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coup d'élévation & de délicateffe: il a perfectionné fa langue. Otway a fait POESIE, un grand nombre de pieces dramatiques. On tire de la foule l'Orphelin & Venife préfervée, dont on fait affez de cas. Les Anglois jouent aujourd'hui les pieces de Moliere, traduites en leur langue, & mifes au goût de la nation. En voulez-vous un exemple? L'Avare de Moliere eft d'une grande fimplicité: l'Avare de M. Fielding eft furchargé de nouveaux incidents, l'intrigue en eft plus compofée. Les Anglois, dit un bel efprit (i), ne s'accommodent point de ce qui eft trop facile à comprendre. Il faut donner par tout de l'exercice à leur raifon.

BALLET S.

UN

[N Ecrivain (k), qui a fait de bonnes recherches fur nos Théatres, croit que les Ballets ne furent d'abord que des Danfes figurées ; que des beaux efprits y ajouterent des vers qu'on réci

i) L'auteur du Pour & Contre.
k) M. de Beauchamps.

toit à la louange des Danfeurs, & qu'enPOESIE. fuite ces Récits furent dialogués, mis en mufique, & chantés. Bientôt on en fit de vrais fpectacles, dont on prenoit le fujet ou dans la Fable, ou dans les Romans. Alors les Danfes auparavant parties effentielles des Ballets, n'en furent plus que les Intermedes.

*

Pendant la jeuneffe du feu Roi, les Ballets, l'un des plus agréables accompagnements de la Comédie, furent portés à une grande perfection. M. de Benferade fit les vers qui s'y réciterent, vers d'une espece toute nouvelle, où les caracteres des perfonnes qui danfoient étoient confondus avec les caracteres des perfonnes qu'ils repréfentoient. On fent aifément quelle délicateffe exigent ces allégories, pour être ou piquantes fans fiel, ou obligeantes fans fadeur.

Les Italiens, excellents copiftes, réuffiffent aux ballets - pantomines. Ceux qu'on a vus à Paris, Pygmalion, Don Guichotte chez la Ducheffe, &c. y ont été fort goûtés.

POESIE

OPÉRA

S des allufionis, l'opéra charme les yeux
I le ballet plait à l'efprit par la fineffe

& les oreilles par la magnificence du
fpectacle, & par la beauté du chant.
Vouloir examiner ce poëme fuivant les
regles du Drame, c'eft s'expofer à pren-
dre le change & à porter un faux juge
ment: ce n'eft ni dans Ariftote, ni dans
Horace qu'on doit chercher des princi-
pes qui puiffent s'appliquer à un genre
de poéfie inconnu à Horace & à Ariftote.
Un opéra fera parfait, lorsqu'à d'excel-
lents accords on joindra une ingénieufe
varieté de changements de fcene & de
machines: ces chars, ces vols que fem-
ble dédaigner la févérité de la tragédie,
jettent ici le merveilleux, embelliffent
la fiction, & tiennent lieu de la vrai-
femblance.

On fait trop d'honneur à l'opéra quand on le fait venir des Grecs : il n'a pas une origine fi ancienne : ceux qui prétendent (1) que l'Edipe de Sopho

(1) Ferrari, l'Abbé Grayina, &c,..

cle fe chantoit d'un bout à l'autre fur POESIE. le théatre d'Athênes, comme l'Atys de Quinault fe chante fur le théatre de Paris, connoiffent mal la Mélopée des anciens. Chez les Grecs, c'étoit une fimple déclamation mélodieufe, qui avoit à la vérité différents modes, mais qui étoit bien différente du chant mufical: dans l'opéra la poéfie eft foumise à la mufique, & le muficien regle le poëte.

Les Italiens ont inventé ce genre de poëme, & c'eft l'abbé Perrin qui l'a introduit en France en 1659. Cefpectacle ne réuffit pas d'abord : les perfonnages de bouffons que Gilbert & Perrin y avoient employés par une imitation trop fcrupuleufe, déplurent infiniment. M. Quinault qui fucceda à ces deux poëtes, s'apperçut bientôt de leur erreur: il n'avoit pas eu un grand fuccès dans le Dramatique; mais il fut plus heureux dans le Lyrique du Théatre, qu'il porta à une grande perfection. M. Defpreaux (m), qu'on ne peut foupçonner de l'avoir flaté, reconnoît en lui un talent tout particulier pour faire des vers bons à mettre en chant. Quinault avoit de plus

(m) 3e. Réflexion fur Longin,

un penchant naturel pour la tendreffe,

& une facilité admirable à fe confor- POESIE. mer aux idées de Lully.

Il faut néanmoins avouer que fes plus beaux opéra n'ont pas manqué de cenfeurs on vouloit des images & des peintures dans une espece de poëme qui ne demande que des fentiments; ce n'eft que bien tard que l'on a compris que ce qui paffoit pour un défaut faifoit le mérite de fa poéfie.

pre

Les poëtes qui font venus après Quinault, ne l'ont fuivi que de loin. M. de Campiftron fit Acys & Galatée pour la fête que M. le Duc de Vendôme donna à Anet à M. le Dauphin: & cet opéra eut un fuccès affez heureux. Mais l'Achille, & l'Alcide, ou le triomphe d'Hercule du même poëte ne réuffirent pas. Iffé, paftorale héroïque, fut le mier ouvrage de M. de la Mothe; & la mufique de cette piece fut le coup d'effai de M. Deftouches. Le poëte, ainfi que le muficien, fe perfectionna dans la fuite. Le ftyle de M. de la Mothe peu correct dans Iffé, parut plus châtié dans l'Europe galante. M. Bouvard en 1702. donna fa medufe à la République des lettres, & peu de temps après il donna

1686.

1688.

1693.

1697.

1698.

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