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Il y avoit encore des machines de guerre qui demandent à être connues, tant pour leur forme que pour leur effet; telles font la baliste, la catapulte, le bélier, la tortue, l'agger, la galerie, les chars fimples, les chars armés de faulx, les tours pour les fiéges, & enfin les tours portées fur les Elephants.

Je vais dire un mot fur chacune de ces armes pour en donner une idée générale; & je me referve à entrer dans de plus grands détails dans le cours de cet Ouvrage.

Les armes des Anciens avoient un effet plus confidérable que nous ne l'imaginons. Le but dont se servoient dans leurs exercices les Frondeurs & les Archers, étoit, felon Végéce, une élévation de gazon qu'on atteignoit de fix cents pieds de diftance; ce qui valoit bien deux cents de nos pas. Les Frondeurs lançoient des pierres & des balles avec tant de roideur, qu'elles fracaffoient les cafques & les armures. Les meilleurs Frondeurs de l'univers fe trouvoient parmi les habitants des îles Baléares, aujourd'hui Majorque & Minorque; ces peuples s'exerçoient à cet art dès leur plus tendre jeuneffe; & les mères ne donnoient à déjeûner à leurs petits enfants, que lorsqu'ils l'avoient abbattu à de fronde d'un but où on le plaçoit exprès.

coup

Les fléches étoient les armes de jet les plus ordinaires & les plus commodes. On en avoit une quantité dans un carquois, efpéce de boîte de cuir ou de bois, que les Soldats portoient derrière le dos. Ces fléches fe faifoient d'un bois léger, armé à une de ses extrémités d'un fer aigu & triangulaire, & à l'autre, de plumes courtes placées des deux côtés

B

Fronde,

Flèche.

L'Arc.

Javelot ou Dard.

Pique.

Javeline.

Masse d'armes.

du bois pour diriger la fléche dans fa course & la foutenir dans les airs.

Les arcs qu'on employoit pour décocher les flèches étoient de corne ou de bois très-élaftique, & la corde qui fervoit ordinairement à les tendre, de boyau; la portée d'une fléche alloit ordinairement à fix cents pieds, & il y avoit des Archers fi adroits, qu'ils étoient prefque fûrs de toucher toujours le but.

Le javelot ou le dard, arme plus longue, plus lourde que la fléche, lancé d'un bras vigoureux, acquéroit par fon propre poids assez de force pour percer & enfoncer ce qu'elle rencontroit devant elle; fa portée n'étoit pas fi grande que celle de la fléche; le javelot n'alloit guère qu'à 225 pieds; mais il avoit un effet terrible; Philopémen eut à la bataille de Sellafie les deux cuisses percées de part en part, & attachées enfemble d'un feul coup de javelot. Le javelot avoit un fer aigu, emmanché au bout d'un bois long de trois pieds, & d'un pouce de diamètre.

La pique bien plus longue que le javelot, ne servoit guère qu'au commencement du combat.

La javeline étoit une espèce de lance forte & pefante à l'usage de la Cavalerie.

La maffe d'armes ou maffue, avoit un manche de bois affez court, armé à une de ses extrémités d'une maffe fort lourde, ordinairement arrondie, & garnie de pointes de fer; il y en avoit de plufieurs efpéces, toutes fort meurtrières, & dont le but étoit d'affommer l'ennemi. On peut en voir une belle collection à la falle d'armes de Chantilli.

La lance étoit une arme de Cavalerie; le bois avoit la figure de deux cônes joints ensemble à leur bafe; à l'endroit de cette jonction étoit la poignée beaucoup plus mince que le refte du bois; le plus long des cônes faifoit proprement ce qu'on appelloit l'arme. Cette portion, étoit garnie d'un large fer; lorfque,dans l'action du combat, la lance fe rompoit à la poignée,, le Cavalier prenoit en main le tronçon qui lui reftoit, en tournant vers l'ennemi l'autre bout de la lance, qui étoit pareillement armé d'un fer, mais moins fort, & s'en fervoit en brandiffant.

