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DISSERTATION

SUR

LA LITTÉRATURE

POUR

SERVIR D'INTRODUCTION

A L'HISTOIRE DES BELLES LETTRES,

Ingenuas didiciffe fideliter artes

Emollit mores, nes finit effe feros. Ovid.

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DISSERTATION

DISSERTATION

SUR

LA LITTÉRATURE

L

A République des Lettres n'eft ni renfermée dans un pays limité, ni refferréé dans le court espace de quelques fiecles; elle étend fa domination fur tous les Peuples policés ; elle étend fa durée dans la fuite de tous les âges, & née avec les Lettres, elle ne fauroit finir que par l'entier ánéantiffement des Lettres.

Dans cette République ce n'eft ni la naiffance, ni les richeffes, ni les dignités les plus éminentes qui reglent

Tome I.

é

les rangs c'est le mérité & le favoir qui difpofent fouverainement des places. Les divers talents font les tréfors de cet État : & de ces divers talents émanent différents ouvrages qui ont tous la beauté pour objet, & pour but l'utilité publique & le bien de la fociété.

La beauté eft la même dans ces ouvrages de l'efprit & dans ceux de la nature; & cette beauté confifte dans un jufte rapport que les parties d'un tout ont entr'elles, & avec leur tout. L'idée de ce rapport vient du Créateur, qui l'a profondément gravée dans le fond de notre être & a mis en nous un goût pour la proportion, qui devroit nous faire connoître qu'en tout nous fommes nés pour l'ordre (a). C'est par cette idée intérieure du beau que nous jugeons des ouvrages des hommes ; & ces ouvrages nous plaifent ou nous

(a) S. Auguftin. lib. de Ordine, cap. z

déplaifent, felon qu'ils font plus ou moins conformes à ce modele, fans que nous puiffions toujours marquer précisément ce que nous y trouvons de beau ou de défectueux.

Ne cherchons donc la caufe de nos jugements que dans ce fentiment que nous apportons en naiffant, dans ce goût qui nous fait defirer & connoître le beau. Ce goût eft commun à tous les hommes; il ne manque pas même à ceux qui n'ont point de Lettres, s'ils ne font tout-à-fait Atupides: il eft, à la vérité, bien confus: mais l'étude le développe le fortifie, & le perfectionne. De cette notion générale de la beauté. venons à celle qui eft propre à cha→ que partie de la Littérature, à l'E, loquence, à la Poéfie, & à PHif

toire.

N'en doutons nullement. Il y a une beauté réelle dans l'Eloquence fes différentes efpeces aboutiffent à Punité & tous ceux qui ont excel

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