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Art du temps de Pompée, & y publia un ouvrage qui peut donner quelque GRAMidée de la méthode de ces Grammai- MAIRE, LANGUES

riens.

Sous les Empereurs parut d'abord Apion d'Alexandrie, & l'un des premiers de fa nation, homme vain & grand parleur. Tibere appelloit ce Grammairien le tambour du monde, parce que fes difcours faftueux n'étoient que du vent (s). Le Médecin Galien, au rapport de Suidas, écrivit fur la langue greque, & Julius Pollux fit fon Onomafticon fous l'empire de Commode. Telephe, & Hepheftion montrerent le Grec à Lucius Verus (t): l'Empereur Julien l'apprit par regles: il le parloit purement: fa Cour n'étoit com pofée que de Grammairiens Grecs: cependant leur langue avoit dégénéré; ceux qui l'enfeignoient laiffoient le folide pour courir après le frivole, & s'occupant de queftions épineufes, ils ne cultiverent à la fin qu'une érudition obfcure. Le mauvais goût eft contagieux; il avoit auffi gagné les Romains:

(s) Plin. Præf. Hift. nat. Gell. Noct. Atti. lib. 5. cap. 14.

(t) Capitolin. Vit. L. Veri,

Tom. I.

B

il ne faut donc pas s'étonner fi sous GRAM- l'empire d'Adrien on écoutoit un ProMAIRE, lomée Chennus, & fi l'on faifoit quelLANGUES que cas d'un Léander Nicanor, d'un Diogénien & d'un Jafon: les Princes les plus polis traitoient favorablement ces Grammairiens; ils avoient l'équité de ne pas rejeter les défauts de ceux-ci fur l'art qu'ils profeffoient; d'ailleurs l'étude de la langue gréque étoit dès - lors le fondement de toutes les études, même pour les Princes.

A Conftantinople & dans tout l'Orient, le mêlange du latin, l'affoiblissement de l'empire, la décadence des Arts, firent un changement fenfible dans la langue greque. Ce fut encore pis depuis le feptieme fiecle de notre Ere juf qu'à la prife de Conftantinople. Il y eut néanmoins dans cet intervalle de temps d'affez bons Grammairiens, Héfichius, Suidas, les deux Tzetzes, & Euftathe Archevêque de Theffalonique, Commentateur d'Homere. Car depuis long-temps certains Grammairiens (on les appelle Philologues) s'attachoient à expliquer les anciens auteurs, à les cortiger, à les mettre au jour. Tels furent Pififtrate, Ariftarque & Zenodote, qui

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LANGUES

donnerent au public les Poëmes d'Homere après les avoir revus (u). Tels fu- GRA Mrent encore Eratofthene, de Cyrene; MAIRE, Aristophane, de Byzance; Athénée, de Naucrate en Egypte, auteur du Banquet des favants; Jean Stobée & plufieurs autres. Il y avoit beaucoup à apprendre dans leurs écrits: ils confervoient la belle littérature. C'est ce qui leur fit prendre le nom d'amateurs des belles lettres (x); & ils portoient ce nom dès le temps d'Augufte, puisque Vitruve, qui vivoit fous le regne de ce Prince, met Homere à la tête de ces amateurs des belles lettres (y).

Les Scholiaftes, qui faifoient une claffe féparée, avoient auffi leur utilité. Ils fixoient la tradition des anciens ufages & des coutumes: ils jetoient de grandes lumieres fur les textes, foit par les différentes leçons, foit par les citations de plufieurs auteurs qui font péris de- · puis. On peut rapporter à ces derniers temps l'invention des accents fi utiles

(u) Elien liv. 13 des diverfes Hiftoires, ch. 14. Euftathe, Préf. de fon Comm. fur Home

re

pag.
(x&eft ce que fignifie le nom de Philolo-

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pour bien entendre les Ecrivains Grecs: GRA M- Ceux qui voudroient les renvoyer à des MAIRE, temps plus reculés, feroient bientôt démentis par les Infcriptions & même par les anciens Manufcrits.

LANGUES

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Nous voici infenfiblement arrivés au renouvellement de la langue greque en Occident, où elle avoit été tout-à-fait inconnue pendant plufieurs fiecles. Vers la fin du quatorzieme, Emmanuel Chryfolore ayant été envoyé par Jean Paleologue pour demander du fecours aux Princes de l'Europe contre Bajazet qui En 1388. affiégoit Conftantinople, fixa fon fejour en Italie après la mort de fon maître & profeffa la langue greque à Venife, puis à Florence, & enfuite à Pavie fous la protection du Duc Jean Gallas (z). Guarino (a) encore fort jeune avoit étudié cette langue à Conftantinople fous Chryfolore, & l'avoit enseignée en Italie avant fon maître (b). De l'école de ces deux favants fortirent François Philelphe Efpagnol, Ambroife Moine de Colcheftre en Angle

( z ) Thevet

- liv. 2. ch. 45.

Vies des hommes illuftres,

(a) Il naquit en 1370. & mourut en 1460. (b) Maffei Verona illuftrata, part. z.

terre, François Barbaro &c. Dans la fuite, quand Mahomet II. prit Conf- GRAMtantinople tous les Grecs qui ai- MAIRE moient les beaux Arts fe refugierent en

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Italie, & y furent reçus avec diftinction par le célebre Laurent de Medi- En 1453.

cis.

Lafcaris après avoir dreffé la belle Bibliotheque de Florence, vint en France, & jeta à Fontainebleau les fondements de la Bibliotheque du Roi, & à Paris ceux du College Royal. Budé fon illuftre difciple, qui avoit contribué à ces deux établiffements, communiqua aux François le goût de l'érudition greque. Dès le commencement du feizieme fiecle, le College du Cardinal le Moine avoit d'habiles Profeffeurs de la langue greque. Le plus celebre fut Jean Evagre de Reims, fous lequel Jacques Amiot étudia cette langue: celuici de difciple devint bientôt maître; il eut une Chaire dans l'Univerfité de Bourges, par le moyen de Marguerite Soeur du Roi de Navarre. Le coup d'effai d'Amiot fut la traduction de Gree en François du Roman de Theagene & de Chariclée, fuivie peu de temps après de la verfion des Œuvres de Plutarque

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