Les cafques, les cuiraffes, les boucliers, les armures complettes étoient des armes défenfives dont on se couvroit pour éviter les traits & l'effet des armes offenfives de l'ennemi; on faifoit ordinairement ces armes d'airain' ou fer. Leurs différentes parties réunies artistement par des articulations, laiffoient au corps' l'usage de ses membres. Le cafque fervoit à garantir la tête; la plûpart avoient une visière ; c'étoit un morceau de fer qu'on levoit pour refpirer plus aisément, & qu'on baiffoit lorfqu'on étoit près de l'ennemi. Les braffards défendoient les bras. Les gantelets les mains. La cuiraffe le corps. Les cuiffards les cuiffes. Les bottines les jambes.Les boucliers étoient des plufieurs formes & grandeurs; ils fe portoient au bras gauche, & fervoient à parer les flèches, & les coups d'épées

ou de fabres.

Les armes varioient infiniment, & la forme pour & pour l'ufage chez plufieurs Peuples. Quelqu'uns étoient armés de toutes piéces ; d'autres ne l'étoient

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que pardevant, afin qu'on trouvât plus de danger à tourner le dos à l'ennemi qu'à lui faire tête.

Les cottes de mailles étoient des efpéces de chemises tissues de mailles de fer, qui prenoient facilement le mouvement & la conformation du corps; cette armure plus légère & plus commode que l'autre, étoit chez plufieurs Peuples, celle de la Cavalerie; j'en ai vu plufieurs à Chantilli. J'ai été étonné de la perfection & de la délicateffe de cet ouvrage; elles ont l'air d'être tricotées, & certainement on auroit de la peine aujourd'hui à en faire de pareilles.

Les chevaux étoient auffi couverts de fer; la partie de l'armure qui défendoit leur tête, s'appelloit chamfrein, & l'armure entière s'appelloit barde. Un cheval ainsi équipé, se nommoit cheval bardé.

Les élephants font des animaux monftrueux pour la groffeur & la force, dont plufieurs Peuples de l'antiquité fe fervoient pour porter le défordre & le carnage dans l'armée ennemie; ces animaux accoutumés à ce cruel exercice, enfonçoient des rangs entiers, fouloient aux pieds les malheureux qui ne pouvoient les éviter les déchiroient avec leurs défenfes, ou les ; élevoient en l'air, & les jettoient à perte de vue avec leur trompe. Cette efpéce d'arme étoit fort en ufage dans l'Inde, d'où elle paffa chez les Rois d'Afie, de là chez les Grecs, les Carthaginois. Les Romains finirent auffi par en avoir. Le nombre des élephants traînoit à la fuite des armées étoit prodigieux. On en avoit quelquefois jusqu'à trois cents. Ordinairement on les plaçoit en première ligne, & c'étoient eux qui commençoient le combat.

qu'on

Tours portées

Le grand Cyrus imagina de faire construire des tours légères qu'on attachoit fur le dos de chaque élé- par les élephants. phant. Cinq à fix hommes, placés dans ces tours, conduifoient ces animaux au combat, & lançoient des traits fur les ennemis.

Ce même Prince imagina auffi des chars armés de faulx, & qui, lancés dans les rangs ennemis, causoient le plus grand défordre. Ces ufages prévalurent longtemps, & furent reçus chez la plupart des Peuples de l'Afie ; mais plufieurs inconvénients horribles qui réfultoient néceffairement du défordre & du tumulte qu'ils occafionnoient dans une affaire, les firent supprimer peu-à-peu.

L'art de la guerre s'étant perfectionné, on fongea à fortifier les places, pour les rendre des afyles furs contre l'ambition & la force; mais la foif de la gloire & des conquêtes fit bientôt imaginer des moyens de détruire ces ouvrages, que le défir de conferver la liberté avoit fait inventer. On oppofa le génie au génie, des machines à des machines. De-là l'invention de la tortue, du bélier, des galéries, &c.

On distinguoit trois efpéces de tortues; l'une s'employoit dans les combats, & les deux autres dans les fiéges; la première étoit une ordonnance serrée qu'on faifoit prendre à des troupes de première ligne. Les Soldats du premier rang, armés de longs boucliers, s'en couvroient tout entiers ; ceux des rangs plus éloignés mettoient les leurs fur leurs têtes; tous ces bou-cliers bien ferrés, bien unis, formoient une masse prefque impénétrable, & qu'on avoit toutes les peines

Chariots armés

de faulx.

Première cfpéce

de tortue.

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