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ne les ont pas confultés. Si M. Ludolf, en voulant expliquer ce qui regarde l'Eglife d'Ethiopie, avoit lu quatre ou cinq Auteurs Orientaux qui lui étoient inconnus, il auroit trouvé de quoi mieux éclaircir fa matiere que dans les citations innombrables de livres frivoles dont il a rempli fon hiftoire & fon commentaire.

Dans l'éclairciffement de l'affaire de Caryophylle, on n'a pu démêler entiérement ce qui regardoit Théophile Corydale; & par rapport à ce qui est marqué dans une lettre de M. de Nointel, inférée dans la Perpétuité, il y avoit fujet de croire que Corydale & Caryophylle pouvoient avoir été confondus; puifque toutes les circonstances conviennent mieux à ce qui regarde le dernier; qui avoit néanmoins appris de l'autre les opinions qui furent condamnées fynodalement par le Patriarche Callinique. On fait d'ailleurs que Corydale étoit un libertin, & un homme fort fufpect en la foi: mais il ne fe trouve aucun détail de ce qui le regarde. Il est cependant difficile de douter qu'il n'eût fait quelques Ecrits pour attaquer la créance commune de l'Eglife Grecque fur l'Euchariftie. Car quoique Dofithée n'en parle pas, non plus que Mélece Syrigus dans la Réfutation de Cyrille Lucar, il y a un petit Traité imprimé à Rome en 1640 qui femble le marquer. Il eft intitulé: Deux difcours de Jean André Staurinos Chiote, Grand Bibliothécaire de la grande Eglife touchant la Trans fubftantiation, contre Corydale le Calvinifte (a). Mais l'Auteur ne nous apprend aucune circonftance de ce qui donna lieu à la compofition de cet Ouvrage, & il ne paroît pas qu'il réfute aucun Ecrit; car il n'en rapporte point de texte. Quoi qu'il en foit, les Grecs ne le connoiffoient guere; puisque tout ce qui en eft dit dans l'hiftoire de la procédure, tenue contre Caryophylle, eft que dans un des premiers Ecrits qu'il répandit, Dof. cont. Caryoph. il marquoit qu'il l'avoit fait y étant excité par fon Maître Corydale. Il peut donc encore refter quelques éclairciffements fur cet article, quoiqu'ils ne puiffent être que de pure curiofité; puifque comme on fait que Corydale avoit les mêmes fentiments que Caryophylle, & qu'ils ont été condamnés dans celui-ci, ils n'ont pas été moins condamnés dans le Maitre que dans le Disciple.

On n'a pas parlé de Zacharie Gergan, Grec vagabond, qui fe difoit Evêque de Larta, dont les Proteftants ont publié un ouvrage tout Calviniste & très-méprisable, que néanmoins Jean Matthieu Caryophylle Archevêque d'Iconie réfuta prefque auffi-tôt. C'est que Syrigus, Dofithée, & tous les autres Modernes, n'ont eu aucune connoiffance ni du livre

(α) Περὶ μετασιώσεως λίγοι δύο κατὰ Κορυδαλα τι Καλβινολάτρα. Ιω. Ανδρία Σταυρίνα τα χία καὶ μεγάλα βιβλιοθηκαρία της μεγάλης εκκλησίας.

P. 74.

ni de l'Auteur; ce qui fuffit pour prouver le peu de cas qu'on en doit faire. On doit encore plus méprifer deux ou trois miférables dont on n'a jamais oui parler que dans les Livres de M. Claude, ou dans ceux de M. Smith, qui n'a pas eu honte d'opposer à Gennadius, Gabriel de Philadelphie, Syrigus, Grégoire Protofyncelle, & à trois Synodes, le témoignage d'un prétendu Archevêque de Samos, qui paffa ici il y a plus de trente ans, & qui fut reconnu pour un fourbe & un ignorant.

Les Auteurs qui font cités dans la Perpétuité, & que nous citons dans cet ouvrage, font d'un caractere bien différent, puifqu'ils font auffi connus de toute la Grece que les autres étoient inconnus. On en a une preuve bien certaine par la Sentence Synodale de 1694, contre Caryophylle, où tous ces Auteurs font nommés avec éloge comme de véritables Grecs qui ont fidellement expofé la doctrine de leur Eglife, & qui font regardés comme les Docteurs de ces derniers temps, & cela vingt ans après les premieres Atteftations, fans que les Miffionnaires ni les Ambaffadeurs s'en mêlaffent, & qu'ils en euffent aucune connoiffance.

A l'occafion de la Collection de quelques-uns de ces ouvrages imprimée en 1709, il eft néceffaire d'avertir les Lecteurs, que quelques-uns de ceux qui en ont fait l'Extrait, ont donné à cette Collection une origine entiérement fauffe, fondée fur les anecdotes de M. S. qui font très-fufpectes à ceux qui ont connoiffance des faits qu'il allegue fouvent, & où sa mémoire le trompe. On dit qu'il fe forma le projet utile de faire un Recueil de ce que les Auteurs Grecs & féparés de la Communion de l'Eglife Romaine ont écrit fur l'Eucharistie avant le temps de Cyrille, ·qui devoit s'intituler Græcia Schifmatica, que M. Arnauld défapprouva fort le deffein de M. S. & que ce que j'ai donné au public en 1709, ayant été fait premiérement fous la direction de M. Arnauld, eft par conféquent tout différent. Ce que je puis affirmer très - certainement eft que jamais M. Arnauld n'a pu approuver ni défapprouver le deffein de M. S. touchant cette prétendue Grece fchifmatique; puifque jamais il n'en a oui parler, & qu'il n'étoit plus en France lorfqu'on en parla: & ce fut à cette occafion. M. S. avoit réformé entiérement fon Hif toire critique du Vieux Teftament, fur les cenfures de feu M. PEvêque de Meaux: il en avoit retranché tout ce qui fcandalifoit les Catholiques, & même les Proteftants; & j'avois été en tiers à plufieurs conférences qu'il y eut fur ce fujet. M. de Meaux voulant lui rendre service, me dit qu'il falloit occuper cet efprit, & lui propofer quelque ouvrage de longue haleine, en lui donnant en même temps une penfion. Je propofai de l'employer à traduire & à faire imprimer plufieurs Traités

