페이지 이미지
PDF
ePub

trouver fans avoir la robe nuptiale. C'eft la charité que cet agneau fans tache a pour nous, qui le preffe de nous convier à fes nôces; & il veut que nous y apportions une charité qui réponde à la fienne.

Galat. 2.

20.

35.

CHAPITRE V.

Quelles marques on peut avoir que l'on a la charité.

1.TL y a peu de perfonnes qui puiffent dire comme S.Paul; qu'ils ne vivent plus, mais que Jesus-Chrift vir Rom. 8. en eux; qu'ils font tellement unis à Jefus-Chrift, que rien ne les en peut & 16. féparer ; & que le Saint Efprit rend témoignage à leur confcience,qu'ils font les enfans de Dieu, fes heritiers & les coheritiers de Jefus-Chrift. Peu de perfonnes peuvent dire comme S. Auguftin: je vous aime, mon Dieu, & je fuis affuré par le témoignage certain de ma conscience, que je vous aime : Amo te, Domine, & certa confcientia fcio quia amo te.

Il y a peu de ces ames choifics, dit
S. Bernard, qui puiffent dire com-

16.

me l'époufe du Cantique: Mon bien. Cant. 2.. aimé eft tout eft à moi, & je fuis toute à Lui. Car pour parler avec tant de confiance, il faut qu'une perfonne n'aime rien que Dieu feul, & qu'elle l'aime de tout fon cœur. Il faut non

4. 13

feulement que Jefus-Chrift foit fa vie,' & qu'elle vive en Jefus-Chrift, & Jefus-Chrift en elle; mais qu'elle ait fait de grands progrès dans cette vie divine, qu'elle foit fortie de l'enfance, & qu'elle foit déja arrivée jufqu'à l'âge Ephef. d'un homme parfait, & jufqu'à la plenitude des graces de Dieu. Il faut que fon unique foin foit d'être toûjours en la prefence de Dieu, de le fuivre partout & de ne s'occuper que de lui; il faut qu'il ait une pleine volonté de faire en toute chofe la volonté de Dieu, & qu'il puiffe dire veritablement,qu'il Philip. peut tout avec le fecours de celui qui le fortifie. Il eft vrai qu'une ame qui eft en cet état, que Dieu même a rendu digne de fes plus grandes faveurs, & qu'il a fanctifié d'une maniere finguliere pour en faire fon épouse, a droit de fe glorifier, non en elle mais dans le Seigneur de qui elle a 4. 7. reçû tous ces dons...

3.

Il n'eft pas poffible que nous ne

4. 13.

2. Cor. 10. 17:

1. Cor.

nous affurions point de la préfence de Jefus-Chrift & de fon amour, quand il nous en donne des preuves certai nes; quand notre efprit s'ouvre d'une maniere extraordinaire pour entendre les écritures, & pour s'en édifier; quand nous fentons notre cœur s'échauffer par de faintes affections;quand prefque tout d'un coup nous fommes éclairez par des lumieres extraordinaires qui nous donnent l'intelligence des plus divins myfteres; quand il nous femble que le ciel nous eft ouvert, & & que les eaux celeftes du faint Efprit en defcendent pour inonder notre cœur, & pour nous faire goûter dans les entretiens fecrets que nous avons avec notre bien aimé, combien il eft bon à ceux qui l'aiment; il eft impoffible que nous ne reconnoiffions par toutes ces marques la préfence de notre époux, puifque ces richeffes toutes celeftes, & cette plenitude de benedictions ne fçauroient venir que de lui.

Il y a une telle correfpondance entre Dieu & nous, que nous ne le pouvons aimer ardemment fans avoir cette confiance, qu'il eft l'origine de fet amour. Si nous avons foin de lui

plaire, nous fentons que ce foin eft L'effet de celui qu'il a pour nous; fi nous veillons fur notre cœur pour le conferver pur, notre vigilance nous fait remarquer qu'elle ne nous ferviroit de rien fans Dieu, & que fi luimême ne veilloit fans ceffe pour nous, nous veillerions & travaillerions inutilement. Enfin, quelque chofe que nous faffions pour lui, il nous prévient en la faisant premierement en nous; & quelques indignes que nous foyons de fon amour, autant que nous l'aimons, autant nous fçavons qu'il nous aime, & autant nous nous fentons animez à l'aimer davantage.

Les perfonnes mêmes les moins avancées peuvent avoir quelques marques qu'elles aiment veritablement Dieu.

Quand de grands pecheurs après avoir long-tems gemi dans la fervitude de fatan, s'envoyent enfin délivrez, s'ils ont quitté leurs mauvaises habi-. tudes; s'ils haiffent ce qu'ils aimoient autrefois, & aiment ce qu'ils haiffoient; s'ils ont horreur des divertiffemens du monde, & que les exercices de pieté faffent toute leur joie ; s'ils font forts éloignez de tomber en au

[ocr errors]

cun peché mortel; s'ils s'occupent à toute forte de bonnes œuvres, felon leur condition; s'ils veillent fur leurs moindres fautes; s'ils ont une veritable faim & une ardente foif de la juftice, & fi ces bonnes difpofitions croiffent toûjours en eux; ces perfonnes ont un affez grand témoignage de leur propre confcience pour croire qu'ils font les enfans de Dieu, & qu'ils ont droit d'être nourris de fon pain; n'étant pas poffible de s'imaginer que de fi grands changemens ne foient pas l'effet d'une veritable & fincere charité.

Luc 24. 32.

[ocr errors]

Effet de la Sainte Communion.

I les Difciples qui alloient à Emaus, en la compagnie de JefusChrift, reffentirent très - vivement que fes paroles embrafoient leur cœur d'un feu extraordinaire: quel embrafement fe doit faire dans le notre lorfque non - feulement le verbe divin nous parle, mais qu'il devient notre nourriture, & qu'il habite en nous ? Le moyen de vivre de feu, fans en être confumé entierement, & fans être tout transformez en feu. C'eft

par

[ocr errors]
« 이전계속 »