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trance. Un favant de ce caractere (s); POESIE. malgré fa qualité d'éditeur (t), s'est avifé d'enlever au Poëte de Téos cette poéfie anacréontique que lui donnoit une longue fuite de fiecles. C'eft, dit-il, un amas de pieces qui viennent de différentes mains. Il étale pour le prouver affez d'érudition: mais un peu moins de doctrine, & un peu plus de goût fait aisément fentir qu'une fi parfaite uniformité de ftyle ne fauroit être l'ouvrage de plufieurs.

Archiloque (u) fit des Epodes, poëme licencieux où il déchira impitoyablement Lycambe & fa famille. Il étoit plus ancien que les Lyriques précédents : fes Hymnes lui firent beaucoup d'honneur ; & celle où il chanta les louanges d'Hercule, lui valut une couronne aux jeux olympiques [x]. S'il eft digne de louange d'avoir porté tout-à-coup à une trèsgrande perfection le genre de poéfie qu'il avoit inventé [y], il eft inexcufable de s) M. Pauvv.

Cette nouvelle édition des Odes d'Ana créon fut imprimée à Utrecht en 1732. (u) Fils de Téléficle de l'Ifle de Paros, contemporain de Gygés, Roi de Lydie.

(x) Recherches de M. l'Abbé Sévin fur Archiloque.

(y) Levers iambe, felon Velleius Paterculus, liv. I. ch. 10.

ne devoir cette invention qu'au dépit, & qu'à la rage [z]. Au jugement de Quin- POBSIE. tilien [a], Archiloque avoit une force d'expreffion extraordinaire, des pensées hardies, des traits vifs & perçants, un style plein de force & de nerfs.

Terpandre, Timocréon, & la favanté Praxile fe fignalerent par leurs Scolies. C'est le nom que les Grecs donnoient aux chansons de table, quand la voix étoit accompagnée des fons de la lyre. Et fans s'arrêter à des fujets communs & ordinaires, ils firent rouler leurs Scolies, ou fur la Morale, ou fur l'Hiftoire [b].

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La majefté de l'Ode s'accorde avec la gravité du Cothurne. Euripide fameux Poëte tragique célébra les victoires olympiques d'Alcibiade par une Ode, dont Plutarque nous a confervé un fragment [c]. Le Poëme lyrique déridoit même le front des Philofophes les plus aufteres. Empédocle fit une hymne en. honneur d'Apollon [d]. Socrate la

(z) Horatius de Arte Poëtica. (a) Inftit. Orat. lib. 10. cap. I.

(b) Mémoires de M. de la Nauze fur les chanfons de l'ancienne Grece, tom. 9. de l'Hiftoire de l'Académie des Belles Lettres:

(c) In Alcib.

(d) M. Bonamy, Recherches fur Empedocle

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POESIE.

veille de fa mort en fit une autre pour les enfants de Latone; & Ariftote avec les accords de fa lyre déplora la mort d'Hermias, Roi ou Tyran d'Atarne.

Long-temps après, & fous le regne de Ptolomée Philadelphe, parut le Poëte Callimaque : il a beaucoup écrit, quoiqu'il n'y ait que quelques hymnes qui foient venues jufqu'à nous. Timothée fe diftingua auffi dans le genre lyrique. Ce Poëte eft peu connu : nous favons feulement que le Muficien Pylade chanta aux jeux Néméens, célébrés l'an 205. avant J. C. les Perfes de Timothée [e]. Rien ne prouve mieux l'aviliffement où tomba dans les derniers temps la Lyre des Grecs, que l'abus qu'en fit Mefomede en célébrant l'infame Antinous: fa Muse follement récompensée par Adrien, & par Caracalla, s'attira le mépris & la jufte indignation du premier & du plus fage des Antonins.

Les Chrétiens releverent la poéfie lyrique de cet état de baffeffe, & la firent fervir à célébrer les louanges du ToutPuiffant, même par des chanfons de table: mais c'étoient des cantiques fpi

(e) Plutar. in Philopam

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rituels. Les Fideles, dit S. Clement ¶ Alexandrin, chantoient dans leurs re- POESIE. en buvant les uns aux autres ›› pas , ,, pour charmer leurs paffions, & pour louer Dieu des biens qu'il leur donnoit fi abondamment,, [f].

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Les Romains s'appliquerent fort tard Latins. à la poéfie lyrique: Horace, qui le premier leur en fit connoître les beautés, ne trouva perfonne qu'il pût imiter parmi les Latins; il chercha fes modeles chez les Grecs, & s'attachant à Anacréon & à Pindare, il réunit la force de l'un & la douceur de l'autre; ainfi il fe fit un caractere tout nouveau: il s'éleva avec dignité, fans rien perdre de fes graces, & heureusement hardi dans la varieté de ses figures, il charma l'oreille par la douceur de fes fons, & remplit l'imagination par la vivacité de fes images: fon jugement étoit fain, fa morale fans verbiage, fa poéfie fans fade encens (g); & les charmes innocents de cette délicieufe poéfie faifoient fouvent goûter les préceptes les plus importants, & les regles les plus folides d'une fublime Philofophie.

Il vivoit dans le deuxieme fiecle. (f) Stromat. lib. 6. (g) La Chartreufe.

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Horace ne laiffa point de fucceffeur POESIE. dans le genre lyriqué: Coefius Baffus du temps de Néron fit de vains efforts pour le rétablir; les efprits étoient alors rempants, abbatus & comme domtés par la fervitude; & ce poëme veut du grand, du merveilleux, & du fublime.

Quand l'amour des Lettres, qu'on peut appeller la paffion dominante du lezieme fiecle, eut entiérement banni l'ignorance des fiecles précédents, le Latin fut dans toute l'Europe la langue commune des favants: c'eft en cette langue qu'ils cultiverent la poéfie; ils s'étoient fans doute perfuadés que pour bien imiter les anciens, ils devoient emprunter leurs propres paroles, fans s'appercevoir que cet attachement fervile à la latinité éteignoit en eux ce beau feu, qui fait les Poëtes. C'eft ce qu'un habile critique [h] reprend avec beaucoup de raifon dans Vida, qui manque d'élévation dans fes hymnes, au jugement de Scaliger [i],

George Fabrice, quoique couronné fuivant la coutume, par l'Empereur Maximilien II. n'eft pourtant louable que

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(h) Rapin, Réflexions fur la Poétique.
(i) Poetic. lib. VL

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