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des Grecs fchifmatiques contre les Latins, parce que nos Théologiens ne favent ordinairement pas les principaux raisonnements ni les autorités dont les Schifmatiques fe fervent, dans les points fur lefquels on difpute avec eux depuis fi long-temps. M. de Meaux & feu M. l'Archevêque de Rheims auquel j'en parlai auffi, parce qu'il avoit alors la direction de la Bibliotheque du Roi, & de ce qui regardoit les lettres, entrerent dans ma pensée, & me chargerent de la propofer à M. S. qui s'en excufa. Plufieurs années après, je fus bien étonné d'apprendre dans fes Lettres imprimées un fait auffi nouveau que celui de ce deffein. S'il l'a eu, il l'a tenu fort fecret, & il ne l'auroit pas exécuté de la maniere dont on le fuppofe. Car il n'y auroit pas mis Cabafilas, qui eft imprimé dans la p. 866. Bibliotheque des Peres, auffi bien qu'un petit Traité de Marc d'Ephese, ouvrages qui ne font point rares, non plus que celui de Jérémie, qui est auffi imprimé dès 1584; encore moins Gennadius, ni Melece Piga, qu'il n'avoit pas, non plus que Siméon de Theffalonique dont on ne favoit pas alors que les ouvrages fuffent imprimés en Moldavie : ni Agapius, qui n'a pas fait un Traité Théologique, mais un recueil de miracles, où il y en a quelques-uns fur l'Euchariftie. Quand on ajoute qu'on pourroit s'en rapporter à lui fur d'autres petits ouvrages encore plus rares, les lecteurs en jugeront, puifqu'il n'en a cité aucun que des imprimés, ou ceux qu'avoient les Auteurs de la Perpétuité & qui lui furent prêtés.

Ma Collection n'a jamais été faite fous la direction de M. Arnauld, mais fous celle de feu M. de Meaux, & de feu M. l'Archevêque de Rheims, qui l'avoient eue entre les mains manufcrite, long-temps avant l'impreffion : & fi je ne me fuis pas preffé de la faire, le public n'y a pas perdu, puisque j'ai eu lieu d'y ajouter plufieurs chofes qui nous étoient inconnues il y a quelques années. On ne prétend point ôter la gloire à perfonne, & on a rendu justice à M. S. fur fon Livre de la créance des Grecs, où il réfute M. Smith affez folidement: mais on eft fort éloigné de déférer à sa Critique fur les Atteftations, qui fe trouvera examinée dans cet ouvrage, & encore moins à plufieurs faits répandus dans fes Lettres, fur lefquels on eft très-affuré qu'il s'eft trompé.

On trouvera au commencement de ce Livre une vignette qui n'a pas été faite au hafard, puifqu'elle eft copiée des mignatures qui font à la tête de l'Atteftation que Denys Patriarche de Conftantinople envoya au Roi en 1672. Cette repréfentation eft affez ordinaire dans les Eglifes Grecques, comme le témoigne Dofithée dans le Synode de Jerufalem. Il est étonnant, dit-il, que les hérétiques n'aient pas vu Jefus Chrift re- p. 137. présenté sous l'hémicycle du Sanctuaire, en la figure d'un enfant dans le

difque facré car ils pouvoient reconnoître que comme les Orientaux repréfentent au dedans du disque, non pas la figure ni la grace, ni aucune autre chofe, mais Jefus Chrift même, ainfi ils croient que le pain de l'Eucbariftie, n'eft pas autre chofe, mais qu'il eft fait fubftantiellement le corps même de Jefus Chrift.

L A

PERPÉTUITÉ DE LA FOI

DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE

TOUCH AN T

L'EUCHARISTIE.

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

Juftification générale de la méthode de la Perpétuité, par rapport au confentement des Grecs & des Orientaux.

Liv. I.
CHAP. I

Depuis que le dernier Volume de la Perpétuité de la Foi a été donné Les Calvi

n'ont op

nes contre:

au public, jufqu'à ce dernier temps, les Calviniftes, perfuadés que le niftes Miniftre Claude avoit pleinement réfuté cet excellent Ouvrage, ne l'ont pofé que attaqué qu'indirectement, fans employer aucunes nouvelles preuves, mais des chicafeulement celles qui leur avoient été fournies par ce Miniftre. Quelques la Perpélouanges que lui aient donné ceux de fon parti, il n'en a jamais reçu tuité, par aucune fur la maniere dont il avoit traité un des principaux points de la ticuliéredifpute, qui eft la conformité de créance & de difcipline des Eglifes Claude Orientales, avec l'Eglife Romaine touchant l'Euchariftie. Il étoit ailé de reconnoitre fans beaucoup d'érudition, que ce fameux défenfeur des Eglifes Prétendues Réformées, n'avoit oppofé à des preuves de fait que des chicanes, & des fauffetés infoutenables, & que l'Eglife Grecque, telle

ment M.

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