexte d'apprendre une fcience qui nous eft fi neceffaire, la concupifcence des yeux nous amufe fouvent à 1.Joan, mille inutilitez.Notre curiofité fi nous n'y refiftons, nous charge l'efprit d'une fcience qui ne fert qu'à enfler; & en nous promettant quelque nouvelle lumiere, elle nous égare en de vains raifonnemens, & au même-temps que nous penfons être fages & habiles,

2. 16.

1. Cor.

8. I.

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r

nous devenons infenfez aux yeux de Dieu, & toutes nos connoiffances comme celles des demons, ne fervent l'abus qu'à nous corrompre par que nous en faifons.

Cependant il ne nous eft pas permis de ne favoir rien, & de demeurer dans notre ignorance. Pour être des enfans de lumiere il faut connoître les voies de Jefus-Chrift; pour pratiquer les vertus dont nous avons befoin, il faut en avoir la connoiffance. Dieu menace ceux qui ne veulent point s'inftruire: c'eft donc fans doute un grand P. 34. mal de rejetter la lumiere dont nous L. Op. avons befoin; & faint Auguftin nous imperf." affure que celui qui ignore la juftice Jul. c. en viole neceffairement les regles.

Tout le monde fçait qu'il y a des fautes d'ignorance; elles peuvent être très grandes & très-mortelles : & le feul moien de n'y point tomber, ou de les réparer fi nous y fommes tombez, c'est d'avoir foin de les connoître.

Ofe. 4.6'

contr.

105. 1064

Math.237

V. 16. &

L'Evangile nous affure qu'il y a des conducteurs aveugles, & fi nous fommes aveugles comme eux, nous ne 24. manquerons point de les trouver, les fuivre & de tomber avec eux dans le precipice.

de

Combien devons-nous craindre un fi grand mal ? & avec quelle ardeur devons-nous nous adreffer à Jefus-Chrift, afin de recevoir de lui les lumieres qui nous font neceffaires, & que nous ne pouvons recevoir que de lui feul; il n'y a que ce maître divin qui nous puiffe enfeigner ce qui nous eft neceffaire pour notre falut, & qui nous puiffe cacher ce qui ne ferviroit qu'à nous perdre; il n'y a que lui qui nous puiffe apprendre à faire mourir nos paffions, & à les attacher à fa croix ; renoncer à nous-mêmes, à hair le monde, à détruire en nous l'ancien homme, & à nous revêtir du nou

veau.

Tentations qui fe rencontrent dans la focieté que nous avons les uns avec les

autres.

N

Ous avons encore fujet de gemir de ce qu'au lieu de rencontrer dans nos freres, dans nos proches, dans les perfonnes avec qui nous vivons,de bons exemples, des moyens de pratiquer toute forte de vertus, &

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